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Depuis les années 1990, les hautes et moyennes montagnes sont le théâtre d’investigations archéologiques et paléoenvironnementales conduites de manière pluridisciplinaire. Les recherches sont menées afin d’appréhender la gestion faite de ces territoires au cours des siècles passés. Les recherches entreprises dans les Monts du Forez s’inscrivent dans la lignée directe de ces travaux fondateurs. Depuis 2016, des campagnes de prospections pédestres, des opérations de sondages sur sites ainsi que des études paléoenvironnementales ont été multipliées dans la fenêtre du haut Forez. L’occupation du sol ainsi que les formes de l’habitat ici au Haut-Empire, bénéficient désormais d’un corpus de 24 indices de sites référencés lors de prospections au sol. Des campagnes de sondages sur sites ont permis de corroborer la réalité de cinq de ces occurrences et de les caractériser. Au cours du Haut-Empire l’habitat du haut Forez évolue d’un point de vue typologique. Les transformations observées sont principalement d’ordre architectural. Elles interviennent, probablement, en lien avec les dynamiques socio-économiques qui apparaissent dans les plaines voisines. Sur les Hautes-Chaumes, la dynamique d’occupation du sol au début de la période antique œuvre activement à la gestion du milieu qu’elle contribue à mettre en valeur avec l’activité agro-sylvo-pastorale pratiquée. Since the beginning of the 1990s, archaeological and paleoenvironmental investigations have been carried out both in high and middle mountains in order to understand how these territories have been enhanced by human societies over the past centuries. The same objectives have led geoarchaeological research in the Mont du Forez. Since 2016, archaeological surveys and paleoenvironmental studies have begun and have been multiplied, especially in the upper part of the mountain named “Hautes-Chaumes”. A total of 24 sites have been referenced thanks to pedestrian prospections. Field studies have provided valuable information on the Gallo-roman occupation and its architecture during the early roman period. Archaeological excavations were carried out on five sites from that period in order to highlight architectural processes and their evolution over time. These changes are probably linked to the socio-economic dynamics that appear in the neighboring plains of the Dore and the Loire. In the Hautes-Chaumes window, the dynamics of land use that appeared at the beginning of the roman period actively participated in the management of the environment through the development of agro-sylvo-pastoral activities that increased during this period.

Nomadic herders of various shades have long been recognised for their contribution to Middle Eastern culture and are as ubiquitous in the Western imagination of the region as camels and caravanserais. These popular tropes bely many centuries of history in which nomads have shaped the linguistic, economic and political history of the region. This contribution is grudgingly acknowledged in the written histories, composed almost entirely by sedentary observers who often have biases and prejudice...

De nombreux juristes engagés soutiennent l’établissement d’une nouvelle catégorie de biens, les « biens communs », pour faire face à l’urgence écologique. L’anthropologie politique de la juridicité focalise quant à elle son attention sur les dynamiques sociales associées au faire commun. Il s’agit de restituer les dynamiques du droit révélées par le pluralisme juridique en accordant un intérêt particulier aux conditions d’émergence et de promotion des innovations sociales portées par des collectifs d’usagers de la terre et des ressources qu’elle porte. Ces innovations sociales contribuent dans de nombreuses situations à la prise en charge par les citoyens, de relations d’interdépendances entre humains, et entre humains et non-humains, ceci dans des contextes où les propositions portées par l’État ou les marchés n’apparaissent pas satisfaisantes aux yeux des habitants des territoires concernés. Selon cette approche, il est possible de postuler que le principe général de solidarité écologique est complété par un fait juridique : l’existence d’une solidarité (sociale et) écologique vécue par un collectif d’usagers (humains et non-humains) de la terre et des ressources qu’elle porte. Ce fait génère, entre les membres des communautés d’usages considérées, des devoirs et des prérogatives, susceptibles de constituer la source d’un droit opposable aux tiers : un droit à l’usage de la terre et des ressources qu’elle porte. La valorisation des usages associée à l’expression de la solidarité écologique peut ainsi conduire à réifier des comportements particuliers, existants ou souhaitables (y compris des comportements associés à l’exercice de la puissance publique) à différentes échelles territoriales. Some French lawyers support the establishment of a new category of goods, the “common goods” to deal with the ecological emergency. The political anthropology of juridicity focuses its attention on the social dynamics associated with "commoning". The aim is to restore the dynamics of law revealed by legal pluralism by paying particular attention to the conditions of emergence and promotion of social innovations carried by collectives of users of the land and the natural resources. In many situations, these social innovations contribute to the assumption of responsibility by citizens for interdependent relationships between humans and between humans and non-humans, in contexts where the proposals put forward by the State or the markets do not seem satisfactory to the inhabitants of the territories concerned. According to this approach, it is possible to postulate that the general principle of ecological solidarity is completed by a legal fact: the existence of a (social and) ecological solidarity experienced by a collective of users (human and non-human). This fact generates, between the members of the communities of uses considered, duties and prerogatives, likely to constitute the source of a right opposable to third parties: a right to the use of the land and the natural resources it bears. The customary law associated with the expression of ecological solidarity can thus lead to the reification of particular, existing or desirable behaviours (including behaviours associated with the exercise of public power) at different territorial scales.

En l’occurrence, l’écosphère ne nous attendant pas pour poursuivre ses rééquilibrages, il nous faut penser autrement ce qui « fait patrimoine ». À partir de la station thermale de Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées, l’équipe rassemblée en sein de l’Observatoire pour l’archéologie et le patrimoine en Haute-Bigorre (OAPHB) s’est attachée à cette vaste question en faisant des eaux naturelles sa préoccupation centrale. À travers ses travaux ce site retrouve sa place dans le plus large ensemble que forment les systèmes d’irrigation structurant les paysages du Haut-Adour. Des liens entre thermalisme et pastoralisme réapparaissent. Comprises comme une dynamique des paysages, les eaux naturelles catalysent déjà des possibles : à l’échelon thermal, en proposant de libérer des sources thermo-minérales du carcan désormais inutile de leurs captages, à l’échelon de micro-exploitations pastorales dont on cherche à rétablir les systèmes d’irrigation. Des projets où la notion de patrimoine n’apparaît plus comme une mise en défense mais comme le moyen d’une synergie.Réunissant des chercheurs, des professionnels du cadre de vie avec des lycéens, des étudiants, des actifs et des retraités, des ateliers se sont formés. Dès lors cette transversalité entre les générations, les milieux sociaux, les quartiers et les terroirs de la vallée, montre la capacité de résilience de ses paysages.Retourner aux sources, à nouveau et ensemble, offre ainsi des possibles. In this case, the ecosphere does not wait for us to continue its rebalancing, we have to think differently about what "makes heritage".From the spa of Bagnères-de-Bigorre in the Hautes-Pyrénées, the team gathered within the Observatory for the archaeology and the heritage in Haute-Bigorre (OAPHB) has tackled this vast question by making the natural waters its central concern. Through its works, this site finds its place in the larger whole that forms the irrigation systems structuring the landscapes of the Haut-Adour. Links between balneology and pastoralism reappear.Understood as a dynamic of the landscapes, the natural waters already catalyse possibilities: at the balneology level, by proposing to free thermo-mineral sources from the henceforth useless straitjacket of their catchments, at the level of pastoral micro-farms whose irrigation systems are sought to be restored. Projects where the notion of heritage no longer appears as a defence but as a means of synergy.Bringing together researchers and professionals from the living environment with high school and university students, working people and retirees, workshops have been formed. This transversality between generations, social backgrounds, neighbourhoods and terroirs of the valley shows the resilience of its landscapes.Going back to the sources, again and together, thus offers possibilities.

Este comentário concorre para a contextualização histórica da “Informação relativa à criação de gado e pastoreio nos distritos de Moçâmedes e Huíla”, produzida por Raquel Soeiro de Brito, adjunta da Missão de Geografia Física e Humana do Ultramar português, em 1968. Os problemas sociais e ecológicos que a pecuária empresarial gerou no sudoeste de Angola, revelados pela polícia política e pela Missão de Inquéritos Agrícolas (MIAA), preocuparam o governo da colónia. Perante uma eventual escalada da conflitualidade na região e o impacto que esta poderia ter no desenrolar da guerra, procurou mobilizar conhecimento científico capaz de orientar na decisão política. A relação entre o poder colonial tardio e a produção de conhecimento geográfico no terreno é posta em evidência. Por fim, fica patente que a geógrafa corroborou o ponto de vista da MIAA, nomeadamente sobre a racionalidade ecológica da transumância dos pastores africanos e as perturbações introduzidas pelos criadores europeus, e apontou para a necessidade de um aprofundamento dos estudos e da participação de geógrafos na discussão das soluções políticas. This commentary contributes to the historical context of the “Information related to cattle raising and grazing in the districts of Moçâmedes and Huíla”, produced by Raquel Soeiro de Brito, researcher of the Portuguese Overseas Physical and Human Geography Mission, in 1968. The social and ecological problems generated by corporate livestock in southwest Angola, revealed by the political police and the Angola Agricultural Survey Mission (MIAA), worried the government of the colony. Faced with an eventual escalation of conflict in the region and the impact that this could have on the course of the war, it sought to mobilize scientific knowledge capable of guiding political decisions. The relationship between late colonial power and the production of geographical knowledge on the ground is highlighted. Finally, it becomes clear that the geographer corroborated the MIAA's point of view, namely on the ecological rationality of the transhumance of African shepherds and the disturbances introduced by European breeders and pointed out to the need for further studies and the participation of geographers in the discussion of political solutions. Ce commentaire contribue au contexte historique des "Informations relatives à l'élevage et au pâturage dans les districts de Moçâmedes et Huíla", produites par Raquel Soeiro de Brito, adjointe de la Mission de géographie physique et humaine d'outre-mer portugais, en 1968. Problèmes sociaux et écologiques générés par l'élevage industriel du sud-ouest de l'Angola, révélé par la police politique et la Mission d'enquête agricole d’Angola (MIAA), a inquiété le gouvernement de la colonie. Face à une éventuelle escalade des conflits dans la région et à l'impact que cela pourrait avoir sur le déroulement de la guerre, les autorités politiques cherchent à mobiliser des connaissances scientifiques capables d'orienter ses décisions. La relation entre la puissance coloniale tardive et la production de connaissances géographiques sur le terrain est mise en évidence. Enfin, force est de constater que la géographe a corroboré le point de vue de la MIAA, à savoir sur la rationalité écologique de la transhumance des bergers africains et les perturbations introduites par les éleveurs européens, et pointé la nécessité d'études complémentaires et la participation des géographes à la discussion de solutions politiques. Este comentario contribuye al contexto histórico de la “Información relacionada con la ganadería y el pastoreo en los distritos de Moçâmedes y Huila”, elaborado por Raquel Soeiro de Brito, adjunta de la Misión de Geografía Física y Humana en el Ultramar, en 1968. Problemas ecológicos generados por La ganadería empresarial en el suroeste de Angola, revelada por la policía política y la Misión de Investigación Agrícola de Angola (MIAA), preocupó al gobierno de la colonia. Ante una eventual escalada del conflicto en la región y el impacto que esto podría tener en el curso de la guerra, aquel buscó movilizar conocimientos científicos capaces de orientar sus decisiones políticas. Se destaca la relación entre el poder colonial tardío y la producción de conocimiento geográfico sobre el terreno. Finalmente, está claro que la geógrafa corroboró el punto de vista de la MIAA, es decir, sobre la racionalidad ecológica de la trashumancia de los pastores africanos y las perturbaciones introducidas por los criadores europeos, y señaló la necesidad de más estudios y la participación de los geógrafos en la discusión de soluciones políticas.

Caractérisée dans les années 1950 par une agriculture de polyculture polyélevage, tournée avant tout vers la consommation locale, la Montagne limousine s’est depuis spécialisée dans l’élevage bovin naisseur pour la production de broutards destinés à l’exportation, rompant presque tout lien entre agriculture et système alimentaire local. La recherche d’accroissement de la productivité physique du travail a parallèlement conduit à l’abandon massif des écosystèmes pastoraux de la Montagne — les landes et les tourbières. Depuis près de 10 ans et à rebours de ces dynamiques, un petit groupe d’éleveurs a développé des systèmes agro-écologiques, mettant au centre de l’alimentation de leurs troupeaux le pâturage des végétations spontanées de la Montagne limousine. Répondant aux enjeux des transitions agro-écologique et alimentaire, ces systèmes agro-écologiques pâtissent pourtant des standards des filières habituelles, inadaptés à leurs produits, ce qui a conduit ces éleveurs à se tourner vers les circuits courts et des débouchés plus locaux. Ces derniers présentent néanmoins leurs limites, et invitent à une collaboration plus étroite entre éleveurs et bouchers, et à une réflexion sur les enjeux d’équité alimentaire dans les zones rurales en déprise comme la Montagne limousine. In the 1950s, the Limousin Mountain region was characterized by mixed crop and livestock farming, produced mainly for local consumption. Over the past 70 years, however, this small area of the Massif Central has since specialized in breeding cattle for export, breaking the link between agriculture and the local food system. At the same time, physical labor productivity has continued to grow, leading to the massive abandonment of the moors and peat bogs, the region’s pastoral ecosystems. In contrast to these dynamics, for nearly ten years a small group of farmers has been developing agroecological systems, putting native vegetation at the center of feeding their herds. While these systems address agroecological and food transition concerns, they are affected by the industry’s normal standards, which are not adapted to their products. The farmers have therefore had to turn to short supply chains and more local outlets. Local markets nevertheless have their limits and encourage a closer collaboration between breeders and butchers as well as reflection on the stakes of food equity in declining rural areas like the Limousin Mountains.

Caractérisée dans les années 1950 par une agriculture de polyculture polyélevage, tournée avant tout vers la consommation locale, la Montagne limousine s’est depuis spécialisée dans l’élevage bovin naisseur pour la production de broutards destinés à l’exportation, rompant presque tout lien entre agriculture et système alimentaire local. La recherche d’accroissement de la productivité physique du travail a parallèlement conduit à l’abandon massif des écosystèmes pastoraux de la Montagne — les landes et les tourbières. Depuis près de 10 ans et à rebours de ces dynamiques, un petit groupe d’éleveurs a développé des systèmes agro-écologiques, mettant au centre de l’alimentation de leurs troupeaux le pâturage des végétations spontanées de la Montagne limousine. Répondant aux enjeux des transitions agro-écologique et alimentaire, ces systèmes agro-écologiques pâtissent pourtant des standards des filières habituelles, inadaptés à leurs produits, ce qui a conduit ces éleveurs à se tourner vers les circuits courts et des débouchés plus locaux. Ces derniers présentent néanmoins leurs limites, et invitent à une collaboration plus étroite entre éleveurs et bouchers, et à une réflexion sur les enjeux d’équité alimentaire dans les zones rurales en déprise comme la Montagne limousine. In the 1950s, the Limousin Mountain region was characterized by mixed crop and livestock farming, produced mainly for local consumption. Over the past 70 years, however, this small area of the Massif Central has since specialized in breeding cattle for export, breaking the link between agriculture and the local food system. At the same time, physical labor productivity has continued to grow, leading to the massive abandonment of the moors and peat bogs, the region’s pastoral ecosystems. In contrast to these dynamics, for nearly ten years a small group of farmers has been developing agroecological systems, putting native vegetation at the center of feeding their herds. While these systems address agroecological and food transition concerns, they are affected by the industry’s normal standards, which are not adapted to their products. The farmers have therefore had to turn to short supply chains and more local outlets. Local markets nevertheless have their limits and encourage a closer collaboration between breeders and butchers as well as reflection on the stakes of food equity in declining rural areas like the Limousin Mountains.

Cet article est l'un des 14 articles du numéro spécial Etudes corses 86-87 issu du colloque international organisé par le réseau FONCIMED à Corte en octobre 2022.; International audience; In Albania, mountain agrarian systems are the most common, and pastoral livestock is widespread. In Dukat, a mountain locality on the southern Albanian coast, the study of pastoral systems shows that: (i) national rules are superimposed on customary norms ; (ii) new farmers negotiate access to resources according to their assets ; (iii) environmental directives may cause changes to pastoral practices.; En Albanie, les systèmes agraires montagnards sont majoritaires et l’élevage pastoral est fortement présent. À Dukat, un terroir de montagne du sud du littoral albanais, l’étude des systèmes pastoraux permet de mettre en évidence que (i) les règles nationales se superposent aux normes coutumières, (ii) de nouveaux éleveurs négocient leur accès aux ressources selon leurs capitaux, (iii) les injonctions environnementales peuvent redessiner les pratiques pastorales.

On 25 June 2016, a violent clash broke out between the villages of Mougna and Kossouma (Djenné, Mali), leaving 20 dead and 40 injured. While no “Jihadists” were directly involved, this was part of a process of outbreaks of armed land conflicts that spiralled in the wake of the 2012 rebellion. The sudden emergence of violence in rural, pastoral areas ties in with a more general disempowerment of the “bush” institutions throughout the State formation process. This article analyses how violence becomes public policy by leveraging ethnic and religious repertoires, including “Jihadism”, in land conflicts. Le 25 juin 2016, un affrontement oppose les villages de Mougna et Kossouma (Djenné, Mali) : il se solde par une vingtaine de morts et une quarantaine de blessés. S’il n’y a pas de « djihadistes » directement impliqués, cela s’inscrit dans un processus de mise en armes des conflits fonciers qui s’accentue dramatiquement avec l’éclatement de la rébellion de 2012. L’irruption de la violence en milieux ruraux et pastoraux est liée à une remise en question plus générale des institutions de la « brousse » au sein du processus de formation de l’État. Cet article tente d’analyser les modalités par lesquelles la violence est constituée en politique publique, en mobilisant des répertoires ethniques et religieux, notamment celui du « djihadisme », à partir des conflits fonciers. El 25 de Junio de 2016, un enfrentamiento entre las aldeas de Mougna y Kossouma (Djenné, Mali) se salda con una veintena de muertos y una cuarentena de heridos. A pesar de que en estos hechos no hay “yihadistas” directamente implicados, se inscriben en un proceso de paso a las armas de los conflictos territoriales que se acentúa dramáticamente con el estallido de la rebelión de 2012. La irrupción de la violencia en zonas rurales y de pastoreo está ligado a una puesta en entredicho más general de las instituciones de las “aldeas” en el proceso de formación del Estado. Este artículo intenta analizar las modalidades a través de las cuales la violencia se constituye en política pública, mobilizando repertorios étnicos y religiosos, especialmente el del “yihadismo”, a partir de conflictos territoriales.

À l’image de l’ensemble des territoires ruraux, le rythme d’évolution des territoires steppiques algérien s’est accéléré durant le dernier quart du siècle sous l’impulsion des facteurs de la modernité. Lors d’un travail de recherche sur la région de Djebel Amour, mené et publié en 2003, nous nous sommes intéressés à cette évolution et à ses facteurs. Plusieurs scénarios d’évolution ont ainsi été proposés. De retour dans la région 15 ans après, nous avons voulu vérifier la véracité des scénarios proposés et savoir si l’un parmi eux s’est concrétisé. L’analyse porte sur la dynamique des composantes des scénarios en fonction de la situation actuelle dans la région. Like all rural areas, the rate of evolution of the Algerian steppe territories has accelerated during the last quarter of the century under the impetus of the factors of modernity. During a research work on the Jebel Amour Region, carried out published in 2003, we were interested in this dynamic and its factors. Several development scenarios have thus been proposed. Back in the region 15 years later, we wanted to verify the veracity of the proposed scenarios and find out if any of them materialized. The analysis focuses on the dynamics of the components of the scenarios according to the current situation in the region.

A common response to the current global ecological crisis is the conservation of areas still somewhat spared from anthropogenic damage, in spite of an abundant literature evidencing the social and ecological shortcomings of top-down approaches to nature conservation. As part of the Kailash Sacred Landscape Initiative, the Limi Valley of north-western Nepal is currently under consideration for the establishment of one such area. This paper warns about an understanding of conservation as a segregation of humans and nature, which is at odds with local perceptions of landscape as relational. Through the perspective of pastoral practices in the Limi Valley, I show how the Limey – the people of this Valley – conceive of humans as enmeshed within a network of interacting beings under the guiding principles of ecological ethics of care. This conception is framed by religion (a syncretic mixture of Mahayana Buddhism, Bön religion and Animism), as well as by skills of ecological and spiritual embeddedness which are central to pastoral practice. I also warn against the fallacy of considering locals’ relationship to the environment, informed by Buddhism, as intrinsically more prone to eco-friendly practices. I show how this relationship is dynamic and evolving, and influenced by the economic and political context of the last thirty years. This has led to the progressive obsolescence of pastoralism as the main means of livelihood, with consequences for the local inhabitants’ relationship to landscape and to other-than-human species. Une réponse courante à la crise écologique mondiale actuelle est la protection de zones encore quelque peu épargnées par les dommages anthropogéniques, et ce même si une abondante littérature met en évidence les lacunes sociales et écologiques des tentatives d'imposition de zones protégées. Dans le cadre de la Kailash Sacred Landscape Initiative, la création d’une telle zone est actuellement envisagée dans la vallée de Limi, dans le nord-ouest du Népal. Cet article met en garde contre une conception de la préservation de la nature qui consiste en une ségrégation entre les humains et la nature, en contradiction avec les perceptions locales du paysage comme relationnelles. À travers la perspective des pratiques pastorales dans la vallée de Limi, je montre comment les Limey - les habitants de cette vallée - conçoivent les humains comme faisant partie d'un réseau d'êtres en interaction selon les principes directeurs d’une éthique écologique du soin. Cette conception est encadrée par la religion (un mélange syncrétique de bouddhisme Mahayana, de religion Bön et d'animisme), ainsi que par des compétences d'intégration écologique et spirituelle au cœur de la pratique pastorale. Je mets également en garde contre l'erreur consistant à considérer que la relation des locaux à l'environnement, informée par le bouddhisme, est intrinsèquement plus encline aux pratiques écologiques. Je montre comment cette relation est dynamique et évolutive, et influencée par le contexte économique et politique des trente dernières années. Elle a conduit à l'obsolescence progressive du pastoralisme comme principal moyen de subsistance, avec des conséquences sur la relation des habitants locaux au paysage et aux espèces non-humaines.

Dans un contexte de changements globaux, concilier production agricole et préservation de la biodiversité constitue un enjeu majeur. Dans les régions de montagne identifiées comme "High Nature Value", des visions divergentes entre praticiens et écologues prennent la forme d’affrontements d’expertises relatives aux effets des pratiques agricoles sur les dynamiques écologiques. Soucieuse de favoriser les échanges entre les groupes d’acteurs qui s’opposent, cette recherche met en lumière la nature et les conditions d’élaboration des savoirs naturalistes locaux des éleveurs des Pyrénées françaises et espagnoles. Elle considère qu’au-delà des savoirs d’élevage, la fréquentation quotidienne d’une flore et d’une faune non productive permet l’acquisition de savoirs liés à la personnalité de chaque éleveur, mais aussi aux lieux qu’il fréquente. Elle fait l’hypothèse que ces savoirs sont indissociables des caractéristiques spatiales et écologiques des lieux-milieux que les éleveurs façonnent, mais aussi de leur mode d’habiter. Sur la base d’une quarantaine d’entretiens et de l’examen approfondi d’un cas, elle montre l’existence d’un fond de savoirs communs relatifs aux espèces qui posent problème. Pour les autres, des savoirs plus différenciés distinguent par contre les individus et les lieux. Les modes d’habiter constituent un déterminant essentiel de l’acquisition de ces savoirs, encore méconnu des sciences sociales ou écologiques. In a context of global change, reconciling agricultural production and biodiversity preservation is a major challenge. In mountain regions identified as "High Nature Value", divergent visions between shepherds and ecologists take the form of clashes of expertise regarding the effects of agricultural practices on ecological dynamics. In order to promote exchanges between opposing groups of actors, this research aims to shed light on the nature and conditions of the elaboration of the shepherds’ local naturalist knowledge, of the French and Spanish Pyrenees. We consider that beyond the knowledge of breeding, the daily frequentation of a non-productive flora and fauna allows the acquisition of knowledge related to the personality of each shepherds and to the places that he frequents. We therefore assume that this knowledge is inseparable from the spatial and ecological characteristics of the places and environments that the herders shape, but also from their inhabitancy. Based on forty in-depth interviews, we show the existence of a pool of common knowledge, particularly related to wild species that pose a problem for livestock farming. On the other hand, for non-problematic species, much more differentiated knowledge distinguishes individuals and places. Inhabitancy is an essential determinant of this knowledge’s acquisition, but are still understudied by social or ecological sciences. Bajo el contexto de cambio global, conciliar la agricultura y preservación de la biodiversidad resulta un importante desafío. En las regiones montañosas consideradas como « High Nature Value », existen diferentes opiniones respecto a los conflictos y efectos de las prácticas agrícolas sobre las dinámicas ecológicas para los lugareños y ecologistas. Con la finalidad de fomentar los intercambios entre estos divergentes grupos de actores, esta investigación expresa la naturaleza y condiciones de la generación de conocimiento naturalista local de los criadores de los Pirineos franceses y españoles. Se considera que más allá de los conocimientos sobre la crianza, la frecuentación cotidiana de una flora y fauna no productiva fomenta la adquisición de conocimientos vinculados a la personalidad de cada criador, pero también al lugar que frecuenta. Plantea la hipótesis que estos conocimientos son indisociables de las características del lugar-medio que los criadores construyen, pero también de su forma de habitar. A partir de una cuarentena de entrevistas y el profundo análisis de un estudio de caso, se demuestra la existencia de un conjunto de saberes comunes relativos a las especies que causan problemas. Por otro lado, para las especies no problemáticas, se distinguen un conocimiento mas diferenciado entre individuos y lugares. Los modos de habitar constituyen un elemento esencial en la adquisición de estos conocimientos, todavía desconocidos para las ciencias sociales o ecológicas.

In a context of global change, reconciling agricultural production and biodiversity preservation is a major challenge. In mountain regions identified as "High Nature Value", divergent visions between shepherds and ecologists take the form of clashes of expertise regarding the effects of agricultural practices on ecological dynamics. In order to promote exchanges between opposing groups of actors, this research aims to shed light on the nature and conditions of the elaboration of the shepherds’ local naturalist knowledge, of the French and Spanish Pyrenees. We consider that beyond the knowledge of breeding, the daily frequentation of a non-productive flora and fauna allows the acquisition of knowledge related to the personality of each shepherds and to the places that he frequents. We therefore assume that this knowledge is inseparable from the spatial and ecological characteristics of the places and environments that the herders shape, but also from their inhabitancy. Based on forty in-depth interviews, we show the existence of a pool of common knowledge, particularly related to wild species that pose a problem for livestock farming. On the other hand, for non-problematic species, much more differentiated knowledge distinguishes individuals and places. Inhabitancy is an essential determinant of this knowledge’s acquisition, but are still understudied by social or ecological sciences., Bajo el contexto de cambio global, conciliar la agricultura y preservación de la biodiversidad resulta un importante desafío. En las regiones montañosas consideradas como « High Nature Value », existen diferentes opiniones respecto a los conflictos y efectos de las prácticas agrícolas sobre las dinámicas ecológicas para los lugareños y ecologistas. Con la finalidad de fomentar los intercambios entre estos divergentes grupos de actores, esta investigación expresa la naturaleza y condiciones de la generación de conocimiento naturalista local de los criadores de los Pirineos franceses y españoles. Se considera que más allá de los conocimientos sobre la crianza, la frecuentación cotidiana de una flora y fauna no productiva fomenta la adquisición de conocimientos vinculados a la personalidad de cada criador, pero también al lugar que frecuenta. Plantea la hipótesis que estos conocimientos son indisociables de las características del lugar-medio que los criadores construyen, pero también de su forma de habitar. A partir de una cuarentena de entrevistas y el profundo análisis de un estudio de caso, se demuestra la existencia de un conjunto de saberes comunes relativos a las especies que causan problemas. Por otro lado, para las especies no problemáticas, se distinguen un conocimiento mas diferenciado entre individuos y lugares. Los modos de habitar constituyen un elemento esencial en la adquisición de estos conocimientos, todavía desconocidos para las ciencias sociales o ecológicas., Dans un contexte de changements globaux, concilier production agricole et préservation de la biodiversité constitue un enjeu majeur. Dans les régions de montagne identifiées comme "High Nature Value", des visions divergentes entre praticiens et écologues prennent la forme d’affrontements d’expertises relatives aux effets des pratiques agricoles sur les dynamiques écologiques. Soucieuse de favoriser les échanges entre les groupes d’acteurs qui s’opposent, cette recherche met en lumière la nature et les conditions d’élaboration des savoirs naturalistes locaux des éleveurs des Pyrénées françaises et espagnoles. Elle considère qu’au-delà des savoirs d’élevage, la fréquentation quotidienne d’une flore et d’une faune non productive permet l’acquisition de savoirs liés à la personnalité de chaque éleveur, mais aussi aux lieux qu’il fréquente. Elle fait l’hypothèse que ces savoirs sont indissociables des caractéristiques spatiales et écologiques des lieux-milieux que les éleveurs façonnent, mais aussi de leur mode d’habiter. Sur la base d’une quarantaine d’entretiens et de l’examen approfondi d’un cas, elle montre l’existence d’un fond de savoirs communs relatifs aux espèces qui posent problème. Pour les autres, des savoirs plus différenciés distinguent par contre les individus et les lieux. Les modes d’habiter constituent un déterminant essentiel de l’acquisition de ces savoirs, encore méconnu des sciences sociales ou écologiques.

In this article, we will first recount the stories of a green Sahel described as a golden age of food by the older ones. These anamnestic data provided by the «long memory» will be analyzed and compared with the existing documentation in order to carry out a kind of ethnohistory of the diet. When we speak of “long memory”, we are referring here to the discourses of individuals, and thus in part to their collective and individual memory work. Then we will look at the climate crisis of the 1970s, which had affected five countries in the Sahel, including Senegal. This severe drought is presented in the accounts as the one that has shaken the observed pastoral society. Finally, the climate change adaptation strategies that have followed this memorable drought will also be questioned in their impacts on the food practices of Fulani pastoralists., Dans cet article, d’abord nous relaterons les récits d’un Sahel verdoyant décrit comme un Âge d’or alimentaire par les plus âgés. Ces données anamnestiques fournies par la « mémoire longue » seront analysées et confrontées à la documentation existante afin d’effectuer une sorte d’ethnohistoire de l’alimentation. En parlant de « mémoire longue », nous faisons ici référence aux discours des individus, et donc en partie à leur travail de mémoire, collectif comme individuel. Ensuite nous nous intéresserons à la crise climatique des années 1970, qui avait affecté cinq pays du Sahel dont le Sénégal. Cette grave sécheresse est présentée dans les récits comme étant celle qui a ébranlé la société pastorale observée. En dernier lieu, les stratégies d’adaptation aux changements climatiques qui ont suivi cette sécheresse mémorable seront également interrogées dans leurs impacts sur les pratiques alimentaires des pasteurs peuls.

In Sahelian countries, pastoralismis the main income-generating activity for rural households. This activity takes place in a context of opportunities and risks. In terms of opportunities, projections show an increase in demand for meat and milk in developing countries due to population growth and rapid urbanisation. However, pastoral activity takes place in a context of exposure to various shocks, the most significant of which are climatic. This situation raises the issue of the vulnerability of pastoral households to growing inequalities in terms of both income and livestock assets. High levels of inequality combined with persistent poverty can reduce the resilience of pastoral households to climatic crises or other shocks. This thesis is set in such a context to better understand the dynamics within pastoral systems with regard to increasing inequality, climate variability and exposure to shocks. To this end, we distinguish two parts: the first is dedicated to the analysis of income inequalities, and the second focuses on coping strategies in the face of various shocks.The first part focuses on the analysis of income inequalities in the pastoral environment in Senegal and the role of diversification of income sources. Chapter 1 shows the importance of income inequalities within pastoralist households, which are of the order of 0.509 in relation to overall income. When decomposed by income source, sales from cattle appear to be the most inequality generating. In contrast, self-consumption and income from sales of small ruminants tend to reduce inequality, showing their role in the economy of the most vulnerable households. Chapter 2 extends the first chapter on inequality by drawing on a broader database of PRAPS respondents. This chapter examines the impact of activity diversification on income levels and the generation of inequalities. The results show a positive effect of diversification of income sources on the welfare of pastoralist households, benefiting more the less livestock-rich households. The decomposition of inequalities by income source highlighted the potential of diversification activities to reduce inequalities in pastoralist households.The second part of the thesis focuses on coping strategies in the face of shocks. Chapter 3 measures the economic impacts of climate change in pastoral systems in Senegal. The results of the Ricardian approach show that pastoral activity is very sensitive to climatic conditions, with a non-linear relationship between pastoral income and rainfall and temperature variables. In addition, climatic conditions influence the choice of animal species with the adoption of small ruminants to the detriment of cattle. Climate change simulations show losses in pastoral income of around 47% in the long term in a pessimistic scenario. Chapter 4 places pastoralism in the context of exposure to various shocks in Sahelian pastoral systems. The results show that most pastoral households in Chad have been affected by several shocks over the past period, with small-scale pastoralists more affected by market and climatic shocks than large-scale pastoralists, who are mainly affected by animal diseases. Differences appear in the strategies adopted according to the shocks, even if mobility, with increased and more frequent movements, remains the main strategy. Considering the categories, pastoral households resort more to mobility strategies and adoption of resilient animal species compared to agro-pastoral households relying much more on diversification of income sources.; Dans les pays sahéliens, l’élevage pastoral constitue la principale source de revenus pour les ménages ruraux. Cette activité bénéficie d’un certain nombre d’opportunités économiques, dont en particulier l’augmentation de la demande de viande et de lait qui découle de la croissance démographique et de l’urbanisation rapide. Toutefois, l’élevage pastoral doit faire face à de nombreuses contraintes et à divers chocs dont les plus prégnants sont d’ordre climatique. Cette situation pose la problématique de la vulnérabilité des ménages pastoraux et des inégalités qui caractérisent ces familles, tant en termes de revenus que de dotation de bétail. La pauvreté persistante réduit la résilience des ménages pastoraux face aux crises climatiques ou à d’autres chocs. Cette thèse vise à mieux comprendre et caractériser les inégalités de revenus au sein des systèmes pastoraux au regard de leurs systèmes d’activités, de la variabilité climatique et de l’exposition aux chocs. Pour cela, nous distinguons deux parties : la première est dédiée à l’analyse des inégalités de revenus, et la seconde est axée sur les stratégies d’adaptation face à divers chocs.La première partie met l’accent sur l’analyse des inégalités de revenus et sur le rôle de la diversification des sources de revenus en milieu pastoral au Sénégal.. Le Chapitre 1 montre l’importance des inégalités de revenus au sein des ménages pastoraux, avec un indice de Gini de l’ordre de 0,509 suivant les revenus globaux. La décomposition de cet indice par sources de revenus montre l’importance des ventes de bovins dans ces inégalités. En revanche, l’autoconsommation et les revenus issus des ventes de petits ruminants tendent à réduire les inégalités, montrant leur rôle dans l’économie des ménages les plus vulnérables. Le Chapitre 2 prolonge cette réflexion sur les inégalités en s’appuyant sur une base de données plus élargie. Nous montrons un effet positif de la diversification des sources de revenus sur le bien-être des ménages pastoraux, notamment pour les ménages moins bien dotés en bétail. La seconde partie de la thèse porte sur les stratégies d’adaptation face aux chocs. Le chapitre 3 mesure les impacts économiques du changement climatique dans les systèmes pastoraux au Sénégal. En mobilisant l’approche ricardienne des liens entre revenus et climat, nous montrons que l’activité pastorale est très sensible aux conditions climatiques avec une relation non linéaire entre les revenus pastoraux et les variables de précipitations et de température. En outre, les conditions climatiques pèsent sur le choix des espèces animales avec l’adoption de petits ruminants au détriment des bovins. Les simulations de changement climatique montrent des pertes de revenus pastoraux de l’ordre de 47% à long terme dans un cas de scenario pessimiste. Le Chapitre 4 inscrit le pastoralisme dans un contexte d’exposition a divers chocs dans les systèmes pastoraux sahéliens. Les résultats montrent que la plupart des ménages pastoraux au Tchad ont été affectés par plusieurs chocs au cours de la période précédente avec de petits éleveurs davantage affectés par des chocs de marché et des chocs climatiques comparativement aux gros éleveurs confrontés surtout à des maladies animales. Des différences apparaissent dans les stratégies adoptées pour répondre à divers types de chocs, mais la mobilité (augmentation des déplacements et de leur fréquence) demeure la principale stratégie d’adaptation. Les ménages pastoraux au sens strict recourent davantage aux stratégies de mobilité et d’adoption d’espèces animales résilientes comparativement aux ménages agro-pastoraux qui s’appuient beaucoup plus sur la diversification des sources de revenus.

This paper presents an overview of the Late Prehistoric mining systems and strategies that were brought to light at Duzdağı during the 2011-2016 excavations. The earliest evidence for salt extraction was found on the south-western slope of the dome, where a fairly soft layer of salt (Salt Level 2) was reached in area M1 under a thick layer of colluvium: Kura-Araxes mining cells, possibly related to a small-scale salt procurement system, were brought to light in that area together with a number of potsherds; these cells were dated through the pottery evidence and two 14C readings to the 3000-2600 BCE time span, but a number of sherds collected from other areas of the dome may be dated to the second quarter of the fourth millennium through comparisons with the Kura-Araxes pottery found on the Late Chalcolithic mobile camp of Şorsu. In spite of the presence of Late Chalcolithic potsherds (Ovçular Tepesi type) over the slopes of the dome, no related mining infrastructures were found, which suggests that salt exploitation during the second half of the 5th millennium was opportunistic and occasional. Later evidence of salt mining is, on the other hand, attested in area M1, where the traces of large salt slabs, probably hewn by professional miners, were visible to the east of the Kura-Araxes mining cells. This mining system was dated through the pottery and a series of 14C readings to the Late Bronze/Early Iron Age (ca 1200-900 BC cal.). After the abandonment of this area, some form of salt exploitation went on, as suggested by the remains of animal dung found on top of the colluvium deposits, but no related mining infrastructure could be brought to light. Lastly, a third system of salt extraction could be evidenced in area M9, where mining activities were carried out in the earliest geological salt deposit (Salt Layer 1), which is characterized by its hardness. A few ceramic potsherds and tool remains were embedded in the debris of these mining works, which could be dated through four 14C dates to the Late Iron Age (ca 400-30 BC cal.). The imprints left by tool marks over the walls of the mine suggest that ca 32x22 cm salt blocks were extracted with metal picks, within a fairly sophisticated infrastructure that required propping the overhang that resulted from mining with wooden posts and beams. Cet article passe en revue les systèmes miniers protohistoriques mis au jour par les fouilles de Duzdağı entre 2011 et 2016. Les premières traces d’extraction du sel ont été mises en évidence sur les pentes sud-ouest du dôme, où un niveau de sel assez tendre (niveau de sel 2) a été atteint dans le chantier M1 sous une épaisse couche de colluvions : des cellules minières kuro-araxes, peut-être reliées à un système d’exploitation à petite échelle, ont été découvertes, avec quelques céramiques : ces cellules ont pu être datées grâce à la céramique et deux datations radiocarbones de la période 3000-2600 av. J.‑C. ; mais certains tessons provenant d’autres zones du site ont pu être attribués au deuxième quart du IVe millénaire par analogie avec la céramique kuro-araxe du camp mobile de Şorsu, datée du Chalcolithique récent. Malgré la présence de céramique de type Ovçular Tepesi sur les pentes du dôme, aucune infrastructure minière datant de la deuxième moitié du Ve millénaire n’a pu être retrouvée, ce qui signifierait que l’exploitation du sel à cette époque était occasionnelle et opportuniste. Des infrastructures plus tardives, en revanche, sont attestées en M1, où les fantômes de grandes dalles de sel, probablement extraites par des mineurs professionnels, sont visibles à l’est des cellules kuro-araxes. Ce système d’extraction a été daté, grâce à la poterie et à une série de datations radiocarbones, de la période du Bronze récent/Fer ancien (ca 1200‑900 av. J.‑C.). Après l’abandon de cette zone d’extraction, une forme d’exploitation du sel s’est poursuivie, comme le suggère la présence de déjections animales retrouvées au-dessus des couches de colluvions, mais aucune infrastructure minière n’a été mise au jour. Enfin, un troisième système d’extraction est illustré dans le chantier M9, où une activité minière est attestée dans le niveau de sel géologique le plus ancien (niveau de sel 1), caractérisé par sa dureté. Quelques tessons de céramique et des restes d’outils étaient imbriqués dans les débris miniers, datés par quatre datations radiocarbones du Fer récent (ca 400‑30 av. J.‑C.). Les traces laissées par les outils miniers sur le front de taille suggèrent que des blocs d’une taille de 32 x 22 cm environ étaient extraits avec des outils en métal, à l’intérieur d’une infrastructure assez sophistiquée nécessitant l’étayage de l’encavement au moyen de piliers et de poutres en bois.

This article gives the results of the analyses made by several specialists on some of the raw materials (metal, obsidian and semi-precious stones) found at Mentesh Tepe (Middle Kura Valley, Azerbaijan) during the Late Chalcolithic and Early Bronze Age periods. They show that the procurement zone extends between 30 to 300 km away from the site. The copper and arsenic sources used during the Late Chalcolithic period are confined to the volcanogenic massif sulfide deposits (VMS) in the Lesser Caucasus to the south of Mentesh Tepe. Questions are still raised on their origins during the Early Bronze Age, with gold and tin during the same period yet of unknown provenance. Obsidian analyses show that various sources were used, some being very far (actual Turkey). Gegham, in Armenia, was by far the most important one during the Late Chalcolithic period, while Chikiani, in Georgia, has possibly played this role during the EBA. Finally, the raw material used for the beads come from ophiolitic series and volcanic contexts in the Lesser Caucasus, at a short distance from Mentesh Tepe. Cet article présente les résultats d’analyses faites par plusieurs spécialistes sur une partie des matières premières (métal, obsidienne et pierres semi-précieuses) trouvées à Mentesh Tepe (moyenne vallée de la Kura, Azerbaïdjan) et datant des périodes du Chalcolithique récent et du début de l’âge du Bronze. Ils montrent que la zone d’approvisionnement se situe à une distance de 30 à 300 km du site. Les sources de cuivre et d’arsenic utilisées pendant le Chalcolithique récent se trouvent dans les « gisements de sulfures massifs volcanogènes » (VMS) qui s’étirent au sud du site dans le Petit Caucase. La question de leur origine pendant le début de l’âge du Bronze reste posée, de même que celle de l’or et de l’étain à la même époque. Les analyses de provenance de l’obsidienne montrent que plusieurs sources ont été utilisées, dont certaines, situées en Turquie actuelle, étaient très éloignées. Gegham, en Arménie, a été de loin la zone d’approvisionnement la plus importante au Chalcolithique récent, tandis qu’il est possible que Chikiani, en Géorgie, ait joué ce rôle au début de l’âge du Bronze. Enfin, les matières premières utilisées pour les perles viennent de couches ophiolitiques et de contextes volcaniques du Petit Caucase situés non loin de Mentesh Tepe.

This article examines mineral resources on the territory of Armenia, the exploitation of metal (copper) and obsidian sources, and the distribution of raw materials during the Early Bronze Age. Although agricultural conditions were the main factors influencing the formation of settlement patterns, there is a clear confinement of some Kura-Araxes settlements to copper deposits and geographical features (passes, ravines) that provided control over routes through which raw materials could be obtained. This article demonstrates that in some cases the presence of relatively rare resources (such as salt) may have been one of the factors that contributed to the formation of multicultural communities, including various (sub-) Kura-Araxes groups. Cet article examine les ressources minérales attestées sur le territoire de l’Arménie, l’exploitation du métal (cuivre) et des sources d’obsidienne, ainsi que la distribution des matières premières au cours du Bronze ancien. Quoique les conditions agricoles aient été les principaux facteurs ayant influencé la formation des structures de peuplement, il semblerait que certains sites kuro-araxes aient été fondés en fonction de la localisation des dépôts cuprifères et des particularités géographiques (cols, ravins) permettant de contrôler les routes d’accès à ces matières premières. Cet article démontre que, dans certains cas, la présence de certaines ressources relativement rares (comme le sel) a pu contribuer à la formation de communautés multiculturelles comprenant plusieurs (sous-) groupes kuro-araxes.

The potential of different trace elements for provenance studies of gold artefacts from the Lesser Caucasus is discussed in this paper. We provide a geochemical characterization of Bronze Age artefacts and gold from the prehistoric mine of Sakdrisi as well as nearby placer deposits. The mining activities of the Kura-Araxes period took place in the oxidation zone of the Sakdrisi deposit, where gold occurs in boxwork structures of oxidized and dissolved sulfidic minerals of ore in the ancient galleries. Gold from the mine as well as gold from placer deposits in the Sakdrisi-Bolnisi district are characterized by silver in the percentage level (up to 40 wt%) and small amounts of trace elements, which, in general, is typical for natural gold. The Bronze Age gold artefacts from the Lesser Caucasus also contain silver, with a variation within the range of natural gold, as well as a small percentage of copper. The geochemical characterization of the artefacts shows an extensive use of alluvial gold identified by a combination of the trace element tin, originating from primary deposits in acidic rocks, and platinum group elements (PGE), originating from primary deposits in (ultra-) basic rocks. We propose different sources for the gold artefacts based on a large variation in their trace element composition. Owing to the change of the chemical composition during metallurgical operations, resulting in an enrichment of copper and trace elements by co-melting of heavy mineral concentrates and an alteration by metallurgical processing, it is not possible to link gold artefacts to specific gold occurrences. Moreover, the lead isotope ratios measured from the gold artefacts cannot be used to trace back the primary gold sources. If additional silver was added to create some of the artefacts, lead isotopes would trace back to these silver sources. However, if unalloyed alluvial gold was used, lead isotope ratios would reflect a mixture of lead sources potentially deriving from multiple local ore deposits in protoliths whose erosion products were accumulated in the placer deposits and subsequently incorporated during co-melting into the gold artefacts. Thus, only sources in a regional context can be discussed. Cet article traite du potentiel d’analyse des différents éléments traces dans les études de provenance des objets en or du Petit Caucase. Nous avons effectué une caractérisation géochimique des artefacts et de l’or de la mine protohistorique de Sakdrisi, ainsi que des dépôts d’or alluvial se trouvant à proximité. Les activités minières de la période kuro-araxe ont eu lieu dans la zone d’oxydation du dépôt de Sakdrisi, où l’or apparaît dans des structures en nid d’abeille laissées dans les anciennes galeries par des minéraux sulfidiques oxydés et dissous. L’or de la mine, ainsi que l’or des dépôts alluviaux du district de Sakdrisi-Bolnisi se caractérisent par un pourcentage d’argent (jusqu’à 40 % en poids) et une petite quantité d’éléments traces, ce qui est en général caractéristique de l’or naturel. Les artefacts en or du Petit Caucase à l’âge du Bronze contiennent souvent aussi de l’argent, dans une proportion qui est celle de l’or naturel, ainsi qu’un petit pourcentage de cuivre. La caractérisation géochimique des artefacts a révélé un usage extensif de l’or alluvial à travers une combinaison d’éléments traces comme l’étain, provenant des dépôts primaires de roches acides, ainsi que des éléments du groupe du platine (PGE), provenant des dépôts primaires de roches (ultra-) basiques. Étant donné le large éventail d’éléments traces dans la composition de ces artefacts en or, nous proposons différentes origines possibles. En raison des changements se produisant dans la composition chimique pendant les opérations métallurgiques, se traduisant par un enrichissement en cuivre et en éléments traces par co-fusion des minéraux lourds concentrés, ainsi que par une altération résultant du processus métallurgique même, il n’est pas possible de relier ces artefacts à des dépôts aurifères particuliers. Par ailleurs, les ratios isotopiques du plomb mesurés dans ces objets en or ne permettent pas de remonter jusqu’aux sources primaires de l’or. Si de l’argent était ajouté pour fabriquer certains de ces artefacts par exemple, les isotopes du plomb nous renverraient à ces dépôts d’argent. Quoi qu’il en soit, si de l’or alluvial était utilisé sans aucun alliage, les isotopes du plomb refléteraient alors un mélange de dépôts plombifères provenant potentiellement des multiples dépôts de minerais situés dans les protolithes : les dérivés de l’érosion s’accumulant dans les dépôts d’or alluvial, ils auraient été par la suite incorporés dans les artefacts en or à travers la co-fusion. Pour conclure, on ne peut vraiment étudier les dépôts aurifères que dans leur contexte régional.

When the Sakdrisi complex was discovered and its importance fully apprehended more than 15 years ago, no one realised at the time how much valuable information was to be harvested from field and laboratory work as a result. It is a recognised fact that mining, metallurgy, settlement and societal structures are related to each other as contemporary features: this opens up various new approaches towards understanding a gold-mining society of the late 4th millennium BC. The entire production evidence from the Kura-Araxes production chain will be described in an overview, beginning with the mining, the ore-dressing, the ore-milling and the smelting. This valuable evidence has also enabled the research team to understand the importance gold production once had in daily life and how this influenced the ritual habits and the social system. One basic question is whether the production of gold was at this time a permanent or a part-time activity, especially as there is some ambiguity concerning the way of life of the groups involved in gold production at the beginning: were they mobile or sedentary? This question should be approached not only through qualitative but also quantitative aspects: what labour force was necessary to produce one gram of gold from a rich gold-hematite deposit like Sakdrisi? The research team approached this question by a series of experiments and was able to establish a detailed quantitative calculation of the production steps (the “Paravani calculation”, named after an archaeological site where a golden earring was found). These quantitative data will be used to model the different steps of the work carried out at Sakdrisi and Dzedzvebi and to help us understand the societal consequences that it once entailed. Lorsque le complexe de Sakdrisi a été découvert il y a plus de douze ans, et que son importance est apparue, personne ne se rendait compte à l’époque de l’importante moisson d’informations que livrerait son étude, que ce soit sur le terrain ou en laboratoire. On admet désormais que les industries minières, la métallurgie, le site d’habitat et les structures sociales sont des éléments contemporains liés les uns aux autres : ceci ouvre diverses perspectives permettant de mieux saisir la société minière de la fin du IVe millénaire avant notre ère. Cet article se propose de décrire de façon succincte la chaîne de production kuro-araxe dans son entièreté, en commençant par l’extraction et la préparation du minerai, sa mise en poudre et enfin l’opération de réduction. Ces données précieuses nous ont aussi permis de comprendre l’importance revêtue jadis par la production de l’or dans la vie quotidienne et son influence sur les rituels et le système social. Une des questions posées est de savoir si la production d’or était à l’époque une activité permanente ou saisonnière, notamment parce qu’une ambiguïté demeure en ce qui concerne le mode de vie des groupes impliqués dans la production de l’or à l’origine. Ces groupes étaient-il mobiles ou sédentaires ? Cette question doit être approchée de façon quantitative et non seulement qualitative : quelle force de travail était nécessaire pour produire un gramme d’or depuis les riches dépôts aurifères de Sakdrisi ? Notre équipe a abordé cette question à travers une série d’expérimentations qui lui ont permis d’établir un calcul quantitatif détaillé des étapes de la production (le « calcul de Paravani », nommé ainsi d’après un site où l’on a découvert une boucle d’oreille en or). Ces données quantitatives seront utilisées pour modéliser les différentes étapes du travail effectué à Sakdrisi et Dzedzebi et nous aider à comprendre les conséquences qu’elles eurent jadis.

The ceramic potsherds found at the Sakdrisi mining site belong for two thirds to the Kura-Araxes period and provide dating material for the undisturbed mining layers belonging to that exploitation period. Other occupation periods are also attested through the presence of potsherds from the Late Bronze and Early Iron Ages, as well as from the late antique and early medieval period, which are also present on a number of settlements in the surroundings. These settlements were not all connected with mining activities. The Kura-Araxes ceramic assemblage is characterized by its high fragmentation and vessel selection, which marks a sharp contrast with that of the mining settlement of Dzedzvebi nearby. The Kura-Araxes ceramic assemblage presented in this article is analysed in accordance with those brought to light on the settlements: it shows that particularly large vessel containers and handled goblets were selected to be used on the mining site. Their ornamentation and clay composition have been compared to those from other Transcaucasian sites: they show that decorative motifs such as spiral ornaments were widely distributed throughout the Transcaucasus. Specific stylistic groups such as Kirovakan ceramics are also present: they probably spread to Kvemo Kartli via the Tbilisi gorge. This diversity of the Kura-Araxes ceramic assemblage found at Sakdrisi is also illustrated by the chemical composition of the ceramics: some of them are close to the Dzedzvebi repertoire, while other groups seem to have come from elsewhere. This shows that the ceramic found at Sakdrisi came from different regions. A second interesting point concerns the function of this pottery: some of the potsherds display traces of secondary use, as shown by use-wear analysis and taphonomic observations. Some of the handles and body sherds were obviously used as ad hoc tools, perhaps on fur, in order to gather ore-grains that fell down during the crushing and milling processes. Other usages are also possible: their damaged and soft surfaces produce a reddish powder that might have been used for marking surfaces or as a body paint. However, it is clear that most of the ceramic vessels were originally used near the entrances to the mine (e.g. as a water drinking set), but once broken, were later reused for various other ad hoc purposes. Les tessons de céramique collectés sur le site de Sakdrisi datent pour la plupart de la période kuro-araxe (deux tiers d’entre eux) ; ils permettent ainsi de dater les niveaux de la mine non perturbés du Bronze ancien. Les céramiques datant de l’Antiquité sont présentes dans les mêmes proportions que celles des autres périodes mises en évidence sur le site (Bronze récent/Fer ancien et période médiévale), lesquelles sont aussi attestées sur certains sites des environs. Ces sites n’étaient pas tous liés à l’exploitation minière. En ce qui concerne la période kuro-araxe, la forte fragmentation et la sélection des types de vase perceptibles dans la céramique de Sakdrisi sont surprenantes au vu du vaste répertoire de céramiques en usage sur le site de mineurs de Dzedzvebi, situé à proximité. Cet article passe en revue les assemblages céramiques collectés sur les deux sites, en se concentrant sur les vases de particulièrement grande taille et les pots à anse. Leur ornementation et la composition des pâtes est comparée aux répertoires de certains autres sites transcaucasiens. Cette étude montre que les décors en spirale, par exemple, étaient largement distribués à travers la Transcaucasie. Certains styles céramiques, comme le groupe de Kirovakan, ont atteint le Kvemo Kartli via la gorge de Tbilisi. La diversité d’origine des céramiques kuro-araxes de Sakdrisi est perceptible à travers leur composition chimique : si certaines d’entre elles sont similaires à celles de Dzedzvebi, les autres viennent d’ailleurs. Ceci démontre que les céramiques de Sakdrisi n’étaient pas toutes des productions locales. Un autre point intéressant concerne les usages secondaires de certaines céramiques (ré-emploi). Ce point est abordé à partir d’observations tracéologiques et taphonomiques : des anses et d’autres types de tessons ont visiblement été utilisés de façon opportuniste, peut-être sur du cuir afin de gratter les restes de minerai pilé et moulu. D’autres usages sont envisageables : étant donné que ces tessons laissent des traces rougeâtres et poudreuses, ils ont pu être utilisés pour marquer des surfaces ou comme poudre. Cela dit, il est certain que la plupart de ces céramiques ont tout d’abord été utilisées aux entrées de la mine (p. ex. comme vases à eau) pour être ensuite réutilisées une fois cassées à divers usages ad hoc.

An international conference focused on the beginnings of mining and metallurgy in the Caucasus was organised in Tbilisi in June 16th-19th 2016 under the auspices of the National Museum of Georgia. This conference, which was funded by the Agence nationale de la recherche (France) and the Deutsche Forschungsgemeinschaft (Germany), aimed at discussing the intricate relationships between the emergence of mining and metallurgy, and the shaping of late prehistoric societies in south-western Asia. The Caucasus is renowned in Near Eastern archaeology for its wealth in natural resources, in particular in metal ores: for decades, scholars have surmised a specific causal relationships between the rise of complex, hierarchical societies in the Near‑East and the development of extractive metallurgy. Metallurgy, however, is only the most visible part of the story that accounts for the dramatic changes perceptible in south‑western Asia in the course of the 5th millennium BCE. Early mining, which is not restricted to metal-ore mining, certainly also had an impact in terms of economic networks, social dynamics, settlement patterns and regional integration, not only across the Caucasus, but also in the ancient Near and Middle East. Drawing on these fundamental questions, this book explores the socio-economic, technological and environmental background that favoured the rise of systematic mining and extractive metallurgy in the Caucasus at the end of the Chalcolithic. How far was early mining linked to the spread of specific subsistence strategies such as pastoral herding? Were mined resources mainly intended for local consumption or distributed throughout the Near East, towards Anatolia, Iran or Mesopotamia? Here are some of the issues that are discussed in the present volume, which contains 21 articles written by some of the most eminent specialists in Caucasian archaeology. Un colloque international axé sur les origines de l’extraction minière et de la métallurgie dans le Caucase s’est déroulé à Tbilisi du 16 au 19 juin 2016, sous les auspices du Musée national de Géorgie. Ce colloque, financé par l’Agence nationale de la recherche (France) et la Deutsche Forschungsgemeinschaft (Allemagne), avait pour objectif d’aborder les relations entre la naissance des mines et de la métallurgie, et l’évolution des sociétés protohistoriques en Asie du Sud-Ouest. Le Caucase est connu en archéologie orientale pour sa richesse en matières premières, en particulier pour ses ressources métallifères ; pendant des décennies, les chercheurs ont présupposé l’existence d’un lien de causalité particulier entre l’émergence de sociétés complexes hiérarchisées au Proche et Moyen-Orient et le développement de la métallurgie extractive. Pourtant, la métallurgie n’est que la partie émergée d’une histoire marquée par des changements spectaculaires tout au long du V e millénaire avant notre ère. L’extraction minière, par exemple, qui ne se réduit d’ailleurs pas à l’exploitation des minerais métallifères, a certainement eu aussi un impact sur les dynamiques sociales, les structures de peuplement, l’organisation des réseaux économiques et les processus d’intégration régionale, en Orient comme dans le Caucase. Partant de ces questions fondamentales, cet ouvrage explore le contexte socioéconomique, technologique et environnemental dans lequel se sont développées la métallurgie et l’extraction minière à la fin du Chalcolithique dans le Caucase. Ainsi, dans quelle mesure les premières exploitations minières sont-elles liées à des stratégies de subsistance spécifiques, tel le pastoralisme ? Les ressources exploitées étaient-elles destinées à la seule consommation locale ? Ou bien étaient-elles aussi distribuées à travers le Proche-Orient, l’Anatolie, l’Iran ou la Mésopotamie ? Tels sont les thèmes abordés dans ce volume, qui contient 21 articles rédigés par quelques-uns des plus éminents spécialistes de l’archéologie du Caucase.

The practice of herd mobility by Chalcolithic and Kura-Araxes populations in the Caucasus has often been postulated. However, this assumption was only based on the presence of certain artefacts and the architectural evidence, as well as on analogies with modern mobile groups living in the region and adjacent areas. Direct evidence is given here through zooarchaeological and isotopic analyses, which testify to the existence of seasonal vertical mobility for animal herds in the South Caucasus as early as the second half of the 5th millennium BC: this is demonstrated by the absence of the herds, which included sheep, goats and cattle, in the vicinity of lowland settlements in the spring and summer seasons as they were moved to moist areas located in high elevation. Moreover, according to the strontium isotopic analyses, these summer pastures were located in areas that were geologically distinct from winter lowland pastures. The demonstration that the seasonal vertical mobility of the herds was practiced by Chalcolithic communities makes it possible to discuss the contribution of this particular form of herd management to the concomitant rise of the exploitation of mineral resources. On a longtemps supposé que les groupes chalcolithiques et kuro-araxes établis au Caucase étaient des pasteurs mobiles. Mais ce postulat ne reposait que sur des preuves indirectes, comme la présence d’artefacts particuliers et un certain type d’architecture, ainsi que sur des analogies avec les groupes nomades actuels du Proche et Moyen-Orient. En nous fondant sur une étude archéozoologique et l’analyse des isotopes stables de l’oxygène, du carbone et du strontium, nous apportons ici des éléments démontrant l’existence d’une mobilité verticale saisonnière des troupeaux dans le sud du Caucase dès la fin du Ve millénaire av. J.‑C. Les moutons, chèvres et bovins des établissements situés en plaine étaient largement absents des enregistrements archéologiques de printemps et d’été, car les troupeaux étaient déplacés vers des pâturages d’altitude. Ces alpages étaient par ailleurs situés dans des zones géologiquement distinctes des pâturages d’hivers situés en plaine. Après avoir démontré l’existence de transhumances verticales au Chalcolithique, nous examinons le rôle que cette forme spécialisée d’élevage a pu avoir dans l’essor de l’exploitation des ressources minérales et dans leur distribution à la même époque.

The settlement of Godedzor is located at 1,800 m asl in the region of Syunik (south-eastern Armenia). Previous studies have highlighted the strategic position of the site in connection to both east to west and north to south routes of communication and in relation to the proximity to the main obsidian outcrops of the region. Excavations at Godedzor started in 2005 and revealed three main levels of occupation consisting of wooden and stone architecture. A substantial set of radiocarbon datings proves that the occupation at Godedzor can be dated to the mid 4th millennium and highlights that the site is one of the latest Chalcolithic occupations discovered so far in the southern Caucasus. In this paper, the most recent research on the architectural, ceramic, archeozoological and archeobotanical evidence from Godedzor is analysed and combined so as to build a comprehensive picture on the strategies of the pastoral groups that occupied Godedzor, on their origins and finally on the role that these groups played in the circulation of the obsidian in north-western Iran and in the introduction of farming practices in the highlands of southern Armenia. L’établissement de Godedzor est situé à 1 800 m d’altitude dans la région du Syunik (sud-est de l’Arménie). Les études précédentes avaient souligné l’implantation stratégique de ce site au cœur d’un réseau de voies de communication est-ouest et nord-sud, à proximité des principaux gisements d’obsidienne de la région. Les fouilles de Godedzor, entreprises en 2005, ont révélé trois niveaux d’occupation avec une architecture de bois et de pierre. Un important corpus de datations au radiocarbone montre que l’occupation de Godedzor remonte au milieu du IVe millénaire et met en évidence que, parmi les occupations chalcolithiques découvertes à ce jour dans le sud du Caucase, il s’agit d’une des plus tardives. Dans cet article, les recherches récentes sur les vestiges architecturaux, la production céramique, les données archéozoologiques et archéobotaniques de Godedzor sont analysées et synthétisées dans le but d’obtenir une vue d’ensemble des stratégies des groupes pastoraux qui ont occupé ce site, de leur provenance, ainsi que de leur rôle dans la circulation de l’obsidienne vers le nord-ouest de l’Iran et dans l’introduction des pratiques agricoles sur les hautes terres du sud de l’Arménie.

Introduction The Caucasus is renowned in near-eastern archaeology for its wealth in natural resources, in particular in metal ores (fig. 1): scholars, for decades, have surmised causal relationships between the rise of complex, hierarchical societies in the Near East and the development of extractive metallurgy (e.g. Childe 1930; Childe 1944; Wailes 1996; Frangipane 2017). Metallurgy, however, is only the most visible part of the story that accounts for the dramatic changes that shaped south-...

The highlands of Iran, with their rich mineral resources, are known as one of the hotspots of early metallurgy. Following a long gap in archaeological research after 1979, the work carried out since 2000 has made possible to gain a more detailed understanding of the early steps of metal exploitation and usage in Iran. The new investigations enable us to trace a technological development that begins with hammering and annealing of copper in the Neolithic period, proceeds with small-scale smelting and casting during the 5th millennium BCE, and from the early 4th millennium on evolves into an advanced copper and silver metallurgy whose products circulate widely and supply consumers in the lowlands of Khuzestan and probably Mesopotamia. The foundation of the first urban sites in the late 4th millennium BCE correlates with a quantum leap in metallurgical technology that became possible through the introduction of updraft furnaces. From that moment onwards, we can also observe experimentation in the production of various alloys such as arsenic copper. Surprisingly, tin bronze is introduced to highland Iran only in the 2nd millennium BCE. Raw materials for the metal industry were in the beginning native metals. The mining areas, which are widely known in Iran, can rarely be dated, therefore to establish the beginning of opencast and underground mine exploitation remains a problem; however, at the latest from the Bronze Age onwards, underground shafts were used to obtain the desired materials. New research has provided robust data that afford a more precise chronological but also geographical distinction between the various strands of development, which differ according to regional “schools”. Long-distance exchanges of knowledge and objects only occur from the late 4th millennium BCE onwards with the inclusion of the Iranian highlands into a network of urban sites. Both the early development of metallurgy in Iran and its subsequent developments have to be understood in their particular historical setting of political alliances and avoidances. Until the Iron Age, shifting political constellations determine the accessibility and distribution of raw materials and products in Iran and beyond. Les hautes terres d’Iran, avec leurs riches ressources minérales, sont connues pour être l’un des hauts lieux de la métallurgie. Après une longue interruption de la recherche archéologique après 1979, les travaux effectués depuis 2000 ont permis de mieux comprendre les premières étapes de l’exploitation du métal en Iran. Ces nouvelles recherches nous permettent de retracer un développement technologique qui commence avec le martellement et la chauffe du cuivre au Néolithique, se poursuit avec la réduction du minerai et le coulage du métal à petite échelle au Ve millénaire et, à partir du IVe millénaire, par une métallurgie sophistiquée du cuivre et de l’argent, dont les produits circulent à grande échelle et alimentent les consommateurs des basses terres du Khuzestan et probablement de Mésopotamie. La fondation des premiers sites urbains de la fin du IVe millénaire est corollaire d’un bond en avant de la technologie métallurgique, rendu possible grâce à l’introduction de fourneaux à cheminée verticale. C’est à partir de ce moment que l’on peut observer la production de différents types d’alliages comme le cuivre arsénié. Curieusement, le bronze (alliage cuivre-étain) n’est introduit dans les hautes terres d’Iran qu’au IIe millénaire av. J.‑C. Les matières premières utilisées en métallurgie n’étaient au départ que des métaux natifs. Les zones minières, bien répertoriées en Iran, sont rarement datables ; il est donc difficile d’établir le début des exploitations à ciel ouvert ou en milieu souterrain. Cependant, des puits souterrains ont été utilisés au plus tard à l’âge du Bronze pour obtenir les matériaux recherchés. De nouveaux travaux ont fourni des données très solides permettant d’établir des distinctions chronologiques mais aussi géographiques entre les différents courants de développement de la métallurgie, lesquels se répartissent en « écoles » régionales. Les échanges de savoir-faire et d’objets à longue distance ne commencent qu’à partir du IVe millénaire av. J.‑C. avec l’inclusion des hautes terres iraniennes à un réseau de sites urbains. Les plus anciens développements de la métallurgie doivent être replacés, comme par la suite, dans leur contexte historique particulier d’alliances et de barrières régionales. Jusqu’à l’âge du Fer, ce sont des constellations politiques mouvantes qui déterminent l’accès et la distribution des matières premières et des productions métalliques en Iran et aux alentours.

The paper reviews recent work on the manipulation of rock salt in Prehistoric Europe (referring also to work in West Asia). While investigations in the famous mines of Hallstatt and Dürrnberg are the best known, and continue to the present, production using the so-called trough technique in eastern Europe also depended on the extraction of rock salt and its subsequent manipulation in order to produce crystalline salt through evaporation. A crucial, but poorly understood, aspect is what happened to rock salt after it was extracted; for instance, was it ground into manageable lumps? The evidence from ethnoarchaeology and from those sites where grinders have been found is ambiguous, while experimental work in Romania suggests that the troughs were used to help break up the hard rock by letting water drip onto the rock surface. The relationship of humans to the salt rock is considered, in particular the intimate nature of cutting into the substance that was to be consumed. This suggests that salt miners had a very specific attitude to the salt they were working. Cet article passe en revue les travaux récents effectués sur la manipulation du sel gemme en Europe protohistorique tout en faisant référence à la recherche conduite en Asie occidentale. Alors que les travaux menés sur les fameuses mines de Hallstatt et Dürrnberg, toujours en cours, demeurent les plus connus, la production de sel dite de « l’abreuvoir » en Europe de l’Est paraît aussi liée à l’extraction de sel gemme et aux manipulations successives permettant de produire un sel cristallin par évaporation. Une question importante, mais peu étudiée, concerne le devenir du sel après extraction : était-il réduit, par exemple, en morceaux facilement manipulables ? Les exemples fournis par l’ethnoarchéologie et les sites sur lesquels des meules ont été découvertes restent ambigus, tandis que les recherches expérimentales menées en Roumanie suggèrent que des troncs creux (les « abreuvoirs ») étaient utilisés pour aider à la fragmentation des dépôts de sel en faisant tomber de l’eau en goutte-à-goutte sur la surface des dépôts. La réflexion se poursuit en abordant la question des relations entretenues par les êtres humains avec le sel gemme, en particulier la nature intime de l’acte qui consiste à couper dans une substance destinée à être ensuite consommée. Il est ainsi probable que les mineurs avaient un rapport très particulier avec le sel qu’ils exploitaient.

The Caucasus is famous for its physical-geographic and geological characteristics, which ensured favourable conditions for exploiting metal ore and producing metal in ancient times. The wealth of the Caucasus in metalliferous ores has certainly contributed to the early beginning of ore exploitation in the South Caucasus, including Georgia. The prehistoric mining sites of Georgia may be found in two main districts: Aphkhazia, Svaneti and Racha in the Greater Caucasus, and Bolnisi-Dmanisi and Adchara-Guria in the Lesser Caucasus mountain range. Mining stone tools have been discovered on most of these sites. Research on the history of mining in Georgia is a fairly new field. This field had raised some interest in the 19th century, but no real archaeological excavations had been carried out on mining sites in Georgia until the Sakdrisi project. Investigations had so far been limited to surveys, which had only described the mines and recorded some material. And in most cases, the recorded and collected artefacts only consisted of well-preserved and modified mining tools. This paper will discuss the mining tools that are kept in archaeological funds or exhibited at the Georgian National Museum. These collections are not so very rich and varied, but they offer a good overview of common mining tool types. The stone and bone mining tools discovered at the Sakdrisi gold-mining complex will also be studied, especially as regards their use-wear. The gold mine of Sakdrisi is considered as the earliest gold-mining complex (the mine together with the mining settlement – that is the whole metal-producing system) so far known in human history. This complex has yielded a very interesting stone tool collection. They display very different shapes, use-wear traces, hafting systems, which suggest a wide range of functions. It should be noted that the use-wear investigations carried out on some of the obsidian implements and bone tools discovered at Sakdrisi also gave very interesting and fruitful results. Le Caucase est connu pour ses particularités géographiques et géologiques, lesquelles ont fourni un cadre favorable à l’exploitation du minerai métallifère et à la production métallurgique dès les époques anciennes. La richesse du Caucase en minerais métallifères a certainement contribué à l’exploitation précoce des minerais du sud du Caucase, dont la Géorgie. Les sites miniers protohistoriques de Géorgie sont localisés dans deux zones : l’Abkhazie, la Svaneti et Racha pour le Grand Caucase, les régions de Bolnisi-Dmanisi et d’Adchara-Guria pour le Petit Caucase. On a découvert des outils en pierre destinés à l’exploitation minière sur la plupart de ces sites. La recherche sur l’histoire minière de la Géorgie est un domaine assez nouveau. Ce domaine avait suscité un certain intérêt au xixe siècle, mais aucune fouille n’avait été effectuée sur des sites miniers de Géorgie jusqu’aux travaux menés à Sakdrisi. Les recherches s’étaient limitées jusque là à des prospections archéologiques, qui s’étaient contentées de décrire les mines et d’enregistrer un peu de matériel minier. Dans la plupart des cas, il ne s’agissait que d’outils bien conservés et modifiés. Cet article se propose d’étudier les outils miniers conservés dans les fonds archéologiques ou exposés au Musée national de Géorgie. Ces collections ne sont ni riches ni variées, mais elles offrent un bon panorama des outils miniers les plus répandus. Les outils en pierre et en os découverts dans le complexe minier aurifère de Sakdrisi seront également examinés, en particulier sous l’angle de leurs traces d’utilisation. La mine d’or de Sakdrisi est considérée comme le plus ancien complexe minier aurifère connu au monde actuellement. Ce complexe (à savoir la mine et son camp de mineurs, c’est-à-dire l’ensemble de la chaîne de production) a livré une très intéressante collection d’outils en pierre. Ces outils présentent des formes, des traces d’utilisation et des systèmes d’emmanchement très variés, dénotant un vaste répertoire de fonctions. Notons enfin que les études tracéologiques menées sur certains outils en obsidienne ou en os ont également donné des résultats très intéressants et fructueux.