1. Les vases communicants de la honte chez les auteurs de violences sexuelles.
- Author
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Combes, Vincent and Ravit, Magali
- Subjects
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SEXUAL assault , *INSTITUTIONALIZED persons , *PRISON sentences , *INTROJECTION , *SEX offenders - Abstract
La clinique révèle la fréquente absence de honte chez les auteurs de violences sexuelles comme un négatif de la honte éprouvée par les victimes. Nous avons cherché à comprendre ce paradoxe en analysant les dynamiques de l'introjection de la honte dans l'identification à l'agresseur chez la victime et l'injection de la honte dans l'identification projective de l'agresseur sur sa victime. Nous nous sommes intéressés à Louis, un prêtre destitué, condamné pour comportements pédocriminels. Cette étude fait partie d'une recherche doctorale qualitative menée auprès d'une population de sujets incarcérés à partir d'entretiens de recherche structurés autour du récit de vie. Nous observons chez Louis, comme souvent chez nos sujets de recherche auteurs de violences sexuelles, que derrière l'apparente absence de honte, se dessine une grande honte inconsciente, tout d'abord introjectée dans les abus subis, puis retournée et injectée dans la relation intersubjective et dans les abus commis, comme moyen de décharge d'une honte insupportable. L'introjection de la honte de l'agresseur par sa victime dans la dynamique de l'identification à l'agresseur décrite par Ferenczi apparaît comme la réciproque de l'injection de la honte par l'agresseur à sa victime dans la dynamique de l'identification projective : une identification projective ordinaire sous la forme d'un retournement projectif de la honte et une identification projective opératoire sous la forme de comportements violents et pervers. Le mécanisme des vases communicants psychiques de la honte chez les auteurs et victimes de violences sexuelles, entre injection et introjection, permet de mieux comprendre le caractère contagieux de cet affect dans l'étiologie des violences sexuelles. Forensic clinical investigation frequently reveals the absence of shame in perpetrators of sexual violence while simultaneously victims seem overwhelmed by shame. We sought to understand this paradox by analyzing the dynamics of the introjection of shame in victims' identification with the aggressor and of the injection of shame in the aggressor's projective identification with his victim. We focused on the case of Louis, a dismissed priest, sentenced for pedocriminal behavior. This case is part of a qualitative research project conducted on a population of 14 inmates of a Parisian prison and based on interviews structured around the individual's life story and analyzed with the Interpretative Phenomenological Analysis (IPA) methodology. We observe that behind Louis's apparent absence of shame, as with many of our research subjects guilty of sexual violence, there is, in fact, a great deal of unconscious shame, first introjected by the victim in the abuse suffered, and later injected in the victim in the abuse committed as a means to unload an unbearable shame. The introjection of the shame of the aggressor by his victim in the dynamic of Ferenczi's identification with the aggressor appears as a complement to the injection of shame by the aggressor into his victim through the dynamic of projective identification: both an ordinary projective identification in the form of a projective reversal of shame, and an operative projective identification in the form of perverse behaviors. The communicating vessels of shame among perpetrators and victims of sexual violence, between injection and introjection, help us better understand the contagious characteristics of shame in the etiology of sexual violence. [ABSTRACT FROM AUTHOR]
- Published
- 2024
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