En 1973, la Cour suprême des États-Unis légalise, dans la décision Roe v. Wade, l’accès à l’avortement sur l’ensemble du territoire. Bien que la décision originale visait l’abolition de l’accessibilité différenciée de l’avortement selon le positionnement géographique des femmes, les décisions subséquentes de la Cour ont réintroduit cette différenciation en octroyant plus de pouvoirs aux États, leur permettant alors d’adopter des mesures visant à restreindre ou protéger le droit. Aujourd’hui, le positionnement géographique des femmes est perçu comme déterminant dans l’accès à l’avortement. Or, les études portant sur la perception et l’expérience de l’accès à l’avortement accordent rarement une attention aux réalités des femmes latino-américaines, qui représentent pourtant 25% des avortements obtenus annuellement. S’appuyant sur une recherche terrain auprès de 83 femmes résidant dans quatre États des États-Unis, la présente thèse aborde la perception et l’expérience de l’avortement chez les femmes latino-américaines. La thèse pose la question suivante : Comment les variations des restrictions à l’avortement dans les États étasuniens affectent-elles la façon dont les femmes latino-américaines qui y résident perçoivent et vivent leur accès aux soins de santé reproductive, en particulier l’avortement ? Ancrée dans une analyse géopolitique intersectionnelle, nous postulons que le positionnement géographique est important, mais que l’analyse territoire-pouvoir-corps doit aborder les marqueurs identitaires des corps – l’origine ethnoculturelle, la langue, la religion, l’éducation, le statut socio-économique et le statut migratoire – afin de comprendre les subtilités de la relation des femmes à l’accès à l’avortement. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : avortement, Latino-Américaines, perception, santé reproductive, États-Unis, intersectionnalité, géopolitique more...