Palich, R., Ghosn, J., Chaillon, A., Boilet, V., Néré, M.-l., Chaix, M.-l., Delaugerre, C., Thiebault, R., Lévy, Y., and Lelièvre, J.-d.
Introduction Toute interruption de traitement antirétroviral (ITA) conduit au rebond de la réplication du VIH dans le sang et dans le sperme, avec une dynamique peu connue dans le compartiment génital. Notre objectif était de comparer la cinétique et le niveau d’ARN-VIH dans le plasma sanguin (PS) et le liquide séminal (LS), et de caractériser les populations virales au rebond dans les deux compartiments après une ITA programmée dans le cadre d’un essai vaccinal thérapeutique. Matériels et méthodes Dix participants à l’essai vaccinal VRI02/ANRS149-LIGHT (lymphocytes CD4 ≥ 600/mm 3 et ARN-VIH < 50 cp/mL depuis au moins 18 mois) ont été inclus, avec ITA de S36 à S48. Des échantillons de sang et de sperme étaient collectés à S32 (avant l’ITA) puis à S36, S38, S40, S44 et S48, pour quantifier l’ADN- et l’ARN-VIH. Le séquençage à haut débit (UDS, Roche/454) des séquences ADN et ARN de la région C2V3 du gène env a été réalisé chez 5 patients sur 10, dans les PBMC avant l’ITA, dans les PS, LS et PBMC pendant l’ITA. Les séquences obtenues ont été filtrées sur la qualité et compilées en haplotypes. Résultats Les patients avaient une charge virale plasmatique < 50 cp/mL depuis 44 mois en médiane (max : 28–152) avant l’ITA. Tous ont présenté un rebond de l’ARN-VIH dans le PS et le LS après l’ITA (médiane 5,12 log 10 cp/mL [max : 4,61–6,35] et 4,26 log 10 cp/mL [max : 3,20–4,67], respectivement). Ce rebond était observé dès S38 dans le PS chez 8/10 patients et entre S38 et S40 dans le LS chez 8/10 patients. Le niveau d’ADN-VIH était de 2,97 log 10 cp/10 6 PBMC (max : 1,61–3,26) à S32 et 3,30 log 10 cp/10 6 PBMC (max : 2,50–3,67) à S44. L’ADN-VIH était détecté dans les cellules rondes du sperme dans au moins un échantillon chez 6/10 patients. L’analyse phylogénétique après UDS montrait que : – les populations d’ARN-VIH au rebond dans le PS et le dans LS avaient pour origine l’ADN-VIH des PBMC détecté avant l’ITA ; – les populations d’ARN-VIH étaient proches/similaires dans le PS et dans le LS sans argument pour une compartimentation. Conclusion Un rebond de l’ARN-VIH rapide et intense était observé chez tous les patients dans le sang et dans le sperme, après l’ITA. Des stratégies préventives ciblées sont nécessaires pour réduire le risque de transmission sexuelle au cours des ITA. L’ADN-VIH isolé à partir des PBMC est la source principale d’ARN-VIH dans les deux compartiments (sang et sperme), même après plusieurs années de contrôle virologique. [ABSTRACT FROM AUTHOR]