Introduction Le lymphome endovasculaire (LEV) est une hemopathie severe, rare, de diagnostic difficile. Nous rapportons une observation originale revelee par un syndrome d’activation macrophagique (SAM) recidivant et des infarctus spleniques. Observation Un homme de 74 ans, tabagique, etait hospitalise en mai 2017, pour fievre a 40° depuis 1 mois, alteration d’etat general, toux, pollakiurie, resistant a de l’amoxicilline/clavulanate. L’examen clinique, pauvre, montrait un nodule indure prostatique. La biologie -anemie (8,3 g/dl), thrombopenie (110G/l), CRP 150 mg/l, ferritine 1400 μg/l, triglycerides 3,5 g/l, LDH 650U/l, gamma-GT 80 UI/l- orientait vers un SAM affirme par myelogramme. Les PSA etaient normaux. Le scanner montrait un minime epanchement pleuropericardique et une splenomegalie infraclinique (16 cm) siege de plusieurs minimes infarctus. L’AEG croissante, l’inefficacite des antibiotiques, l’installation de troubles des fonctions superieures, d’une dyspnee et desaturation, motivaient le traitement urgent du SAM par etoposide 150 mg/m2 obtenant en 48 h une evolution favorable clinique et biologique. Simultanement on cherchait l’etiologie du SAM et des infarctus spleniques. Le bilan infectieux montrait : hemocultures et ECBU steriles, echographie cardiaque TT & TO normale, negativite des recherches VIH, VHB, VHC, VZV, HSV, HHV8, PVB19, T whippeli ; positivite d’une PCR EBV (4,2log), de la serologie C pneumoniae, du test Quantiferon et de l’IDR tuberculine (22 mm) mais recherches negatives de BK (urines et tubages). Le bilan auto-immun etait negatif hormis un anticoagulant circulant transitoire, un test de Coombs positif, l’enzyme de conversion discretement elevee a 78 UI/l. Le bilan onco-hematologique, confirmait par IRM et biopsie un adenocarcinome prostatique localise de bas grade T2a Gleason3 + 3. On notait une IgG lambda monoclonale serique (4,4 g/l), une beta2microglobuline a 5,4 mg/l. Le dosage des chaines legeres libres plasmatiques et le myelogramme ecartaient un myelome. L’immunophenotypage sanguin et medullaire, le cariotype et la biopsie osteomedullaire etait normaux. Deux series de 3 biopsies en peau saine, recherchant un LEV etaient normales. Le TEP-scann montrait un hypermetabolisme modere d’une valve aortique et d’adenopathies mediastinales juxtacentimetriques. L’etat du patient autorisait son retour a domicile sans diagnostic etabli. L’evolution etait marquee par la survenue jusqu’en novembre 2018 de 6 autres episodes de SAM, identiques au 1er, etoposide-sensibles. Ni un traitement par doxycycline et antituberculeux des hypotheses d’endocardite a HC negatives ou de tuberculose, ni le traitement du cancer prostatique par analogue LH-RH et irradiation n’empechaient les poussees de SAM. On gardait l’hypothese du LEV. Un 2e immuno-phenotypage montrait une faible population lymphoide B anormale (1 %) CD19+/CD10+/CD20+/Kappa+. Trois nouvelles biopsies cutanees revenaient negatives, mais la demande de relecture permettait le diagnostic sur la presence en biopsie brachiale de grandes cellules lymphoides B CD10/CD20+ endovasculaires hypodermiques, obliterantes par endroits. Six cures de R-CHEP (rituximab-cyclophosphamide-adriamycine-etoposide-prednisone), de novembre 2018 a fevrier 2019, emaillees d’un choc cytokinique en cure 1, permettaient une remission complete clinico-biologique, encore en cours en fevrier 2021. Discussion Notre patient presentait un LEV revele par un SAM recidivant, des infarctus spleniques, une possible endocardite lymphomateuse. Le diagnostic de LEV, evoque d’emblee, n’etait affirme que 17 mois plus tard par la repetition des biopsies cutanees, evitant une splenectomie diagnostique. Le LEV est une hemopathie rare de diagnostic difficile en l’absence des signes cutanes ou neurologiques classiques. Le SAM est un mode de revelation connu, dans le variant asiatique de l’affection. Par contre nous n’avons trouve qu’un cas de LEV avec infarctus spleniques [1] , et aucun avec endocardite lymphomateuse. Le TEP scann a une place diagnostique, pouvant montrer des hypermetabolismes orientateurs. L’histologie est souvent difficile sur biopsies d’organes atteints (peau, foie, rate, SNC, surrenales..). Les biopsies systematiques de peau, idealement en peau lesee, sinon en peau saine (bras, tronc, cuisse), doivent etre profondes jusqu’a l’hypoderme. La communication avec l’anatomopathologiste et l’epuisement des blocs sont necessaires. Le pronostic redoutable est ameliore par la precocite du traitement [2] . Conclusion Le LEV constitue souvent un challenge diagnostique. Ceci a conduit des auteurs a traiter par chimiotherapie un LEV avant d’en obtenir la preuve histologique 8 ans plus tard ! [3] .