Défense d'une définition socialement construite et objective du concept de trouble mental

Dans cette thèse, je m’intéresse à l’un des enjeux centraux de la controverse sur la scientificité de la psychiatrie : la place et le rôle des valeurs sociales et culturelles dans la définition du concept de trouble mental. Plus particulièrement, je m’intéresse à la définition du trouble mental publiée dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). Contre les détracteurs de l’objectivité du concept, je défends l’idée que le trouble mental peut être à la fois socialement construit et objectif. J’utilise un cadre conceptuel emprunté à l’épistémologie sociale et à la philosophie féministe des sciences, soit l’empirisme contextuel critique. Développé par Helen Longino (1990, 2002), ce cadre pose que les valeurs peuvent légitimement entrer dans le processus de production de connaissances scientifiques objectives s’il existe des structures qui permettent le dialogue critique entre les différents membres d’une communauté scientifique. Cette façon de concevoir l’objectivité scientifique se nomme objectivité sociale et attire l’attention sur les processus sociaux qui permettent la production de connaissances scientifiques. Suivant cette approche, je propose que le concept de trouble mental puisse être objectif si sa définition permettait l’intégration de la critique des différents groupes concernés par cette définition (groupes de patients, psychiatres, etc.).