1. Efficacité et sécurité des agonistes au récepteur de la thrombopoïétine dans le traitement du PTI associé aux déficits immunitaires primitifs à prédominance humorale.
- Author
-
Soulard, M., Galicier, L., Lescoat, A., Mahlaoui, N., Godeau, B., and Perlat, A.
- Abstract
Les déficits immunitaires à prédominance humorale (DIPH), au premier rang desquels se situent les déficits immunitaires communes variables (DICV), se traduisent cliniquement par l'association paradoxale de maladies auto-immunes et d'une susceptibilité accrue aux infections. La manifestation auto-immune la plus fréquemment associée est le purpura thrombopénique immunologique (PTI), décrite dans 7–15 % des cas [1]. Le traitement de seconde ligne du PTI repose actuellement sur le Rituximab, la splénectomie ou les agonistes au récepteur de la thrombopoïétine (AR-TPO : Eltrombopag et Romiplostim) [2]. L'utilisation des AR-TPO dans le contexte de DIPH émerge comme une option thérapeutique idéale compte tenu de leur efficacité et de leur caractère non immunosuppresseur. Cette étude rétrospective nationale vise à en préciser l'efficacité et la sécurité. Les critères d'inclusion étaient la présence d'un PTI secondaire (thrombopénie < 100 G/L sans diagnostic différentiel) associé à un DIPH (hypogammaglobulinémie IgG < 5 g/dL sans traitement B-déplétant préalable ou avec preuve génétique d'un déficit immunitaire primitif) traité par AR-TPO (Eltrombopag et/ou Romiplostim) après l'âge de 18 ans. L'identification des patients a été facilitée par le CEREDIH et le groupe de travail DEFI ainsi que par un appel à observation du réseau CeReCAI. La réponse au traitement était définie par l'obtention d'un seuil plaquettaire supérieur à 30 G/L (réponse) ou 100 G/L (réponse complète) en l'absence de traitement immunosuppresseur (en dehors d'une corticothérapie à dose stable). 28 patients ont été inclus. La durée médiane d'exposition au traitement était de 485 jours (17 jours - 6,6 années). Sécurité. 3 patients (10,7 %) ont présenté des événements thrombotiques veineux ou artériels. Ils n'ont déclaré aucune complication hémorragique malgré la co-prescription de traitements pro-coagulants. 3 patients (10,7 %) ont présenté des anomalies minimes à modérées du bilan hépatique. À noter qu'une patiente suivie pour une hyperplasie nodulaire régénérative (HNR) compliquée d'hypertension portale symptomatique a reçu des AR-TPO pendant 40 mois et n'a pas déclaré de thrombose porte ou d'aggravation de son hépatopathie. Efficacité. 26 patients (92,9 %) ont présenté une réponse au traitement et 23 patients (82,1 %) ont présenté une réponse complète. À la fin de l'étude, après un suivi médian de 33 mois après l'introduction des AR-TPO, la réponse était persistante pour 20 patients (71,4 %) dont 17 patients (60,7 %) présentant une réponse complète. À la fin de l'étude, seuls 5 patients (17,9 %) recevaient un traitement immunosuppresseur pour le traitement de leur PTI. L'utilisation des AR-TPO en seconde ligne de traitement du PTI associé aux DIPH semble donc être une option thérapeutique sécurisée et efficace. Le risque thrombotique doit cependant être pris en considération. À noter que les patients atteints de DIPH et de cytopénies auto-immunes sont plus à risque de développer des hépatopathies de type HNR [1]. En conséquence une anomalie du bilan hépatique persistante, même lorsqu'elle apparaît au cours d'un traitement par AR-TPO, doit faire discuter l'indication d'une biopsie hépatique à la recherche d'une HNR. Il existe un risque théorique de thrombose porte en contexte d'hépatopathie chronique, incitant à la prudence quant à l'utilisation des AR-TPO dans ces situations. Contrairement à la splénectomie et au Rituximab, l'utilisation des AR-TPO n'est pas grevée d'un risque infectieux significatif. Dans le contexte de DIPH leur utilisation préférentielle pour la seconde ligne du traitement du PTI présente donc un rapport bénéfices/risques très favorable. [ABSTRACT FROM AUTHOR]
- Published
- 2024
- Full Text
- View/download PDF