Dissertation Romanistische Literaturwissenschaft 1990, Heinrich-Heine-Universität Düsseldorf, Prix Drupa 1991; International audience; Die literarische Figur ist ein Kristallisationspunkt literaturtheoretischer Überlegungen und literaturwissenschaftlicher Forschungen. Die vorliegende Arbeit gibt einen umfassenden Überblick über den literaturtheoretischen Themenbereich, den man von der literarischen Figur her entfalten kann. Eine große Anzahl von Konzepten und Modellen zur Beschreibung und Analyse der literarischen Menschendarstellung wird kritisch referiert, systematisiert und an Texten der französischen Literatur erprobt.Die Arbeit ist theoriengeschichtlich gegliedert. Zunächst werden die Vorschriften untersucht, die man in grundlegenden Texten der europäischen Literaturtheorie findet: zum einen die Konzepte und Rezepte, die die griechisch-römische Rhetorik (Aristoteles, Rhetorica ad Herennium, Cicero, Quintilian) für die Redaktion von prosopographischen Texten entwickelt hat, zum anderen die Überlegungen, die in den poetologischen Schriften von Aristoteles und Horaz, in der mittelalterlichen Poetria Nova, der Dichtungstheorie der französischen Klassik und der Dichtungstheorie der Aufklärung über die Charakterzeichnung in der Dichtung und die literarische Personenbeschreibung angestellt werden.Im Mittelteil wird das literarische Porträt als Modellfall prosopographischer Literatur behandelt. Es wird zunächst ein konzeptueller Rahmen abgesteckt, der es ermöglicht, diese Form der Menschendarstellung zu definieren und von anderen Formen abzugrenzen. Am Beispiel von vier Erscheinungsformen des literarischen Porträts (mittelalterliche descriptio superficialis, portrait des 17. Jh., theophrastisches Charaktertypenporträt, Porträt in den Romanen Balzacs) werden dann Struktur und stilistische Gestalt des Porträts sowie Ansätze zu ihrer Analyse erörtert. Im weiteren wird die Untersuchung vom prosopographischen Kurztext auf den Roman ausgedehnt, in dem ein ganzes Figurenensemble mit einer Vielzahl von Darstellungsmitteln charakterisiert wird. Grundlage der Überlegungen sind jetzt Texte der universitären Literaturtheorie des 20. Jahrhunderts: vorstrukturalistische allgemeine Literatur- und Romantheorie, Erzähltheorie, Strukturalismus, Rezeptionstheorie, Neostrukturalismus. Neben wissenschaftlich-deskriptiven Konzepten und Modellen (zur Beschreibung von Darstellungsformen und Inhaltsstrukturen) werden auch normativ-ästhetische Positionen behandelt.In der methodologischen Schlußbetrachtung wird eine systematische Zusammenschau der literaturtheoretischen Überlegungen mit der Analyse eines Ganztextes verknüpft. Das erarbeitete Begriffs- und Analyseinstrumentarium wird auf den Roman La Dentellière von Pascal Lainé angewandt und dabei auf seine Praxisrelevanz überprüft.; La littérature peut être conçue comme la représentation d’êtres humains et, d’une manière plus générale, comme la représentation de la personne humaine, quelle que ce soit l’approche choisie par l’auteur : qu’il brosse le portrait de ses contemporains ou qu’il crée des personnages de fiction, qu’il caractérise une personne en décrivant et en interprétant son apparence et son comportement ou qu’il montre directement sa pensée et ses sentiments, qu’il décrive explicitement les traits de caractère ou qu’il révèle ces derniers à travers les propos et les actes des personnages (ou personnalités historiques), et, enfin, qu’il exprime des idées sur la nature « éternelle » de homme et sur la condition humaine en général, ou qu’il fasse naître sous nos yeux des « sous-catégories » ou des manifestations spécifiques du genre humain, c’est-à-dire des types (psychologiques, sociaux...).Dans cet ouvrage, nous tentons d’esquisser, autour du concept de représentation littéraire de la personne humaine, un cadre théorique et historique permettant d’intégrer un grand nombre d’outils conceptuels et de modèles d’analyse développés dans les domaines de la critique littéraire et de la théorie de la littérature, tout au long de l’histoire de la littérature occidentale, depuis l’Antiquité gréco-romaine (poétique et rhétorique) jusqu’au néo-structuralisme contemporain.Le concept de « représentation de la personne humaine » signifie toutd’abord la représentation de l’homme - de l’être humain - sous forme de personnages littéraires, c’est-à-dire l’invention (au sens rhétorique) de personnages littéraires. Mais ce concept fait également référence aux procédés de caractérisation dans des textes descriptifs ou narratifs.En ce qui concerne l’invention du personnage littéraire, élément du contenu d’un texte, elle peut d’une part être conceptualisée comme la « traduction » d’idées ou d’un fragment de la réalité (catégorie de personnes, type humain). De l’autre part, elle peut être vue comme la « construction », à partir d’un certain nombre d’éléments (traits physiques, psychologiques, sociaux, moraux...), d’un être humain fictif qui prend une certaine forme esthétique et remplit certaines fonctions dans l’œuvre.La représentation de la personne humaine est définie ici comme un phénomène concernant aussi bien le contenu des textes littéraires que le niveau de l’expression (dispositio et elocutio en termes rhétoriques, discours du récit en termes narratologiques). Cette dernière dimension de la représentation de l’homme est désignée ici par les notion de modes, de stratégies ou de procédés de caractérisation du personnage littéraire (ou de la personne humaine). Dans ses grandes lignes, le plan de l’ouvrage suit une trame historique. --- I.Les deux premiers chapitres sont consacrés aux idées concernant la représentation de la personne humaine que l’on trouve dans certains textes théoriques fondateurs de la littérature occidentale, à commencer par l’Antiquité gréco-romaine. Dans la rhétorique, par exemple chez Aristote, chez Quintilien, dans la Rhetorica ad Herennium ou chez Cicéron, on trouve des notions comparables à celle du portrait littéraire, dans le genre de l’éloge (genos epideiktikon) et dans certaines figures de pensée (charakterismos, ethopoiia, effictio, notatio, sermocinatio). Dans le domaine des lieux de l’invention, les loci a persona forment une vaste grille thématique de la représentation de la personne humaine. --- II.Dans le domaine de la poétique, on trouve tout d’abord, chez Aristote la réflexion sur la relation entre le personnage et l’action et sur l’« architecture interne » (les éléments ou « strates » : praxis, ethos, dianoia) du personnage de théâtre. Horace et ses disciples français du XVIIe siècle s’intéressent à cohérence interne (aptum, decorum) dans la représentation de l’homme : caractère, position sociale, nationalité, comportement, discours rapporté... La Poetria nova médiévale combine certains concepts de la rhétorique (théorie du genus demonstrativum, loci a persona) et de la poétique (aptum) dans une poétique de la descriptio superficialis et de la descriptio intrinseca. Au siècle des lumières le problème de la représentation de la personne se pose entre autres en termes de description réaliste et évocatrice. Lessing s’oppose à l’interprétation abusive du principe de l’ut pictura poesis, Diderot s’intéresse à l’effet de réel des « petites circonstances » dans le portrait littéraire.--- III. Le troisième chapitre est consacré à une forme spécifique - emblématique - de la représentation littéraire de la personne humaine, au portrait littéraire. Il s’agit d’abord d’esquisser le champ conceptuel lié au concept de portrait littéraire, en analysant les concepts et les objets de recherche de la critique littéraire. Cela va du genre littéraire à l’image d’une personne historique, en passant par la description dans le récit. Dans un deuxième temps, nous présentons certains des phénomènes historiques qui sont désignés comme portraits littéraires par les chercheurs et les problématiques (éléments descriptifs et narratifs, structure interne, insertion dans le co-texte, réalisme) développées dans l’étude de ces phénomènes : la descriptio superficialis médiévale, le portrait à clé du XVIIe siècle français, le caractère (Théophraste, La Bruyère), la description du personnage dans le roman du XIXe siècle (Balzac).--- IV.La plupart des chapitres de l’ouvrage (chapitres quatre à huit) traitent du personnage de roman et des procédés de caractérisation, descriptifs et narratifs. Le plan des chapitres suit ici l’évolution des débats méthodologiques et esthétiques dans les études littéraires, depuis les années 1950, jusqu’aux théories néo-structuralistes, en passant par la narratologie structuraliste, la sémiotique narrative, et la théorie de la réception. Dans la critique littéraire et dans la théorie de la littérature « traditionnelles » (précédant l’avènement du structuralisme), on trouve de nombreuses observations sur les styles ou procédés de caractérisation, ainsi que des typologies de personnages, fondées sur des critères tels que l’« épaisseur » psychologique, la place du personnage dans l’univers de fiction, ou encore ses fonctions dans l’action et dans la narration. Nostalgiques du roman psychologique et du roman de société du XIXe siècle, certains critiques esquissent une esthétique du personnage littéraire bâtie autour du concept de « liberté » (=caractère imprévisible) ou déplorent la disparition de certains types de personnages (par ex. celle des personnages « représentants du lecteur ») dans le roman d’avant-garde du XXe. Dans d’autres ouvrages, de tendance néo-aristotélicienne, la valeur artistique du personnage de roman est définie par rapport à son implication dans l’action et par son caractère typique. Dans cette perspective, seuls les héros de roman incarnant les grands conflits et combats d’une époque sont jugés convaincants esthétiquement (G. Lukács). --- V.La narratologie structurale ou structuraliste (F. K. Stanzel, E. Lämmert, G. Genette, S. Chatman) fournit les concepts et les modèles pour l’analyse structurale de la représentation, narrative, dramatique ou cinématographique, d’histoires et d’univers fictifs, y compris les « habitants » humains ou anthropomorphes de ces univers, les personnages littéraires (et les personnalités historiques). Les modes et techniques mis en œuvre dans la représentation d’êtres fictifs ou historiques peuvent être décrits en termes de « perspective », de « distance » et de « voix » narratives, la représentation des vies fictives peut être analysée avec les concepts développés pour l’analyse du temps du récit. Les concepts narratologiques permettent également de définir et de répertorier certains procédés de caractérisation considérés comme réalistes ou « mimétiques » (autoportrait implicite, différentes formes de focalisation). On peut également étudier la façon dont les personnages sont instrumentalisés dans la transmission des contenus narratifs, en tant qu’agents de l’auteur-narrateur ou supports du récit (focalisateurs, porte-parole etc.). --- VI.La sémiotique narrative structuraliste (A. J. Greimas, C. Bremond, R. Barthes) refuse la vision psychologique des personnages littéraires qu’il conçoit comme la « surface » textuelle de structures sémantiques (ou sémiotiques) profondes, configurations actantielles ou rôles narratifs, ou comme un ensemble de « sèmes ». Par conséquent, l’analyse du personnage se présente comme l’attribution de rôles actantiels ou narratifs (« sujet », « adjuvant », « destinataire »...) ou comme inventaire de traits distinctifs. --- VII.Les modèles sémiotiques peuvent être critiqués du point de vue de la philosophie analytique du langage (J. R. Searle) et de celui de la psychologie de la réception. Dans l’optique philosophique, le personnage de fiction apparaît non pas comme un « signifié » ou un « signe », mais comme un référent discursif (anthropomorphe), dans l’optique de la théorie de la réception, il se présente comme l’image mentale d’une personne humaine, évoluant au cours de la lecture et susceptible d’être décrite en termes psychologiques ou sociologiques.--- VIII.Avec les théories néo-structuralistes nous retrouvons la conception antipsychologique du personnage, liée à une esthétique anti-illusionniste et s’accompagne d’une prise de position pour les romans d’avant-garde.--- IX.Le dernier chapitre présente une synthèse des concepts et des modèles présentés auparavant, développée au cours de l’analyse d’un petit roman, La dentellière, de Pascal Lainé. Cet exemple d’application remplit en même temps la fonction d’une conclusion de l’ouvrage. Le chapitre comporte trois parties : L’analyse des procédés de caractérisation dans le roman de Lainé repose essentiellement sur les modèles développés dans le domaine de la narratologie (perspective / focalisations, traitement du temps, distance etc.), mais intègre également certains concepts utilisés dans les études sur le portrait littéraire (cohérence, explicite-implicite, rapport être-paraître etc.).L’analyse des personnages eux-mêmes, conçus comme éléments du contenu des œuvres littéraires, concerne aussi bien leur dimension thématique (traits psychologiques et socio-historiques, valeurs morales) que leurs fonctions, au niveau de l’action (protagoniste, « support » de l’action) ou au niveau de la présentation de l’univers fictif et des idées de l’auteur (personnages narrateurs, focalisateurs, porte-parole).L’examen des aspects formels et stylistiques, d’une part, et de la conception des personnages, de l’autre, peut déboucher sur l’évaluation esthétique des différentes dimensions de la représentation de la personne humaine dans une œuvre littéraire : la cohérence des traits, la complexité (l’« épaisseur ») et l’autonomie (caractère imprévisible) des caractères, définie en termes psychologiques ou socio-historiques, la richesse et la variété thématiques caractérisant le « personnel » de l’œuvre, le réalisme (jeu de perspectives, dialectes et sociolectes...) ou la « densité » rhétorique (caractérisation métonymique ou métaphorique...) des moyens stylistiques mis en œuvre dans la caractérisation indirecte.L’analyse de La dentellière met en évidence la valeur heuristique des concepts présentés dans notre ouvrage et montre qu’il est possible de développer, à partir de ces concepts, une méthodologie cohérente et efficace.