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Centrées autour de la question des relations entre la philosophie de la nature et la critique religieuse, les études réunies ici proposent autant de lectures de la pensée de Giordano Bruno qui mettent en avant son rôle décisif dans cette crise des formes de médiation qui pourrait caractériser la philosophie moderne, depuis la Renaissance jusqu’à la querelle du panthéisme. Outre des commentaires relatifs à la philosophie de la religion et de l’histoire, à la métaphysique et à la cosmologie de Bruno, ainsi qu’à son procès devant les tribunaux de l’Inquisition, une partie du volume est consacrée à la réception ambiguë du philosophe italien, jusqu’à Jacobi et Schelling.

Comment penser l’être ou la nature indépendamment de la figure de l’ordre ou du monde ? On pourrait caractériser par cette question le défi philosophique de Giordano Bruno. On sait qu’il conduit à une cosmologie infinitiste qui en constitue le versant le plus spectaculaire et le mieux connu. Le travail qui est ici présenté propose une autre voie, centrée autour de la pensée de l’« être un et infini » élaborée par Bruno dans le De la causa, qui constitue le noyau théorique de sa philosophie. Partant d’une réflexion sur la puissance expressive des concepts philosophiques traditionnels (cause et principe, forme et matière, genre et différence) et rapportant les articulations de la pensée de l’être aux conditions de notre connaissance, et non à une structure propre de l’être, Bruno propose une interprétation « dialectique » du discours métaphysique qui fait procéder les formes d’éminence et d’analogie de l’activité figuratrice de la raison humaine. Si, selon une formule célèbre, le philosophe est un peintre et un poète, cela ne veut pas dire qu’il s’affranchisse des normes rationnelles du discours démonstratif pour se faire prophète, cela signifie que ces règles de la pensée ne constituent en aucun cas une grammaire de l’être : elles sont des instruments de figuration de l’être infini et univoque dont il s’agit de saisir tout à la fois la fécondité et les limites. Il s’agissait au départ de s’interroger sur les nouveaux enjeux de la philosophie de la Renaissance et sur ses pratiques discursives souvent si déroutantes. Ce travail tente ainsi de situer la pensée de Bruno par rapport à la critique humaniste des modi significandi médiévaux et de la conception architectonique de la philosophie, identifiable aussi bien dans le projet de réforme dialectique de Valla, dans le plurilinguisme philosophique de Pic de la Mirandole, que chez des auteurs aussi différents que Ficin ou Pomponazzi.

Remonter jusqu’à la première cause ? Au début du deuxième dialogue du De la causa, Bruno définit le savoir du filosofo naturale en exposant un paradoxe : si connaître une chose, c’est en connaître la cause et le principe, comment peut-on prétendre connaître les choses qui ont un premier principe et une première cause, si leur cause efficiente demeure cachée ? Dicsono, qui formule l’objection, définit la cause efficiente comme étant « l’une de celles qui concourrent à la connaissance réelle de...

La physique et la métaphysique ne sont donc pas deux science distinctes par leur objet, elles sont comprises au sein d’une même discipline, la « science de la nature » ou la « philosophie naturelle » et constituent deux appréhensions distinctes d’un « sujet » identique, la « nature ». Leur différence est, pour Bruno, définie dans le « prologue » de la Physique (I, 1), lorsqu’Aristote souligne la difficulté que constitue la différence entre le « plus connaissable pour nous » et le « plus conna...

L’expression de « philosophie naturelle » a traditionnellement un double sens : a) Elle peut renvoyer à la définition du « sujet » du savoir. On distingue alors la « physique » proprement dite de la « métaphysique ». L’objet de la philosophie naturelle se limite aux naturalia, par opposition à la « philosophie première », quel que soit le sens qu’on donne à cette expression. b) Elle peut également désigner le modus cognoscendi. On distingue alors la « philosophie naturelle » et « humaine », a...

L’ordre d’exposition du De la causa On a tenté de montrer comment Bruno héritait du concept de « dialectique » élaboré par Pic dans le De ente et uno. Extrêmement sensible à la diversité des lexiques théoriques, la philosophie de Bruno accorde une importance extrême à la philologie, non pas au sens où, à la manière des « pédants » mis en scène dans presque toutes ses œuvres italiennes, il s’agirait de définir normativement un « bon usage » des termes, mais au sens où, pour Bruno comme pour Pi...

L’ensemble des études réunies ici ont pour la plupart été l’objet de communications lors des journées consacrées à Giordano Bruno qui se sont tenues à Paris les 23, 24 et 25 mars 2000. Originellement intitulé Mondes, formes et société selon Giordano Bruno, le colloque se proposait initialement, outre de célébrer le quatrième centenaire de la mort du philosophe italien qui a séjourné et enseigné à Paris, de faire le lien entre la philosophie naturelle de Bruno et sa pensée politique et religie...

La « philosophie naturelle » de Bruno est inséparable de sa définition de l’intellection comme figuration. La « nature » ne prend pas purement et simplement la place du « divin », comme on le dit souvent. Elle n’est pas cet absolu que, faute des concepts adéquats de la « science moderne », la Renaissance a substitué au Dieu médiéval. Elle est bien plutôt l’envers de la sémiologie humaniste, la contrepartie de la crise qui ébranle, depuis le xve siècle, l’architectonique savante qui organisait...

L’une des difficultés de la pensée de Bruno tient à la tension qui existe chez lui entre la thèse de l’être un et infigurable, et le “réalisme” affiché dans de nombreux textes. D’un côté, en effet, insistant sur la thèse de l’infinité de l’absolu, Bruno en vient à opposer l’un à ses manifestations, et paraît réintroduire, dans le cadre de la philosophie naturelle, les modes d’exposition de la « théologie négative » qui ne pense son objet que de manière figurée, donc inadéquate. Et il est ains...

I La production artistique et l’idée de spéculation Le tour de force de Giovanni Pico, ce n’est pas seulement d’avoir repris à Denys ses métaphores mystiques, ni d’avoir subordonné la pensée discursive à une expérience de l’ineffable au delà de toute expression rationnelle, c’est d’avoir, de la suréminence inintelligible de Dieu, déduit la liberté et la dignité de l’homme. Il a transformé la théologie négative et mystique en une célébration des « œuvres » et de la philosophie, par lesquelles ...

L’unité du principe formel et la définition du vivant La fin du deuxième dialogue du De la causa est consacrée à discuter les implications de l’identité de la cause et du principe. La principale conséquence de l’identification de la « forme » à l’« âme » est l’idée d’une animation universelle. Elle n’a pas échappé à Dicsono qui demande à Teofilo : Il me semble entendre quelque chose de très nouveau : soutenez-vous, par hasard, que non seulement la forme de l’univers mais aussi toutes les form...

L’éduction des formes Lorsqu’au dialogue IV du De la Causa, Bruno propose de faire coïncider l’acte et la puissance et s’oppose vigoureusement à la définition de la matière comme « privation », il s’appuie deux thèses péripatéticiennes classiques : la doctrines des « dimensions indéterminées » et celle de l’« éduction » des formes. L’intérêt de ces discussions tient au fait que Bruno se rattache ainsi aux débats autour de la notion de substance naturelle et plus particulièrement aux positions...

Le programme de Teofilo et la question de l’analogie Au début du troisième dialogue, Teofilo adressait cette objection aux « naturalistes » : s’il est vrai qu’aucune chose n’agit sur soi-même, il est nécessaire de distinguer un agent et un patient. Il faut distinguer, dans la nature, une forme ou une âme et une matière. Ceux qui font des formes des déterminations accidentelles de la matière corporelle ont en partie raison contre les aristotéliciens, mais ils ne peuvent en déduire que « ce qui...

Le bilan de l’invention du principe matériel La critique de la définition aristotélicienne de la substance paraît devoir donner raison aux « naturalistes » pour qui « tout ce qui n’est pas corps n’est rien ». Il faut bien conclure, comme le fait Dicsono, en effet, que la matière, « qui demeure toujours identique et féconde », doit avoir le « privilège principiel d’être reconnue comme le seul principe substantiel », tandis que « toutes les formes dans leur ensemble ne doivent être comprises qu...

L’invention dialectique de la matière a) La matière comme principe et comme cause L’analyse de la matière, engagée au début du dialogue III du De la causa, peut être rapportée au plan annoncé au début du dialogue II qui distinguait la forme comme « cause » et la matière comme « principe ». L’argument du dialogue III insiste sur cette définition et rappelle que, si la forme peut être considérée à la fois comme cause extrinsèque et comme principe, au sens où elle peut être considérée comme un é...

La critique des platoniciens Dans le texte que l’on vient assez longuement de commenter et qui visait la solution logique ou formelle du problème de la pluralité des sens de l’être, Bruno adressait sa critique non seulement aux « péripatéticiens », mais également aux « platoniciens ». Ces derniers étaient, eux aussi, accusés de comprendre l’être comme une « intention logique » ou encore comme un simple « vocable », et non comme un « principe unique de réalité et d’être pour tout ce qui est » ...

Bruno et les « faces » de la vérité La comparaison que l’on vient de tenter entre le début du deuxième dialogue du De la causa et l’épistémologie thomiste a certainement quelque chose de paradoxal. Elle permet toutefois de mesurer assez distinctement la distance qui sépare la grande époque de la scolastique médiévale de cette fin de la Renaissance à laquelle appartient Bruno. A l’arrière fond des analyses du De la causa, des Fureurs comme de la Cabala, ce qui se profile, c’est évidemment la n...

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Cet ouvrage vise à confronter des lectures philosophiques de l’œuvre de Michel Foucault tout en éclairant certaines des pratiques réelles et discursives que cette œuvre a interrogées - la folie, la médecine, les sciences humaines, la prison, la sexualité. La démarche qui sous-tend ce travail accepte d’emblée l’hypothèse d’une positivité des confrontations, voire des contradictions, mais elle le fait en ayant en tête une interrogation commune, qui transcende les diversités : il s’agit, en dialoguant avec le Foucault qui lui-même dialogue avec le Kant de Qu’est-ce que les Lumières ?, d’éclairer le nœud entre l’écriture du philosophe, son rapport à l’action politique, sa perception du temps présent, ses convictions quant à la fonction sociale qui lui est dévolue. This volume aims to address Foucault’s philosophical lectures by explaining some of the real and discursive practices addressed in the tome: madness, medicine, human sciences, prison and sexuality. The approach which underlies this work readily accepts the hypothesis of a positivity of confrontations, or even contradictions, but it does so by being aware of a common vision which transcends diversity. By entering into dialogue with the Foucault who himself engages in dialogue with the Kant of What is enlightenment? it explains the connection between the philosopher’s writing, its relationship to political action, its perception of the present day and its convictions with regard to the social function which is assigned to it.

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Non disponible; Communication au colloque : Mondes, formes et société selon Giordano Bruno, Paris, 23-25 mars 2000; ID: 285

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Numéro de : "Cahiers La Boétie", ISSN 2259-6984, 2012, n°2; International audience; no abstract

Textes en italien ou en français; International audience; Le site de l'éditeur indique : "Figure di ‘servitù’ e ‘dominio’ nella cultura filosofica europea tra Cinquecento e Seicento: tema classico, ma non per questo compatto o lineare, senza zone d’ombra o anamorfosi, senza linee di fuga ed ermeneutiche contrastanti. Nolens volens è l’eterno problema della libertà e della servitù, variamente definito e ridefinito in categorie filosofico-politiche (e giuridiche), nella loro fenomenologia, nella loro imbricazione, nel loro intreccio, a tratti, nella loro necessaria coimplicazione, filtrato attraverso lo sguardo acuto di secoli (il XVI e il XVII) che vi leggono, transversis itineribus, il cuore pulsante, l’enjeu, ma anche il senso e il destino dell’umanità e della filosofia stessa. Ermeneutica e senso giocati tra immagini di natura e speranze (o disillusioni) consegnate alla storia, misticismo del potere e del principio di autorità, credulità, alienazione della libertà."

"Cette étude prend pour point de départ l'échange entre Leibniz et Toland (1701-1702) sur la religion naturelle, la réflexion, l'immortalité de l'âme et la nature de la substance. Ce débat est à l'origine des célèbres "Lettres à Serena" (1704). Dans sa confrontation avec Toland, qui constitue un moment charnière de la genèse des "Nouveaux essais" , Leibniz discute les thèses de Locke sur la réflexion et rédige pour l'occasion sa "Lettre sur ce qui passe les sens et la matière" , où il entreprend d'inscrire la topique des connaissances, exposée dans ses "Méditations" de 1684, dans l'architectonique du "Système nouveau" . John Toland est connu pour avoir soutenu, dans ses "Lettres" , que « la matière est aussi essentiellement active qu'elle est étendue », de même que pour son projet d'une philosophie « panthéiste ». Souvent interprété comme un simple gauchissement matérialiste de la pensée de Spinoza, ce panthéisme trouve au contraire son origine dans une critique de la doctrine spinoziste et cartésienne de l'attribut. Tirant la leçon de la réforme leibnizienne de la notion de substance, mais aussi des controverses contemporaines sur le dynamisme newtonien et la métaphysique de la participation (Henry More, Anne Conway et Georg Wachter), Toland livre une série d'arguments et de thèses originales, qui marqueront de manière décisive la pensée des Lumières."

ISBN 2-915547-39-4; Qu'il soit aujourd'hui accepté dans ses significations les plus subversives ou que l'on débatte de son contenu réel, le concept de "Lumières radicales" s'est imposé dans les études historiographiques sur le XVIIe et le XVIIIe siècles : au maximum, comme un concept opératoire déjà mis en oeuvre avec succès ou, minimalement, comme un objet d'interrogation et de discussion entre chercheurs. Tout le monde s'accorde sur l'existence d'une "radicalité" au coeur des Lumières. C'est sur le sens, le statut et l'histoire de cette "radicalité" plus ou moins clandestine que s'interrogent les différentes études qui composent cet ouvrage, ainsi que sur la continuité ou les ruptures caractéristiques de l'émergence des pensées et des mouvements contestataires depuis le milieu du XVIIe siècle. Existe-t-il un seul et même mouvement unitaire de la libre pensée au début de l'ère moderne? Quelle place attribuer au libertinage érudit vis-à-vis de ce qui deviendra les Lumières "radicales"? Le panthéisme, qui apparaît comme une position majeure du combat des Lumières radicales, enveloppe-t-il un athéisme lui-même radical ou n'exprime-t-il que le fond inavoué voire la vérité même de toute religion ? A la lumière des différentes études qui composent cet ouvrage, c'est la multitude des "radicalités" (dans les contenus, les méthodes, les principes, etc.) qui s'impose.

18e forum "Le Monde" Le Mans, 17 au 19 novembre 2006

Textes issus d'un colloque tenu en décembre 2000 à l'Institut Culturel Italien

Léon l'Hébreu[traduction de Pontus de Tyard, 1551 ; texte établi par Tristan Dagron et Saverio Ansaldi]2-7116-1814-5; Les Dialoghi d'amore de Juda Abravanel, dit Léon Hébreu, sont très vite devenus, après leur publication posthume en 1535, un relais majeur des aspirations intellectuelles et culturelles de la Renaissance. Fils du célèbre Isaac Abravanel, homme politique et théologien de l'époque de l'Expulsion, Juda entre en dialogue avec le nouveau platonisme italien représenté par Marsile Ficin, en vue d'instruire la crise du modèle philosophique arabe, celui d'al-Fârâbî et d'Avicenne, au fondement de l'entreprise de Maïmonide. S'agissant de rendre justice à l'exigence philosophique de l'averroïsme juif, mais aussi d'en réformer les attendus systématiques, la philosophie de l'amour des Dialogues constitue un moment décisif de l'histoire intellectuelle du judaïsme, mais aussi de la pensée moderne, qui, au delà de son succès littéraire immédiat, trouvera des échos indiscutables chez Bruno ou chez Spinoza.L'édition proposée donne, en orthographe modernisée, la traduction de Pontus de Tyard, figure majeure de la littérature française du XVIe siècle. Elle en seconde la lecture par des notes explicatives qui s'efforcent de restituer la multiplicité des horizons culturels, intellectuels et spéculatifs, qui fait la richesse et la profondeur de la philosophie de Léon Hébreu.

[Ed., introd. et notes par Tristan Dagron]; [Ed., introd. et notes par Tristan Dagron]

[Ed., introd. et notes par Tristan Dagron]; [Ed., introd. et notes par Tristan Dagron]

David de Dinant, dont les thèses ont été condamnées par le décret de 1210 de l'Université de Paris, est bien connu par les réfutations dont il a fait l'objet de la part d'Albert le Grand et Thomas d'Aquin. En se fondant sur ses Quaternuli, on se propose ici, non pas d'apporter des éléments biographiques nouveaux, mais de reconstituer les médiations qui ont conduit ce commentateur de la « philosophie naturelle » d'Aristote à défendre ses fameuses positions « panthéistes » et « matérialistes », et à identifier Dieu à la matière et à la substance du tout. En marge des commentaires arabes, moyennant un contact direct avec les textes grecs du Stagirite, David propose une lecture toute problématique, mais parfaitement stimulante de l'articulation de la « philosophie naturelle » à la « philosophie première ». Version disponible sur Internet : [ http://www.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-morale-2003-4-p-419.htm ]

ISBN 2-13-052749-3; Trad. et présenté par Tristan Dagron