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Cet article explore plusieurs « archives croisées » – laïques, monastiques, diplomatiques et privées – qui éclairent l’histoire complexe des éditions du chant grégorien au tournant du xxe siècle. Le récit, qui englobe le parcours de la recherche paléographique des Bénédictins de Solesmes, explique comment la diffusion des archives dans des espaces séparés a effectivement caché un mystère plainchantesque aussi important pour les médiévistes que pour les musicologues de la Belle Époque.

Cette étude éclaire différentes étapes de l’acte compositionnel d’Alexandre Guilmant, de ses débuts boulonnais à la création de la Schola Cantorum : d’abord l’appropriation de styles, puis les commentaires et paraphrases grégoriennes. Ce parcours montre aussi le glissement d’intérêt de Guilmant pour la musique vocale polyphonique vers la musique d’orgue et le positionne ainsi comme un maillon important entre historicisme musical et restauration liturgique.

The chants of the latin Church were transmitted orally from the beginning until the ninth century. A number of variants, which can be spotted in the manuscripts which were preserved from the Carolingian ages, show the diversity of coexistant traditions in the medieval Europe, even before the invention of musical notations. The study of tonal, modal or ornamental variants, whether they are intentional or unintentional, invite to distinguish between errors and authentic choices made by the copist, who is a real witness of the local and cultural traditions. The intellectual or musical interpretations of these chants will take advantage of this rich diversity, much more than the tendency to impose a uniformity, which has no roots in History., Les chants de l’Église latine se sont transmis oralement depuis les origines jusqu’au xe siècle. Les nombreux manuscrits parvenus, depuis l’époque carolingienne, jusqu’à nos jours, attestent par leurs variantes une certaine diversité de traditions coexistant, dès avant l’invention de la notation musicale, dans l’Europe médiévale. L’étude des variantes tonales, modales ou ornementales, soient-elles volontaires ou involontaires, invite à faire une distinction entre des erreurs, ou d’authentiques choix de copistes, témoins de préférences locales ou culturelles. Les interprétations, intellectuelles et musicales, de ces chants bénéficieront de cette riche diversité, plus que de la réduction à une uniformité sans ancrage dans l’histoire.

International audience; It seems natural to us to search for the authentic form of Gregorian chant, as it is thought to have become corrupted over the centuries. But can restoring the melodies of this corpus be reduced to finding its original form free of all error? Indeed, what can we know about melodies that have been written only after several centuries of practice? How can we detect the original version when we know that there was no "composition" in the modern sense? A set of traditional vocal practices constitutes the cradle of Gregorian chant, and a return to these vocal practices may well be the key to rediscovering this chant in all its original purity and strength.; Il paraît naturel de rechercher la forme authentique du chant grégorien, tant on pense qu’il s’est corrompu au fil des siècles. Mais restaurer les mélodies de ce corpus peut-il se réduire à en retrouver la forme originelle exempte de toute erreur ? Que pouvons-nous savoir en effet de mélodies qui n’ont été écrites qu’après plusieurs siècles de pratique ? Comment déceler la version originale quand on sait qu’il n’y a pas eu « composition » au sens moderne ? Un ensemble de pratiques vocales traditionnelles constitue le berceau du grégorien et le retour à ces pratiques vocales pourrait bien être la clef qui permette de retrouver ce chant dans toute sa pureté et sa force premières.

International audience; Le rôle de La Tribune de Saint-Gervais dans la propagande en faveur d’une réforme de la musique d’église est bien connu. Durant les premières années du XXe siècle, le périodique de la Schola Cantorum fut un rouage essentiel dans la diffusion des idéaux portés par le motu proprio « Tra le sollecitudine », cette fonction étant complétée peu après par le suivi enthousiaste de la préparation de l’édition vaticane du chant de l’Église.Cependant, La Tribune n’était pas le seul organe de presse expressément dédié au vaste chantier en cours. En province, plusieurs ecclésiastiques entreprirent de fonder des revues qui, elles aussi, relayaient les axes du motu proprio tout en fournissant conseils et répertoires pour les mettre en application. Parmi ces périodiques locaux se détachent La Musique Sacrée : fondée par deux prêtres toulousains, ce mensuel émanait d’un important siège épiscopal doté d’une tradition musicale bien affirmée et fut édité durant un demi-siècle.La communication proposera une comparaison des dispositifs éditoriaux de La Tribune de Saint-Gervais et de La Musique Sacrée afin d’évaluer le positionnement initial des concepteurs de la revue toulousaine au regard du type de propagande mis en place par Charles Bordes depuis la rue Saint-Jacques, ainsi que leur degré d’intégration aux réseaux par lesquels transitaient les informations nourrissant l’actualité liturgique. D’autre part, l’examen du contenu de La Musique Sacrée entre 1902 (date de sa fondation) et 1906 (année à l’issue de laquelle Bordes perdit la main sur La Tribune) permettra de voir comment les membres de la rédaction toulousaine s’inspirèrent graduellement des procédés journalistiques de La Tribune au fur et à mesure qu’ils développèrent une position qui leur était propre dans plusieurs domaines (historicisme, goûts "nationaux", rythmique ou accompagnement du chant grégorien). Il s’agira ainsi d’observer comment des ecclésiastiques-musiciens en province s’engagèrent dans un processus paradoxal d’imitation de plus en plus étroite de Charles Bordes et de son entourage parisien doublée par un durcissement progressif de leur opposition à ces derniers.

Le recours à une approche ethnomusicologique propose de comparer les modes du plain-chant avec ceux d’autres musiques traditionnelles. Une réflexion historique sur la présence du plain-chant dans la liturgie romaine, en contexte carolingien puis à travers les siècles, permet de comprendre l’émergence du concept de mode dans la culture occidentale.Une étude paléographique des témoins manuscrits du plain-chant, associée à une critique de la manière dont cette étude a généralement été conduite au cours du XXe siècle, conduit à valoriser le concept de variante comme caractéristique fondamentale de ce répertoire. Une relecture des neumes paléographiques, à lumière de plusieurs théoriciens et à celle des prescriptions cérémonielles relatives à la mise en œuvre du plain-chant, met en évidence le concept d’ornementation comme constitutif de cet art.La notion d'ethos des modes est revisitée au cours des siècles dans la lignée de Boèce.

Dans cette dissertation, je présente trois pièces sur des thèmes religieux composées au cours de ma maîtrise, ainsi que leur analyse : Psalmus 150 pour chœur de jeunes à trois voix, chœur d'adultes à huit voix et orgue ou piano ; Quatuor à Cordes sur la vie de Saint Jean-Paul II ; et la Symphonie « La Rédemption » pour orchestre et chœur. Malgré les particularités de chacune, elles présentent des aspects communs. L'idée principale des compositions fut d'éviter la rupture avec la tradition tout en apportant des nouvelles idées aux pièces, et de souligner l'importance de ma recherche sur la beauté. À cet égard, certaines techniques contemporaines, ainsi que les sonorités médiévales des quintes et octaves parallèles, furent utilisées en accord avec un langage tonal / modal qui demeure la base des trois compositions. Le chant Grégorien fut aussi une importante caractéristique de ces compositions. Pour mieux comprendre les analyses des œuvres, deux techniques seront expliquées, la douce toile de dissonances linéaires et l'harmonie d'accords parfaits majeurs. L'analyse de chaque pièce est divisée en deux parties. La première est une vision générale et la deuxième est plus détaillée. À la fin, les connaissances acquises par la composition des ces œuvres seront résumées et l'importance intemporelle de la beauté sera réaffirmée., In this dissertation, I present three pieces on religious themes composed during my master’s degree as well as their analysis: Psalmus 150 for three-voice youth choir, eight-voice adult choir and organ or piano; String Quartet on the life of Saint John Paul II; and Symphony “The Redemption” for orchestra and choir. Despite the particularities of each one, they present common aspects. The main compositional idea was to avoid rupture with tradition, whilst bringing new ideas into the pieces, as well as to highlight the importance of my research on beauty. For this purpose, some contemporary techniques as well the medieval sonorities of parallel fifths and octaves were used in consonance with a modal/tonal language, which remains the framework of the three pieces. Gregorian chant is also an important characteristic of these compositions. In order to better understand the analysis of the pieces, two techniques are explained, the soft web of linear dissonances and the perfect major chord harmony. The analysis of each piece is divided into two parts. The first is an overview and the second a more detailed analysis. At the end, the knowledge obtained from composing these pieces will be summarized, and the timeless importance of beauty will be reaffirmed.

Si l’importance de la Bourgogne dans l’histoire du chant grégorien au Moyen Âge est depuis longtemps reconnue – précocité de la connaissance de la notation musicale à Réôme, selon le témoignage du traité attribué à Aurélien, rôle du célèbre tonaire de Saint-Bénigne de Dijon pour la reconstitution des mélodies, importance de Cluny dans la diffusion du répertoire et des variantes, réforme cistercienne du chant grégorien… –, c’est le problème du manque de sources qui a le plus souvent gêné les m...

National audience; À partir des années 1890, l’accompagnement du plain-chant est l’objet d’une reconsidération profonde de ses bases théoriques, ainsi que de ses méthodes d’enseignement et de mise en œuvre. C’est dans ce contexte que Maurice Emmanuel publie en 1913 son Traité de l’accompagnement modal des psaumes. Or, l’autorité intellectuelle reconnue à cet auteur tout juste nommé professeur au Conservatoire, et ses expériences passées en matière de musique d’église n’épargneront pas à son Traité un audience limitée, et une incidence pratique confidentielle.Cette communication proposera de réfléchir à la nature exacte du projet de Maurice Emmanuel au moment il conçut son ouvrage, ainsi qu’aux conditions de ce qui apparaît comme un nouveau revers après son départ du poste de maître de chapelle de l’église Sainte-Clotilde. Au travers de ce cas, il s’agira de proposer une « théorie de l’action » susceptible d’éclairer les dynamiques ayant animé le milieu des protagonistes du réformisme liturgico-musical dans la France du début du XXe siècle.

Resumen: On s’intéressera à la messe (catholique) comme «format cultuel» procurant des expériences musicales, et plus particulièrement au chant à temporalité rituelle tel qu’il pouvait être pratiqué dans des paroisses françaises au XIXème siècle, avant la généralisationl’ensemble de la catholicité romaine d’un nouveau modèle de «chant sacré» à partir de 1903, plus connu sous le nom de «chant grégorien». Abstract: One will interested in the (catholic) mass like pertaining to worship format getting of the musical expériments and more particularly such as it could be practiced in French parishes at the 19th century, before generalization with the whole of the Roman catholicity of a new model of hymn starting from 1903, more known under the name of Gregorian chant. &nbsp

International audience

National audience; Liszt a mené une réflexion poussée sur la musique religieuse, qu’il plaçait au centre de sa production et qu’il voulait "régénérer" selon sa propre expression. Cet article revient sur la "régénération" que Liszt a souhaité apporter à la musique religieuse. Il analyse son texte "De la musique religieuse" (1835) et le confronte à ses réalisations postérieures. En exploitant le potentiel des traditions catholiques et en les intégrant à son langage, tourné vers l’avenir, Liszt souhaitait en effet trouver un compromis entre conservatisme et progressisme, et ainsi démontrer qu’il pouvait être à la fois un propagateur zélé des traditions et un grand précurseur. Le présent article a pour but de présenter la façon dont Liszt réutilise dans une perspective progressiste deux traditions musicales romaines, qu’il a étudiées avec soin : 1) le chant grégorien et la 2) polyphonie romaine de la Renaissance. Il analyse de ce point de vue l'antienne "Cantantibus organis"(1880) composée en hommage à Palestrina.

Essays in honor of prof. Marie noêl Colette: gregorian chant, musical notations of the Middle Ages, liturgical chant.

Translated by Mary Berry, founder & director of the the Schola Gregoriana of Cambridge. Dom Daniel Saulnier: Priest at the Abbay of Saint Peter of Solesmes and professor of Gregorian chant; Chant is finding a new and widespread audience throughout the world today. Gregorian Chant brings together two of the forces that have fueled this modern-day chant revival: The Abbey of Saint Peter of Solesmes, France, and the late Dr. Mary Berry who translated this unique work. A compact and scholarly book, Gregorian Chant offers a fascinating tour through chant's historical and musical origins, showing the role that chant plays in the history and liturgy of the Western church. Broad themes are discussed, such as the Divine Office and the Mass, but also detailed subjects such as psalmody, cantillation, modes, and pivotal chant manuscripts. Gregorian Chant tells the story of how this unique form of music and worship functions--and has the power to enhance and revitalize worship

La thèse étudie les graduels, graduels composites (graduels-lectionnaires et graduels-sacramentaires) et missels ayant été produits entre la fin du ixe et la fin du xie siècle et notés en une notation, qui, depuis le xixe siècle, est appelée aquitaine. Son centre d’intérêt est la transformation de tels livres notés entre la période carolingienne tardive et les débuts de la réforme grégorienne. La proposition soutenue est que le changement qui conduisit de la transmission exclusivement orale à...

The study of hundreds of variations in the manuscript tradition of the Roman-franc antiphons directory leads the author to generate, depending on the context, three distinct groups of musica variations.; L’étude de plusieurs centaines de variantes dans la tradition manuscrite des antiennes du répertoire romano‐franc conduit l’Auteur à dégager, selon les contextes, trois types bien distincts.1. Un témoin ou un groupe de témoins s’écarte de la majorité des autres2. Les témoins diastématiques se dispersent, la tradition neumatique restant unifiée3. Les manuscrits se divisent en raison d’une indétermination de l’écriture

The study of hundreds of variations in the manuscript tradition of the Roman-franc antiphons directory leads the author to generate, depending on the context, three distinct groups of musica variations., L’étude de plusieurs centaines de variantes dans la tradition manuscrite des antiennes du répertoire romano‐franc conduit l’Auteur à dégager, selon les contextes, trois types bien distincts.1. Un témoin ou un groupe de témoins s’écarte de la majorité des autres2. Les témoins diastématiques se dispersent, la tradition neumatique restant unifiée3. Les manuscrits se divisent en raison d’une indétermination de l’écriture

http://aedilis.irht.cnrs.fr/liturgie

ISBN : 2-914147-29-5 ; 128 pages.; International audience; Il s'agit dans cet article de regarder les chapiteaux de Cluny pour ce qu'ils sont, un ensemble de formes sculptées et d'inscriptions gravées qui établissent entre elles des rapports spécifiques, puis de rattacher tout cela, d'une part à l'iconographie chrétienne et à des référents spirituels, d'autre part à la connaissance commune que les moins du XIIe siècle avaient de la musique par leurs études et surtout par leur pratique du chant liturgique. Si cette analyse ne contredit que rarement les lectures programmatiques de ses prédécesseurs, elle essais d'être plus en harmonie avec une conception proprement monastique de la musique dans laquelle il est essentiel d'articuler les actes avec les lois de l'univers, afin de les rendre dignes de Dieu en leur restituant leur signification profonde.

Organiste de Saint-Sulpice de Paris, de la Chapelle royale et de la Maison royale de Saint-Cyr, Guillaume-Gabriel Nivers est surtout connu pour son œuvre d'orgue et ses petits motets. Mais il est aussi l'auteur d'une imposante œuvre de plain-chant qui fait de lui l'un des compositeurs les plus étonnants de son temps. Sa production comprend des pièces en « plain-chant musical », la composition d'un antiphonaire complet pour l'ordre de Cluny, une adaptation du répertoire grégorien pour les religieuses et la révision des répertoires romains et prémontrés.Quels principes théoriques et compositionnels sous-tendent une œuvre si diversifiée ? Comment sa production se situe-t-elle dans les réflexions menées alors sur le chant de l'Eglise catholique, et plus généralement, dans les débats de l'école d'érudition ecclésiastique française, qui, les uns et les autres, s'inscrivent dans le large mouvement de rénovation pastoral et spirituel de la Réforme catholique en France ? Telles sont les questions auxquelles cet ouvrage tente de répondre.À travers l'œuvre de Nivers, le chant grégorien acquiert le statut d'un langage musical et spirituel qui doit servir de fondement à toute composition de musique ecclésiastique. Une telle conception projette un éclairage nouveau sur le musicien et la musique religieuse et par-delà, sur la société catholique de l'époque de Louis XIV.

A partir des travaux ethnomusicologiques de Tran Van Khe, l'auteur propose une approche renouvelée des modes grégoriens et de l'octoechos.

13 notices pour un dictionnaire encyclopédique sur le Moyen Âge