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Chapitre 1. Introduction

Authors :
Colardelle, Michel
Verdel, Eric
Rougier, Henri
Andru, Olivier
Moyne, Jean‑Pierre
Publication Year :
2022
Publisher :
Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2022.

Abstract

D’origine glaciaire, le lac de Paladru, proche du massif préalpin de Chartreuse, s’étend à 500 m d’altitude parmi de hautes collines morainiques, dans la région orientale des Terres Froides. Cette contrée, aux sols lourds et caillouteux, donc d’une fertilité modeste, possède un climat continental de type plutôt septentrional, marqué par des précipitations annuelles abondantes (1160 mm en moyenne), et une exposition ventée qui la rendent relativement inhospitalière une grande partie de l’année. Majoritairement couverte de forêts, de taillis et d’herbages, elle a traditionnellement été dévolue à une économie agropastoraie dans laquelle l’élevage bovin prédomine. Cependant, depuis le Moyen Age, la vallée de la Fure (émissaire du lac) a connu le développement d’une métallurgie très active et de haute qualité, favorisée par les ressources hydromotrices, l’abondance du bois, la proximité du minerai de fer de Chartreuse ainsi que du débouché fluvial de l’Isère. Historiquement le lac de Paladru est longtemps resté à l’écart des grands mouvements de peuplement. Temporairement occupées au Néolithique final (village des Baigneurs) vers 2750 av. J.‑C., ses rives ne furent que discrètement fréquentées à l’époque romaine, probablement en raison de la relative ingratitude des sols et de l’éloignement des principales voies de communication. Il en ira de même pendant le haut Moyen Age où le terroir appartiendra, sans doute à partir du IXe siècle, au « comté » ou « pagus » de Sermorens dont le centre du pouvoir s’établira à Voiron, à une quinzaine de kilomètres de distance, à l’emplacement même d’une vaste villa gallo‑romaine du Haut Empire. Vigoureusement disputée entre les archevêques de Vienne et les évêques de Grenoble dès la fin du xie siècle, cette entité territoriale est démembrée et partagée par un arbitrage pontifical (bulle de 1107). Parmi les vingt‑deux châtellenies qui la constituaient sont mentionnées celles de Paladru, Virieu et Clermont, qui échoiront à l’archevêché de Vienne. Ce texte, le premier à faire explicitement référence à Paladru, établit formellement l’existence antérieure de seigneuries aux abords du lac. Leur constitution, autour des mottes castrales qui apparaissent dans les années 1040‑1050, fait donc suite à l’abandon des habitats fortifiés littoraux, entre 1030 et 1040. Mais l’extrême rareté des sources écrites pour cette période ne permet pas d’éclairer les circonstances de l’apparition des premiers lignages châtelains que l’archéologie seule peut documenter. L’emplacement de certaines stations « lacustres » est connu depuis fort longtemps et les historiens régionaux des xvie et xviie siècles les ont parfois mentionnées. D’autre part la tradition populaire locale fait abondamment état d’anciennes « cités » autrefois submergées. Mais c’est dans la seconde moitié du xixe siècle que débutent les premières investigations scientifiques, bientôt suivies de sondages sur le site des Grands Roseaux à Paladru. Ces travaux permettent de découvrir de nombreux objets en bois ou en fer ainsi que de la céramique, qui sont datés de l’époque « carlovingienne ». Cependant les premiers inventeurs pensent encore que les pieux enfoncés dans la craie servaient à soutenir des plates‑formes surélevées et interprètent les groupements de pilotis comme des vestiges palafittiques. Les deux sites charavinois, Les Baigneurs et Colletière, ne sont identifiés qu’au début du xxe siècle par Hippolyte Müller. Ce dernier effectue quelques observations sur l’habitat médiéval et le suppose, avec raison, contemporain des Grands Roseaux. En 1971, un projet d’aménagement du littoral menaçant à la fois le site néolithique et le site médiéval, des fouilles de sauvetage sont simultanément engagées. Le chantier de Colletière reste doté de moyens financiers limités jusqu’en 1986, date à partir de laquelle il bénéficie d’une autorisation pluriannuelle du ministère de la Culture et de la signature d’une convention associant l’Etat, le département de l’Isère et la ville de Grenoble, assorties de subventions permettant une exploitation systématique. Parallèlement, dès 1985, le Programme pluriannuel en sciences humaines Rhône‑Alpes finance les recherches de paléoenvironnement. Les sites subaquatiques offrent l’intérêt, grâce à la remarquable conservation des vestiges organiques ordinairement détruits sur leurs homologues terrestres, de recéler une documentation archéologique exceptionnellement riche. Colletière présente au surplus la particularité de n’avoir connu ni occupation postérieure à l’an Mil ni modification importante des conditions de gisement. Il méritait donc que fussent mises en œuvre des techniques d’exploitation appropriées. Après quelques années consacrées, en commun avec les préhistoriens qui exploraient le village voisin des Baigneurs, à la mise au point de méthodes de fouille adaptées au milieu, la procédure a été progressivement déterminée. Lorsque la bathymétrie est suffisamment haute, les plongeurs installent dans la zone choisie un châssis métallique triangulaire de 5 m de côté, placé en fonction du carroyage général du site. Chaque grand triangle est subdivisé en 25 petits triangles métriques qui constituent l’unité de fouille et de prélèvement à partir de laquelle tous les comptages et cartes de répartition seront établis. Des colonnes sédimentaires sont préalablement extraites en plusieurs points pour connaître l’aspect de la stratigraphie et permettre des analyses sédimentologiques en laboratoire. Les couches archéologiques sont prélevées manuellement et récupérées en totalité dans des seaux dont le contenu sera ultérieurement tamisé. Pour améliorer la visibilité, le plus souvent très médiocre, un système de pompes électriques crée un courant d’eau artificiel qui éloigne les particules en suspension. En période d’étiage il est parfois possible de fouiller à sec sur la partie haute de la station. Les méthodes alors utilisées restent identiques mais on peut ouvrir simultanément de plus grandes surfaces et les spécialistes du paléoenvironnement effectuent eux‑mêmes les prélèvements complémentaires qu’ils jugent utiles. Les observations de terrain et les interprétations qui en découlent atteignent dans ce cas une incomparable qualité. Le traitement du sédiment archéologique comporte plusieurs étapes : tamisage à l’eau selon différents maillages, récupération des objets entiers ou fragmentaires non repérés en fouille, tri pétrographique et pesage des galets, des fragments d’argile cuite et des charbons de bois, récolte exhaustive des paléosemences ou macrorestes végétaux, des ossements de la faune terrestre ou aquatique. C’est aussi à ce stade que sont inventoriés, numérotés puis conditionnés les objets avant leur départ pour les laboratoires d’étude ou de traitement. Paladru lake, of glacial origin, is near the great Alpine upland of Chartreuse, rising to 500 metres amid the morainic mountain in the eastern region of Terres Froides. Heavy and stoney, the soil is largely infertile, and with a continental septentrional climate marked by heavy rainfall (an annual average of 1160 mm) and high winds, the region is relatively inhospitable for much of the year. The area mostly covered by forests, coppices and pasture land, resources traditionally devoted to an agropastoral economy dominated by cattle‑raising. Nevertheless, since the Middle Ages, Fure valley (an emissary of the lake), has seen the development of an active and high‑quality metallurgical industry, which has benefitted from nearby hydraulic power resources, an abundance of wood, and the proximity of Chartreuse’s iron ore. Historically Paladru lake, for a long time, remained apart from the great settling movements. There were temporary settlements in the late Neolithic era, circa 2750 BC (notably Baigneur’s village), but in general its banks were only sporadically settled during the Roman period, probably due to the inhospitable nature of the soil and its distance from the main communication routes. Such was the case even during the late Middle Ages when the region belonged, from the 9th century on, to the earldom or pagus of Sermorens who established a centre of power in Voiron, 15 kilometres away in the same place as a vast gallo‑roman villa of the Early Roman period. This territorial entity dismembered in 1107, when, its ownership having been hotly disputed by the archbishops of Vienne and the bishops of Grenoble since the end of the 11th century, it was partitioned by Papal arbitration. Of the twenty‑two castellanies that made up the territory, Paladru, Virieu, and Clermont were among those given to the archbishopric of Vienne. This text, the first to make explicit reference to Paladru, formally established the prior existence of the lakeside seigneuries. Their construction around the mottes, which appeared in the years 1040‑1050, hence follows the abandon of the lakeside fortified settlements, between 1030 and 1040. The paucity of written sources about this period, however, makes it impossible to elaborate on the circumstances surrounding the emergence of the first castellan lineages, which archaeology alone can properly document. The location of a few lacustrian stations has long been known ; regional historians of the 16th and 17th centuries sometimes mentioned them. Local popular traditions also speak of ancient “cities” submerged in the past. It was only in the second half of the 19th century, however, that the first scientific investigations began. These were soon followed by surveys on the site of Grands Roseaux at Paladru. These surveys uncovered a number of wooden, ceramic, and metal artifacts dating from the "Carlovingian” era. However, the first researchers still believe that the stakes driven into chalk served to support elevated platforms and interpret the groups of piles as vestiges of lake dwellings. The two sites at Charavines, Baigneurs and Colletiere, were not identified until the beginning of the 20th century, by Hipppolyte Muller. He made some observations about the medieval settlements, and believed them, quite logically, to be contemporaneous with Grands Roseaux. In 1971, a lakeside development project threatened both the Neolithic and Medieval sites, so rescue excavations were launched. Colletiere field received limited funds until 1986, when it began to benefit from a multi‑year authorization from the Ministery of Culture and from the signing of an agreement by the State, the Isbre Department and the Town of Grenoble which provided funding to permit a systematic analysis. Similarly, since 1985, "the Programme pluriannuel en sciences humaines Rhones‑Alpes” has financed the paleo‑environmental research. Underwater sites offer the advantage, thanks to the remarkable conservation of the organic remnants ordinarily destroyed on terrestrial sites, of concealing exceptionally rich archaeological resources. Moreover, Colletiere offers the advantage of not having been occupied after the year 1000 and of not having had any significant modification of its deposits. It merited, therefore, whatever appropriated excavation techniques could be put in place. After several years devoted to establishing the excavation methods appropriate to the site, in cooperation with the prehistorians who were exploring the neighbouring village of Baigneurs, the proper procedures have been adopted. When the bathymetry is sufficiently high, divers install in the selected area a triangular metal frame, 5 metres long on each side, and positioned according to the general layout of the site. Each large triangle is subdivided into 25 smaller metrical triangles which constitute the excavation unit proper for scaving and sampling, and from which all countings and distribution maps are made. Sedimentary columns must be previously extracted from several points to reveal the stratification profile and to permit sedimentologic laboratory analyses. The removal of archaeological layers is done manually and all sediment is saved in buckets for sifting to improve visibility, which is often poor, a system of electric pumps creates an artificial stream of water to wash away suspended particles. During the period of lowest water‑levels, dry scavings are sometimes possible on the highest part of the site. The methods used are the same but we can, simultaneously, cover the largest surfaces while paleoenvironmental specialists themselves determine the complementary samplings they think useful. Field studies and then resulting interpretations attain in this case an incomparable quality. Treatment of archaeological sediment includes several phases : sifting in water with various meshes retrieving whole or fragmental artifacts not seen on the site and petrographic selection and weighing of pebbles, fragments of cooked clay and charcoal, and an exhaustive collection of the paleoseeds or vegetative macroremnants, and bones of terrestrial or aquatic fauna. It is also at this stage that the artifacts are inventoried, numbered and then conditionned before being sent to either study or treatment laboratories. Der Paladrusee hat seinen Ursprung in der Eiszeit. Er liegt in der Nähe des Voralpenmassifs der Chartreuse, 500 m über dem Meeresspiegel, inmitten von Moränenhügeln, in der Gegend östlich von Terres Froides. Das eher nordisch geprägte Klima dieses steinigen Landstriches mit schweren Böden, bescheidener Ergiebischkeit mit jährlichen Niederschlägen von 1160 mm durchschnittlich und viel Wind, ist eher unwirtlich. Überwiegend mit Wald, Buschwerk und Wiesen bewachsen, ist hier traditionell Ackerbau und Viehwirtschaft, vorwiegend Rinderzucht, ansässig. In dem Tal der Eure (die in dem See entspringt) hat sich Jedoch seit dem Mittelalter eine aktive und qualitätvolle Metallurgie entwickelt, die durch die Wasserantriebskräfte, den Holzreichtum, die Nähe des Eisenerzes der Chartreuse, sowie den Ausfluss der Isère begünstigt wurde. In historischer Hinsicht ist der Paladrusee lange Zeit abseits der grossen Völkerbewegungen geblieben. Am Ende des Neolitikums, um 2750 v.Chr., ist er zeitweise besiedelt gewesen (Dorf “der Baigneurs”), seine Ufer wurden in römischer Zeit, wohl wegen des recht kargen Bodens und der Entfernung der Hauptverkehrswege, nur sporadisch besucht. Während des frühen Mittelalters änderte sich dies kaum. Das Land gehörte in dieser Zeit, wahrscheinlich seit dem. 9. Jh., zur “Grafschaft” oder “Pagus” Sermorens, deren Machtzentrum sich im 15 km entfernten Voiron befand, an der Stelle einer grossen, gallorömischen Villa der frühen Kaiserzeit. Diese 1107 zerstückelte territoriale Einheit war seit Ende des 11. Jh. der Streitapfel der Erzbischöfe von Vienne und der Bischöfe von Grenoble und wurde durch päpstliche Schlichtung aufgeteilt. Von den 22 Burggrafschaften, aus denen sich das Territorium zusammensetzte, werden die von Paladru, Virieu und Clermont genannt, die dem Erzbischof von Vienne zufielen. Dieser Text, der erste, der Paladru namentlich erwähnt, erweist einwandfrei das Bestehen von Fronhöfen in der unmittelbaren Umgebung des Sees. Ihre Entstehung um die Motten, die in den Jahren um 1040‑1050 erscheinen, ist also die Folge der Aufgabe der befestigten Ufersiedlungen zwischen 1030 und 1040. Aber die extreme Seltenheit der schriftlichen Quellen aus dieser Zeit erlaubt es nicht, die Umstände der Herausbildung der ersten Adelsgeschlechter zu erhellen, die nur die Archäologie dokumentieren kann. Die beiden Fundstätten von Charavines, Les Baigneurs und Colletiere, sind erst Anfang des 20. Jh. von Hippolyte Müller identifiziert worden. Dieser stellte einige Beobachtungen der mittelalterlichen Siedlung an und setzte sie mit Recht mit Les Grands Roseaux zeitlich gleich. Als 1971 ein Projekt der Ufererschließung zugleich die jungsteinzeitliche und die mittelalterlichen Fundplätze bedrohte, wurde parallel mit Rettungsgrabungen begonnen. Bis 1986 waren die finanziellen Mittel der Forschungsarbeiten von Colletiere begrenzt, dann aber wurde eine mehrjährige Autorisation des Kulturministers erteilt und der Staat, das Departement Isère und die Stadt Grenoble unterzeichneten einen Vertrag, dessen finanzielle Mittel eine systematische Erschliessung ermöglichte. Gleichzeitig finanziert das “Programme pluriannuel en Sciences humaines Rhöne‑Alpes” seit 1985 Untersuchungen der Paläoumwelt. Die subaquatischen Fundplätze bieten den Vorteil, dank der ausserordentlichen Konservierung der organischen Reste, die normalerweise im Erdboden zerstört werden, einer aussergewöhnlich reichen archäologischen Dokumentation. Colletiere besitzt ausserdem die Eigenheit, daß es hier nach 1000 weder eine Besiedlung noch grosse Störungen der Siedlungverhältnissen gegeben hat. Diese Fundplätze verdienten also die Anwendung ihr angepasster Erschliessungsmethoden. Im Laufe einiger Jahre wurden, gemeinsam mit den Vorgeschichtlern, die das benachbarte Dorf Les Baigneurs ausgruben, dem Milieu angepasste Forschungsmethoden entwickelt, aus denen sich das Verfahren langsam herauskristallisiert hat. Wenn die Bathymetrie hoch genug ist, installieren Taucher in der gewählten Zone einen dreieckigen Metallrahmen, von 5 m Seitenlänge, der nach dem allgemeinen Raster der Grabungsstätte ausgerichtet ist. Jedes grosse Dreieck wird in 25 kleine metrische Dreiecke aufgeteilt, die die Grabungs, ‑ und Fundobjektentnahmeseinheit darstellen, nach der alle Zählungen und Verteilungskarten erstellt werden. Vorher sind an verschiedenen Punkten mehrere Bohrkerne des Sediments entnommen worden, um die Schichtenkunde besser zu erkennen und Sedimentanalysen im Labor vorzunehmen. Die archäologischen Schichten werden manuel abgehoben und in Eimern restlos gesammelt, um später gesiebt zu werden. Um die meist sehr schlechten Sichtverhältnisse zu verbessern, werden die Schwebepartikel durch ein System elektrischer Pumpen abgesaugt. Bei niedrigem Wasserstand ist es manchmal möglich auf dem höher gelegenen Teil der Station auf dem Trocknen zu graben. In diesem Falle bleiben die angewandten Methoden die gleichen, aber man kann mehr und grössere Flächen zugleich graben, und die Spezialisten der Paläoumweltforschung entnehmen selbst, die ihnen nützlich erscheinenden, komplementären Proben. Die Bodenbeobachtungen und daraus resultierenden Interpretationen sind in diesem Falle von unvergleichbarer Qualität. Die Auswertung der archäologischen Sedimente erfolgt in mehreren Etappen : Sieben mit Wasser durch verschieden feinmaschige Siebe, Sammeln der erhaltenen und fragmentarischen Gegenstände, die bei der Ausgrabung nicht gefunden wurden, petrographische Sortierung und Wiegen der Kieselsteine, der Fragmente aus gebranntem Ton und Holzkohle, erchöpfendes Sammeln der fossilen Samen und makrobotanischen Reste, der Knochen der Wasser, – und Landfauna. In dieser Phase werden die Fundobjekte auch inventarisiert, nummeriert und verpackt, bevor sie in speziellen Laboren entweder untersucht oderbehandeltwerden.

Details

Language :
French
Database :
OpenAIRE
Accession number :
edsair.openedition...aeef75681d0f73a400b82ac3da6228e1