BOCCANFUSO, Laetitia, Centre de Recherches Anglophones (CREA (EA 370)), Université Paris Nanterre (UPN), Fiona Fleming, Julie Loison-Charles, Hervé Mayer, Corinne Alexandre-Garner, BOCCANFUSO, Laetitia, and Fiona Fleming, Julie Loison-Charles, Hervé Mayer
Dans les séries télévisées, la norme prend la forme de la loi, de l’ordre et de la morale mais depuis le renouveau des séries américaines, certaines ont pris le parti des a-normaux et des hors-la-loi avec notamment Dexter et Breaking Bad. Dans ce cas, le centre de gravité de la série est déplacé et l’on demande au public de voir à travers les yeux d’un personnage qui est l’Autre incarné. L’anormalité de ces personnages principaux soulève des questionnements narratologiques et l’article pose la question de la construction d’un personnage qui fait cohabiter deux impératifs contraires : la nécessité d’accrocher le public et l’impossibilité d’être totalement de son point de vue. Dans leur pilote, les deux séries vident leur héros de la persona de leur acteur afin de mettre en place les traits d’un personnage a-normal. Les modalités de cette création varient selon la série et l’on assiste parfois à une réécriture de personnages mythiques de méchants, comme celui du vampire. Au sein du récit, l’énonciation génère de l’empathie afin que le public reste proche des personnages même si quelquefois, il doit deviner ce qu’ils pensent. Dans Dexter, cette empathie est suscitée par la voix d’un narrateur peu fiable et manipulateur qu’on perçoit parfois comme tel. On est donc face à un jeu de rapprochement et de distanciation par rapport au héros altéré. Mais lorsque les épreuves subies par le héros, ou le danger d’être découvert, apparaissent comme les pires des sanctions, le lien entre lui et le public se resserre car la survie du héros altéré au-delà des normes assure la continuité de la diégèse. In TV series, the norm used to be law, order and proper moral values. Howe– ver, since the TV series’ renaissance at the beginning of the 2000s, some of them have focused on the inner lives of the abnormals and the outlaws, e.g. Dexter and Breaking Bad. With those two examples, the main focus has been moved from the good guys to the bad guy, and the audience has been asked to consider things from the eyes of a character who comes to embody the Other. These cha– racters’ abnormality impacts the series’ storytelling. Divided between their func– tion as a hook and the impossibility for this audience to totally agree with them, their construction remains a challenge, and in the article, the question of how to construct such a character is posed. In both series premieres, the persona of the actor playing the hero is emptied out of its substance to be replaced by the content of an abnormal character. The methods vary according to the series and the audience is sometimes given to witness the revival of mythical villains such as vampires. At the heart of the narrative there is empathy so that the audience remains close to the character, even though more often than not, people can only guess what is happening in the hero’s mind. In Dexter, empathy is triggered by the narrator’s voice although he is unreliable. Thus, the audience is faced with a system articulated between proximity with and distance from the hero. Only the suspenseful moments – where the hero is at risk of being exposed for what he actually is – can renew the link between the hero and the viewer and make it strong again, since the continuation of the series depends on the survival of the abnormal hero.