Introduction L’elevation des immunoglobulines (Ig) G4, sous classe d’IgG, est associee a differentes situations pathologiques. La maladie associee aux IgG4 est caracterisee une infiltration tissulaire lymphoplasmocytaire evoluant le plus souvent vers la fibrose et une elevation des IgG4 seriques > 1350 mg/dL. Ce taux n’est pas specifique de la maladie liee aux IgG4, et Ebbo et al. ont decrit une augmentation dans de nombreuses autres situations notamment la M (3,4 % dans cette etude) [1] . En 2014, Mavragani et al. Note un taux eleve d’IgG4 chez 7,5 % des patients presentant un syndrome de Gougerot-Sjogren primaire, et identifiait ce sous-groupe comme a risque d’atteintes viscerales biliaires, pancreatiques et renales [2] . Dans la M, plusieurs etudes ont retrouve une elevation des IgG4 seriques chez les patients infectes ou colonises a Pseudomonas aeruginosa avec defaut d’opsonisation bacterienne et lors des manifestations d’hypersensibilite immediate [3] . Ces etudes soulevaient la question du role de l’infection chronique sur cette elevation des IgG4. L’objectif de notre travail est d’evaluer la prevalence d’une augmentation des IgG4 dans la M, et sa relation avec la situation clinique, microbiologique et pronostique. Patients et methodes Il s’agit d’une etude de cohorte prospective, monocentrique, et transversale, incluant les patients de plus de 18 ans suivis pour une M dans le centre ressource et de competence (CRCM) du CHU de Lyon au cours de l’annee 2013. Les patients greffes ont ete exclus. Les donnees cliniques, biologiques et microbiologiques ont ete retrospectivement recueillies, en particulier le genre, l’âge, l’IMC, l’atteinte des fonctions respiratoires, pancreatiques et endocriniennes ainsi que les manifestations d’hypersensibilite. Les patients ont ete analyses en deux groupes, ceux presentant un taux IgG4 (immunoturbidimetrie) superieur a 1350 mg/dL (IgG4+), et les patients presentant un taux IgG4 inferieur a 1350 mg/dL (IgG4−). Les comparaisons ont ete realisees avec le test de Fisher ou du Chi2 pour les proportions, et par le test de t-Student ou de Mann-Whitney pour les moyennes avec un seuil a p Resultats Cent soixante-cinq patients ont ete inclus dans l’etude et 39 patients greffes exclus. Quarante-trois (26 %) patients presentaient un taux d’IgG4 superieur a 1350 mg/dL, 28 (65,1 %) etaient des hommes, d’âge moyen 29,7 ans et d’IMC moyen 20,6. Les caracteristiques demographiques ne differaient pas entre les groupes IgG4+ et IgG4−. Sur le plan respiratoire, il n’y avait pas de difference statistique entre les deux groupes avec un VEMS moyen a 63 % dans le groupe IgG4+ versus 62,7 % dans le groupe IgG4− (p = 0,96). Nous n’observions pas de difference egalement sur la colonisation chronique (p = 0,28) a Staphylococcus aureus, P. aeruginosa, autres germes fermentants ou mycobacteries atypiques. La prevalence de S. aureus meticilline resistant etait de 18,6 % dans le groupe IgG4+ contre 9,8 % (p = 0,17). Le nombre d’exacerbation moyen annuel dans le groupe IgG4+ est de 1,19 ± 1,4 contre 1 ± 1,35 dans le groupe temoin (p = 0,65) ; 97,7 % patients IgG4+ presentaient une insuffisance pancreatique exocrine contre 89,3 % dans le groupe IgG4− (p = 0,12). 16,5 % des patients presentaient un syndrome d’obstruction intestinale distale quel que soit le groupe. Il n’y avait pas de difference sur la frequence d’atteinte cirrhotique (4,7 % contre 2,5 % ; p = 0,60), ni sur la prise de traitement anti-lithiasique biliaire (27,9 % contre 41,3 % ; p = 0,14). Concernant l’atteinte pancreatique endocrine, 25,6 % versus 23,8 % des patients suivis etaient diabetiques (p = 0,88) avec une HbA1c moyenne de 5,9 % et 5,7 % (p = 0,13). Sept pour cent des patients IgG4+ contre 4,9 % dans le groupe temoin presentaient les symptomes d’arthropathie (p = 0,15). Les patients presentant un taux d’IgG4 eleve ne presentaient pas plus de manifestations d’hypersensibilite medicamenteuse. Il n’y avait pas de difference entre les deux groupes concernant le nombre d’aspergillose broncho-pulmonaire allergique (16,3 % contre 14,8 % ; p = 0,81). On relevait une hypergammaglobulinemie significative dans le groupe IgG4+ (16,11 ± 4,06 contre 13,93 ± 3,51 ; p = 0,001) qui concernait les IgG et les sous-fractions G1 et G2. Conclusion Un taux eleve d’IgG4 a ete detecte chez 26 % de nos patients adultes suivis pour une M et temoigne de l’activation du systeme immunitaire. Ce taux ne semble pas avoir de signification clinique sur la fibrose parenchymateuse ou l’alteration de la fonction respiratoire, sur le degre ou la nature de la colonisation ou sur le pronostic. L’elevation des IgG4 apparait comme etant un epiphenomene immunologique correle a l’intensite d’une hypergammaglobulinemie.