La consistance de l’histoire

Alors que Hans Joas ausculte la fabrication théorique et philosophique du désenchantement et de la sécularisation pour mieux en mesurer les limites et dessiner de nouvelles perspectives, cet article revient, à travers une enquête historique de terrain, sur les motivations des sécularisateurs, aux prises avec l’Église et les clergés. Pourquoi ont-ils voulu déloger le sacré, dans sa forme chrétienne, des espaces collectifs que sont par exemple l’éducation, l’État ou le cimetière ? L’histoire culturelle du XIXe siècle, à travers des cas précis et une documentation d’archive, permet une plongée dans les logiques contradictoires qui président au processus de sécularisation ; elle fournit un contexte aux théorisations de Max Weber et Ernest Troeltsch. While Hans Joas examines the theoretical and philosophical fabrication of disenchantment and secularization in order to better measure its limits and draw new perspectives, this article returns, through a historical field investigation, to the motivations of secularizers, who were at odds with the Church and the clergy. Why did they want to dislodge the sacred, in its Christian form, from collective spaces such as education, the State or the cemetery? The cultural history of the 19th century, through specific cases and archival documentation, allows a better understanding of the contradictory logics that preside over the process of secularization, giving a context to the theorizations of Max Weber and Ernest Troeltsch.