Pour les règnes de Ferdinand Ier à Ferdinand III, il n’existe aucun témoignage manuscrit de la Version concise de l’Histoire d’Espagne (1270). Seule la confrontation des différentes versions – Chronique de vingt rois, Version sancienne, Chronique de Castille –, indépendantes les unes des autres mais dépendant toutes de la Version alphonsine primordiale, permet de la reconstituer. On peut ainsi définir le modèle de femme régnante qu’élabore l’historiographe alphonsin à partir des sources latines. Reines, infantes et régentes, de Sancie, femme de Ferdinand Ier, à Bérengère, mère de Ferdinand III, se distinguent par leurs actions pieuses et leurs bons conseils, qu’elles peuvent légitimement prodiguer au roi car elles sont toutes dotées d’une qualité essentielle : le bon entendement. Les écarts entre les différentes versions historiographiques témoignent aussi de l’évolution de ce modèle en fonction du contexte socio-politique de production des textes. Plus radicale, la Chronique de vingt rois, écrite à la fin du règne d’Alphonse X, sanctionne sévèrement les débordements. La Chronique de Castille, écrite sous la minorité de Ferdinand IV, accentue le modèle alphonsin en présentant une lignée de femmes exemplaires dont la régente Marie de Molina est la digne descendante. En outre, les femmes de la Chronique de Castille excellent en un domaine, le spirituel, et veillent ainsi à la préservation et à la pérennité de l’image de la royauté.No existe ningún testimonio manuscrito de la Versión concisa de la Historia de España (1270) para los reinados de Fernando I a Fernando III. Para reconstituirla, sólo se pueden cotejar las distintas versiones –Crónica de veinte reyes, Versión sanciana, Crónica de Castilla–, independientes unas de otras pero que se fundamentan todas en la Versión alfonsí primordial. Este cotejo permite definir el modelo de mujer reinante que elabora el historiógrafo alfonsí a partir de las fuentes latinas. Reinas, infantas, regentes, desde Sancha, mujer de Fernando I, hasta Berenguela, madre de Fernando III, se destacan por sus obras piadosas y los buenos consejos que pueden legítimamente dar al rey porque tienen una cualidad esencial : el buen entendimiento. Las variantes entre las distintas versiones historiográficas testimonian también de la evolución de dicho modelo en función del contexto sociopolítico de elaboración de los textos. Más radical, la Crónica de veinte reyes, de finales del reinado de Alfonso X, sanciona severamente los desbordamientos. La Crónica de Castilla, compuesta durante la minoría de Fernando IV, acentúa el modelo alfonsí presentando un linaje de mujeres ejemplares cuya digna heredera es la regente María de Molina. Además, las mujeres de la Crónica de Castilla se destacan por su intervención en el dominio espiritual, preservando de este modo la imagen de la realeza y su perennidad.