De la sculpture à la vêture : pour une compréhension élargie de l’ornement de l’architecture au cours de la première modernité (Pays-Bas, XVIIe siècle)

Véritable liant entre les médiums artistiques, mais aussi entre ces médiums et le spectateur, la notion d’ornement permet de revisiter notre conception traditionnelle des rapports entre architecture et décor au cours de la première modernité. Parce qu’il se considère comme un embellissement que l’on ajoute à une surface ou un espace, l’ornement a toujours été au centre de violentes controverses quant à son utilité et sa légitimité dans l’architecture. Si le XIXe siècle, avec sa propension à séparer et hiérarchiser les arts, a contribué à considérer l’ornement comme un champ secondaire et distinct de l’architecture, il convient de reconsidérer la notion au regard de la littérature artistique de l’époque, en attribuant une valeur positive à l’ajout et en le resituant au sein de logiques de surenchère. Cette étude se propose d’étudier cette problématique à travers quelques études de cas puisées dans l’architecture des anciens Pays-Bas méridionaux. Ces régions voient se développer un art baroque souvent jugé comme « ornemental », se démarquant par l’amplification du décor sculpté, l’adoucissement de la tectonique classique et l’interprétation libre et naturaliste des motifs architectoniques. Une étude des rapports entre l’architecture et son décor, mise en regard avec des sources écrites contemporaines, permettra d’éclairer les pratiques qui régissent la conception du décor architectural mais aussi les codes qui en déterminent la réception, et ainsi de reconsidérer les rapports entre architecture, ornement, sculpture et peinture au cours de la période.