En France, un texte de Loi prévoit dorénavant un encadrement particulièrement strict des mesures d'isolement et de contention s'agissant des patients faisant l'objet de soins contraints en psychiatrie. Ce texte, qui s'ajoute à d'autres déjà existants et eux-mêmes assez récents, est apparu à de nombreux professionnels comme d'une part suspicieux à l'endroit des équipes de psychiatrie, et d'autre part et surtout comme parfaitement inapplicable, sauf à désorganiser les équipes médico-infirmières et administratives. Si ces pratiques sont ainsi (trop ?) encadrées par la loi dans le cadre des soins psychiatriques sans consentement, il n'existe pas de textes juridiques aussi clairs pour leur pratique en amont, dans les services d'urgence spécialisés ou non. Or les équipes de ces services accueillent des patients en crise, agités et potentiellement violents y compris contre eux-mêmes, pour lesquels des mesures alternatives moins restrictives peuvent se montrer inefficaces ou inappropriées et qui nécessitent, sur la base d'arguments cliniques justifiés, des mesures coercitives. Ce travail mené avant la promulgation des textes les plus récents (qui n'abordent pas non plus la pratique en amont de l'hospitalisation) et s'appuyant sur des entretiens avec divers experts, enrichi par la consultation de base de données juridiques, fait le point sur les considérations cliniques, juridiques et éthiques qui doivent encadrer ces pratiques en l'absence d'un cadre juridique clair ou de recommandations nationales. Il apparaît que la pratique de la contention physique dans les services d'urgence s'avère parfois nécessaire. L'étude des dernières décisions dans la jurisprudence française montre que les services d'urgence doivent, dans certaines situations prendre les mesures nécessaires pour les patients « telle que [la] contention, [un] traitement chimique ou [une] surveillance intensive », au risque, sinon, de se mettre en faute. La jurisprudence nous apprend également que la contention physique dans les services d'urgence doit être effectuée dans le respect des recommandations de bonne pratique rédigées dans un autre cadre. Ce socle d'information juridique n'est pas partagé par l'ensemble des praticiens travaillant aux urgences et une meilleure diffusion, notamment par la publication d'un article scientifique synthétisant ces informations, pourrait s'avérer nécessaire. Par ailleurs, en l'absence de recommandations de bonnes pratiques pour la réalisation de la contention physique spécifiquement dans les services d'urgence, le travail de standardisation de la contention physique et des fiches de surveillance semble nécessaire et doit se poursuivre. Enfin, il est fortement recommandé de mettre en place une surveillance de ces pratiques afin de connaître leur étendue, analyser leur évolution dans le temps et viser à terme leur réduction : à cet égard une proposition est faite. Au risque d'un paradoxe provocant, on est tenté de dire qu'aux urgences il y a finalement moins de risque médicolégal à contenir qu'à ne pas contenir – à condition de ne pas le faire sans une surveillance appropriée. Bien sûr, aux urgences plus encore qu'ailleurs, de telles mesures sont transitoires et n'aboutissent pas toujours à une admission en soins psychiatriques contraints. Tout est question de proportionnalité des mesures prises face au danger ressenti. Pour notre part, nous ne souhaitons pas qu'à l'actuel entre-deux juridique qui laisse aux équipes toute la souplesse indispensable à la pratique aux urgences, succède la rigidification législative observée aujourd'hui dans le cadre de l'hospitalisation contrainte – mais encore faut-il que chaque décision soit justifiable, solidement argumentée et tracée. In France, a new law now requires very strict supervision of seclusion and mechanical restraint measures for patients submitted to compulsory, unconsented psychiatric care. Many professionals perceive this law, along with other recent laws and rules, as reflecting defiance towards psychiatry professionals, and, above all, as utterly inapplicable except at the cost of medical and administrative chaos. This law has put in place a strict (overly strict?) framework for the use of seclusion and mechanical restraint in unconsented psychiatric care. No such legal framework is in place, however, for psychiatric or non-psychiatric emergency units. Yet, psychiatric emergency teams look after patients in crisis, agitated and potentially dangerous for others or for themselves. For them, alternative, non-coercive measures are not always appropriate or effective. More coercive measures, may, with demonstrated clinical evidence, be required. The work presented here reviews the medical, legal and ethical considerations which need to be taken into consideration in light of the lack of a framework defined by the law. This work is based on interviews with different experts, and it also considers legal data. It was conducted before the recent law was passed, a law that does not cover medical practice prior to hospitalization in any event. It appears that the practice of physical restraint in emergency departments is sometimes necessary. A study of the latest decisions in French case law shows that emergency services must, in certain situations, take necessary measures for patients "such as restraint, chemical treatment or [intensive] surveillance". If not, they run the risk of being found legally at fault. Case law also teaches us that physical restraint in emergency services must be carried out in accordance with non specific recommendations of good practice. This legal framework is not well-known to all practitioners working in emergency units. It ought to circulate more, thanks perhaps to the release of a scientific article that can synthetize this information. In addition, in the absence of specific good practice recommendations for the implementation of physical restraint in emergency services, more work is needed, on standardization, on protocols for the implementation of physical restraint, and on monitoring trackers. Finally, this works endorses monitoring the use of such coercive measures, in order to plot out its extent, to analyze its evolution over time and ultimately to reduce recourse to it. This work submits a proposal to that end. Ironically, in emergency departments there may ultimately be less forensic risk in physically containing than in not containing - provided that it is done with appropriate supervision. Of course in emergency departments even more than elsewhere such measures are temporary and do not always result in admission to compulsory psychiatric care. Such measures must be proportionate with the perceived risk or danger. In our opinion, the present legal void, which permits all the flexibility that emergency care requires, must not be followed by the legal inflexibility currently applicable to coerced hospitalization. But it is necessary that every medical decision be justifiable, solidly argued and traced. [ABSTRACT FROM AUTHOR]