Search

RésuméLa traductologie contemporaine replace au centre de sa recherche le traducteur dont la visibilité dans l’espace littéraire et scientifique a été longtemps occultée. Il n’est donc pas étonnant que le traducteur ait pu devenir un personnage de fiction ou le sujet d’une biofiction. Ces récits de soi entrepris par des traducteurs ont l’ambition de proposer à leurs lecteurs un geste réflexif sur ce qui se joue quand on entreprend de traduire. Aussi, en écho avec ce que certains appellent un « tournant fictionnel » (Vieira 1995), il nous semble tout à fait approprié de parler, à ce propos, de l’émergence d’untournant métafictionneldans les études de traduction. Dans notre article, nous mettrons en évidence le nouage (dans ses dimensions cognitive, culturelle et éthique) des discours autobiographique et traductologique tel qu’on le trouve dans, ce que nous qualifions de métafictions traductives, à savoir dansPortrait du traducteur en escrocde Bernard Hœpffner,Partagesd’André Markowicz etLycophron et Zétèsde Pascal Quignard.

Notre étude a bien évidemment l’objectif d’expliciter notre titre, au-delà de ce clin d’œil, amusé, à la querelle des iconoclastes et des iconodules et au monde slave. Mais il nous semble nécessaire de préciser d’emblée que nous considérons, en suivant Marie José Mondzain, que c’est le regard idolâtre qui transforme une icône en idole. Pour cette autrice, en effet, « on appelle idole tout objet univoque qui emprisonne son spectateur dans toutes les servilités fusionnelles du visible et du sens ». Dans le « cas Flaubert » qui nous occupe, il s’agit bien d’un « commerce des regards », des lectures, pourrait-on ajouter, qui programme une « consommation univoque et consensuelle d’un sens », puisque « l’idole n’est rien d’autre que l’objet qui transforme le commerce des regards en marché des visibilités ». C’est cette « opération imageante » que nous souhaitons examiner ici.Rappelons, pour inaugurer notre propos et signaler à quel point la référence à Flaubert était omniprésente dans le monde russe, que c’est dans L’Idiot de Dostoïevski qu’on trouve l’une des mentions les plus saisissantes et connues d’une œuvre de Flaubert : Madame Bovary est le dernier livre qu’a lu Nastassia Filippovna ! Il s’agira, donc, ici, pour nous, d’examiner la portée des références explicites à Flaubert et à ses œuvres/personnages dans un corpus de textes qui, prima facie, sont fort éloignés du régime scripturaire et esthétique de l’auteur français. Nous songeons, en particulier, aux produits culturels de masse (roman, récit, théâtre) qui ont envahi le champ littéraire russe à l’instar de ses homologues occidentaux. Cette greffe de Flaubert dans de tels textes peut apparaître relativement paradoxale et a priori incompossible. En effet, le greffon, reconnu unanimement comme appartenant de droit à la culture légitime, et les porte-greffe, prototypes exemplaires d’une culture illégitime à visée essentiellement éthico-pratique, apparaissent fort hétérogènes autant dans leur « essence » que dans leur usage, et donc incompatibles Et pourtant, nous le montrerons, la greffe prend !

A quick look on the history of criticism and literary theory of the current period shows curious reversals and strange returns. Indeed one can see the slow and unrelenting disappearance of rhetoric, justly qualified as restricted, since it has been all too often limited to identifying and classifying of the various figures. It has been replaced by a new criticism, a fundamentally formalist one, the assumptions of which are akin to those of the “text sciences”; if the structure, the “poetical function” of the texts were underlined, it was to the detriment of their functional reference and their meaning to put it simply. There is no doubt that today this approach is running out of steam and is meeting some decline. For that reason, the history of literature is coming back in force and finds a new youth with the developments of the theories of perception. But there reappears also a new interest in a semantic approach of the texts, which is concerned with their references. This approach, which comes from logistics (G. Frege), undoubtedly opens a philosophical horizon, particularly on some kind of ontology. Thus it is not surprising to find that a great many studies question the metaphorical process again from that perspective given the paradoxical nature of its reference and thus of its ontology which could be summed up through the usual exordium of the Majorcan storytellers: “Aixo era y no era” (it was and was not). Paul Ricœur insists on the paradoxical nature of the metaphorical reference since “the metaphor is a way of working on the language which consists in giving the logical subjects predicates that are incompatible with the first ones” (From Text to Action).In his book The Living Metaphor, the French philosopher analyses the concept of the “ontological metaphor” from the idea of the “divided reference”. Ricœur moves away from a purely stylistic or linguistic approach, centred on the word (a deviant denomination) to describe the metaphorical process on the level of the phrase and of the discourse (a non-pertinent predication): “Then there is a metaphor, since we can discern the resistance of words their incompatibility on the level of a literal interpretation of a sentence” (From Text to Action). But that non-pertinence and the abolition of the reference in the everyday reality are not a purely gratuitous verbal game, for they liberate “another kind of reference to other dimensions of reality” (The Living Metaphor). It is that way of tension of the metaphor which we intend to present in our study for it expresses some kind of „ontological vehemence” as Ricœur puts it so well? Let us add that the metaphor seen as a new description of reality, can be conceived, so to speak, as a “model”, in the sense of a prototype which accounts of the way a literary text functions when it is a “opening on the world”, when it places itself “in the service of things that want to be expressed” and when it responds “to the need of a discourse that comes from all forms of experience” (Mimesis, Reference and new figuration in “Time and Narrative”)., Исследование посвящено осмыслению метафорических процессов обозначения реальности во внеязыковом, то есть онтологическом, измерении. Определены особенности функционирования понятий „метафора” и „онтология” в современном научном дискурсе. Проанализированы тезисы, обоснованные П. Рикером в его монографии „Живая метафора”, открывающие интересные перспективы в работе над этой проблематикой. Описан теоретический горизонт, на котором разворачивается толкования метафоры французским философом. Рассмотрены содержание и функционирование основополагающих понятий рикеровской теоретической системы, дающие возможность постигнуть парадоксы и апории синтагм „метафорическая референция” и „онтологическая метафора” („неуместная предикация”, „раздвоенная референция”, „метафорическое напряжение”, „онтологический порыв” и т. п.). Подчëркнуто то, что метафора выступает в качестве идеальной исследовательской категории, поскольку позволяет продемонстрировать, соотношение таких многомерных понятий, как язык и реальность, литература и познание., Дослідження присвячене осмисленню метафоричних процесів позначення в позамовному, тобто онтологічному, вимірі. Окреслено особливості функціонування понять „метафора” й „онтологія” в сучасному науковому дискурсі. Проаналізовано тези, обґрунтовані П. Рікером у праці „Жива метафора”, які відкривають цікаві перспективи в опрацюванні цієї проблематики. Висвітлено теоретичний обрій появи тлумачення метафори французьким філософом. Розглянуто зміст і функціонування засадничих понять рікерівської теоретичної системи, що дають змогу осягнути парадокси й апорії синтагм „метафорична референція” та „онтологічна метафора” („недоречна предикація”, „роздвоєна референція”, „метафоричне напруження”, „онтологічний порив” тощо). У висновках наголошено на тому, що метафора виступає ідеальною дослідницькою категорією, оскільки дозволяє продемонструвати поєднання таких багатовимірних понять, як мовлення й реальність, література й пізнання.

Les premiers textes koltésiens constituent, sans doute, le champ d'expérimentation de ce que l’écrivain appelle le « théâtre ignorant », c’est-à-dire, le théâtre qui se détache complètement des règles du théâtre existant (ou mort-vivant), en se fondant sur l’« inexpérience ». D’une manière ou d’une autre, ces textes ont pour sujet principal le Théâtre. Aussi une place à part y est-elle accordée à l’image de la maison hantée et à celles de ses composantes (l’invisible, le mort, le fantôme, etc.). Ainsi, il s’agira pour nous de nous interroger sur les modalités du fonctionnement dans ces textes d’un certain nombre de motifs récurrents (le spectre et les spectateurs ; le théâtre théâtralisé ; le (dés)ordre dans la maison ; les héritiers et les déshérités ; la maison des marionnettes, le travestissement et le jeu ; le maître et la domesticité ; etc). Nous éclairerons ainsi les stratégies discursives et énonciatives auctoriales de la mise en texte de l’image de la Maison hantée. Notre objectif est, donc, de montrer que l’image de la maison (domus) chez Koltès est une expression textuelle et symbolique de son désir de maîtriser/domestiquer (dominus) un Théâtre qui le hantait.

The article considers T. Samoyault’s biographical proses, dedicated to Roland Barthes (Samoyault T. Roland Barthes, Paris, Ed. du Seuil, 2015). The raises questions are about the intention of the intellectual and biographical project and the poetical methods of theirs realization. We distinguished the subject’s dominants (biographemes) of intellectual lifework and the approaches of their reconstruction. We outlined the narrative methods of the (de)mythologization of the object of the biographical text. We marked out the types of the used discourses: literary or fictional discourse (by means of the sorting of the biographical material in the narrative and the creation of the biographical personage); the documentary or factual discourse used by means of the authentication of the source base this is the testimonies, documents, manuscripts and so on; the argumentative or scientific discourse used by means of the intellectual intention of the biographical project. Besides, we paid attention to the paratextuels components of the analyzed biographical work (peritexte and epitexte) with the purpose to describe the writer’s strategies of the author of the biography of the famous French thinker and we outlined the waiting horizon of their recipient. We justified the singularity of T. Samoyault’s work functions in the genre paradigm of the lifeworks about R. Barthes. We traced „the intellectual biography„ of the French author as the biography which based not on the life of the protagonist of the life story, but as a story of his Novel’s emergence as the complex of the produced his ideas and his concepts and the influences of the intellectual space during the certain period and vice versa. It is specially noted the metabiographical components of the T. Samoyault’s work. We stressed on the combination of the chronological and the fragmental, we noted that the unity of the author’s life story based not on the time direction but on the direction of the critical thought of the life story’s object.

The article deals with the problem of Pierre Michon’s authors biographical stylistic methods. We covered the stylistic and poetical markers of the author’s studying of the biographical material. We determined the modes of the biographeme’s selection and their hierarchical structure (from dominant to peripheral; we analyzed the narrative structure of the biographical text, we studied the textual realization of the relations factual / fiction / fictional in the authors works. We outlined the fictional markers; they are thematic (in relation to the literary text) narrative (in relation to the narration) and discursive (in relation to the discourse) criteria, and also paratextual and metatextual textual indicators. Besides, we showed the literary transformation of the biography to the myth biography by functions of the biographical texts agents (object, subject and recipient), and the process of the transposition of the biography logic to the myth logic. The author concludes that in the biographies created by P. Michon, the mains acting schemes (mytheme) of the (myth) biography’s creating are presented by the repeating paradigm of the themes and of the motifs. This is the reference to an ancient manuscript, the digging up bones (remains), the identity (name), the recording, the choice of language, the execution of order, the correspondence, the falsification, the birth of the work of art etc. The author’s style is has enclosed in the biographies. The acting schemes of the process of the writing and of his reception are represented frequently in the text, this is the removing cover, deep into the middle (of the earth, of the wood, etc.), feeling of the body (of the text), the paradox- transposition of the contradictions, the creation through the deletion.

This paper investigates the two factors that contributed to the consecration of Vasyl Barka and his quasi institutional instalment as a pollinating witness. It thus examines the origin and foundation of the pollinating power indisputably conveyed in the testimonial narrative The Yellow Prince, with the presence of an intrinsic pollinating agent; it then highlights the literary, historical and ideological contexts surrounding the reception of this narrative devoted to the Great Ukrainian Famine, which marked the beginning of Vasyl Barka’s testimonial career with the presence of an extrinsic pollinating agent. The paper then shows how The Yellow Prince fertilizes the literary works devoted to the Holodomor, how testimonies on the massacre move not only from one text and one era to the other, but also from one area of knowledge to the other. Indeed, this omnipresent and almost inevitable hypotext constitutes the basis of the spectrum of motives to be found in the corpus, all literary genres taken into account., Il s’agit de s’interroger sur les deux facteurs qui ont contribué à la consécration de Vassyl Barka et à l’instauration quasiment institutionnelle de son statut du témoin pollinisateur. Pour ce faire, d’une part, nous nous penchons sur l’origine et le fondement du pouvoir de pollinisation dont son récit testimonial, le Prince jaune, est incontestablement porteur (cas de l’agent pollinisateur intrinsèque) ; et, d’autre part, nous mettons en lumière les contextes littéraire, historique et idéologique de la réception de ce récit sur la Grande Famine ukrainienne, réception particulière qui propulseVassyl Barka dans une carrière testimoniale (cas de l’agent pollinisateur extrinsèque). Nous montrons ensuite comment le récit de l’écrivain fertilise les œuvres littéraires consacrées au Holodomor, comment les témoignages sur le massacre que contient le Prince jaune passent non seulement d’un texte à un autre, d’une époque à une autre, mais aussi d’un domaine de savoir à un autre. En effet, cet hypotexte omniprésent et quasiment obligé constitue le fondement du répertoire des motifs étudiés à l’intérieur d’un corpus d’œuvres littéraires, tous genres confondus.

Dans notre étude, nous voudrions proposer une lecture du roman d'Aharon Appelfeld, Le Garçon qui voulait dormir, à travers le prisme des réflexions et des méditations, qui se situent à la frontière du littéraire et du philosophique, qu’entreprend Pascal Quignard. Notamment quand il s’interroge sur les liens qui se nouent entre l’errance, le rêve et l’écriture. Car l’errance nous paraît être un des points de rencontre important entre ces deux écrivains, même si leurs parcours existentiels et artistiques sont très différents. Chez Quignard, l’errance se décline sous deux modalités spéculaires essentielles : celle de la destinerrance des personnages qui manquent leur destination (dans ses récits de fiction), et celle la destinerrance du lecteur (dans ses essais). Car, pour lui, la lecture est une expérience nomade, une errance spatio-temporelle, mais surtout linguistique et spirituelle : une errance à travers les lettres, les mots et les âmes de l’homme. Nous pensons que leur dialogue imaginaire pourrait porter essentiellement sur ce qu’il en est de l’origine de la création littéraire, compte tenu de ses liens avec le trauma de l’expulsion, du déplacement, de la séparation du corps maternel. Thématiques et motifs que Pascal Quignard développe notamment dans un livre, La Vie n’est pas une biographie (2019), titre qui aurait certainement eu une résonance pour Appelfeld.

When one examines the biographical notices included in the forewords of Guy de Maupassant’s works published in the Soviet Union, one can see that they set up images of the author which nowadays look quite like a caricature. This leads us to show, firstly, how some significant parts of Maupassant’s life are highlighted, while others are sweetened, or even hushed up, not to say censored. Indeed it is possible to talk about a specific Soviet editorial strategy, since, through the choice of material and the way this is used, it leads to build an image of the biographed person which is rather the celebration of a myth than the result of historical investigation. This process of a mythologisation of the writer is all the more interesting since it takes its sources in an ideological substratum which is independent of the literary field, and that it has politically and culturally “correct” aims. Then we shall make an inventory of the constitutive elements of these myth biographies, and decide how they appear more like mythologemes than biographemes and to see how, little by little, they build a robot portrait of a Maupassant turned into a “homo sovieticus”. This way of posing the problem leads us, of course, to ask ourselves about the didactical function of this epidictic discourse that borrows its discourse figures from the myth., En examinant les notices biographiques que contiennent les préfaces des œuvres de Guy de Maupassant publiées en URSS, on remarque qu’elles élaborent des images de l’écrivain qui nous paraissent, aujourd’hui, fort caricaturales. Ce constat nous amène à montrer, dans un premier temps, comment sont mis en exergue certains fragments significatifs de la vie de Maupassant, alors que d’autres sont édulcorés, sinon passés tout simplement sous silence, pour ne pas dire censurés. En effet, on peut parler de stratégie éditoriale soviétique spécifique, tant celle-ci, par le choix de ses matériaux et le traitement qu’elle en fait, aboutit à édifier une figure du biographé qui tient plus de la célébration d’un mythe que de l’enquête historique. Ce processus de mythologisation de l’écrivain est d’autant plus intéressant qu’il prend ses sources dans un substrat idéologique hétéronome au champ littéraire, et qu’il se donne des objectifs culturellement et politiquement « corrects ». Dans un second temps, il s’agira pour nous de faire un inventaire des éléments constitutifs de ces mytho-biographies, de décider dans quelle mesure ils apparaissent plus comme des mythologèmes que des biographèmes, et de voir comment ils construisent peu à peu le portrait-robot d’un Maupassant, « homo sovieticus ». Poser le problème en ces termes, aboutit, bien évidemment, à nous interroger sur la fonction didactique de ce discours épidictique qui emprunte ses figures de discours au mythe.

Dans la présente étude, notre objectif est de mettre en lumière les dispositifs éditoriaux, critiques et médiatiques, qui ont ordonnancé la réception d’Émile Zola. Ce geste analytique et cette geste, pourrait-on dire, qui mettent en perspective autant l’œuvre que l’homme sont apparus dès la création de l’URSS. Mais ils connaîtront, plus particulièrement, un essor après la Seconde Guerre mondiale ; on peut considérer, en effet, cette période comme celle de la consécration de l’écrivain français auprès de la grande masse des lecteurs soviétiques. Pour réaliser un tel objectif, le choix d’une méthodologie historique s’impose, on le comprendra aisément. Ainsi, nous exposerons les conditions et les effets induits de l’introduction de l’œuvre zolien durant les premières années soviétiques, introduction qui est concomitante à la constitution des fondements de la critique littéraire soviétique. Au-delà des considérations sur les aspects idéologiques inhérents à une telle réception, il nous a semblé opportun de nous interroger aussi sur le fonctionnement de l’héritage zolien, plus particulièrement en russe, durant cette période de rupture qui se situe entre l’avant et l’après de la Révolution bolchévique. Ces prolégomènes nous conduiront à définir les modes et les dispositifs idéologiques, critiques et éditoriaux de la consécration de Zola en URSS à l’époque d’après-guerre.

L’article expose les résultats de l’analyse de la visibilité-invisibilité des écrivaines ukrainiennes à partir du fonctionnement de deux modèles narratifs rendant compte de la consécration de certaines femmes : d’une part, un modèle fondé sur la construction d’un récit historique représentant l’ activité des femmes de lettres, et montrant que la visibilité publicisée et légitimée (culturellement, idéologiquement, socialement) d’une auteure aboutit à tirer un voile sur d’autres écrivaines tout aussi actives à l’époque considérée; d’autre part, un modèle fondé sur la construction d’un récit biographique d’une individualité envisagée dans sa singularité, narration souvent héroïco-hagiographique, qui met en scène la prégnance et la visibilité de certains bio- narrathèmes à l’exclusion de certains autres.

ISBN : 9782343161761; International audience

The article deals with the various reasons and strategies which have governed the output of the new translations of Gustave Flaubert’s works in the USSR. So the question is first to re-build series of interpretations (series traductives) of the re-translations of Gustave Flaubert’s works, both into Russian and Ukrainian, that is to say, into the two major languages in which the French writer’s texts were published in this multi-national territory. To do so, a short account of the premisses of the reception of Flaubert’s writings in both cultures is sketched. Then the ways and means, both quality and quantity-wise, used by publishers and translators to introduce the œuvre of the author in the USSR, particularly through the new translations, are revealed. The translation of Flaubert’s heritage in the USSR met with evolutions and changes of direction which can be defined by describing three stages that follow and generate each other ; these are the intention phase, the naturalization phase and the consecration phase. Such an approach makes it possible to study, both diachronically and synchronically, the adjustment of the transferring of Gustave Flaubert’s works in a country where the soviet ideology was dominant. And finally the poetical and political implications of the new translations which took part in the reception of Gustave Flaubert, not only in the remote past, but mostly in the present times as well, are explained., L’article porte sur les différentes raisons et stratégies qui ont présidé à la production des retraductions des œuvres de Gustave Flaubert en URSS. Ainsi s’agit-il, dans un premier temps, de reconstruire des séries traductives des (re)traductions des œuvres de Gustave Flaubert en russe et en ukrainien, c’est-à-dire, dans les deux langues principales dans lesquelles les textes de l’écrivain français ont paru sur ce territoire multinational. Pour ce faire, une courte histoire des prémices de la réception des textes flaubertiens dans les deux cultures respectives est esquissée. Dans un deuxième temps, sont mis à jour les procédés et les procédures, autant quantitatives que qualitatives, dont les éditeurs et les traducteurs soviétiques usent pour introduire l’œuvre de Gustave Flaubert en URSS, notamment à l’aide des retraductions. La traduction de l’héritage flaubertien en URSS connaît des évolutions et des bifurcations que l’on peut délimiter par la description de trois phases qui se suivent et s’engendrent mutuellement, à savoir celles de l’intention, de la naturalisation et de la consécration. Une telle approche permet d’étudier, en diachronie et en synchronie, les modulations du transfert des œuvres de Gustave Flaubert dans un pays où dominait l’idéologie soviétique. Enfin sont exposées les implications poétiques et politiques des retraductions qui ont participé à la réception de Gustave Flaubert non seulement dans des époques révolues, mais, aussi et surtout, dans notre présent., Статтю присвячено виокремленню чинників і стратегій, котрі посприяли появі в СРСР ретрансляцій творів Ґюстава Флобера. Радянські ретрансляції текстів французького письменника впорядковано у дві різномовні традуктивні серії – російську та українську, тобто переклади, створені мовами, якими Флоберові твори найбільше друкувалися на території багатонаціональної держави. Для цього подано стислу історію рецепції флоберівських текстів у двох культурах. У висліді переклад творчого доробку Флобера представлений як такий, що відбувається й розвивається у три періоди – фазу інтенції (або наміру перекладати), фазу натуралізації (або засвоєння перекладів) та фазу консекрації (або посвячення перекладачів). Виокремлено чинники творення нових варіантів перекладу творів французького класика, з’ясовано експліцитні та імпліцитні мотивації їх появи, висвітлено генезу стратегій перекладачів, окреслено вплив на них як творчих, так і ідеологічних факторів. З’ясовано модуляції радянських ретрансляцій у синхронічному й діахронічному вимірах, виведено їх типологію, яка випливає з чинників появи нових перекладів.

The article deals with the realization of the meaning of the concepts „the manifoldness of the translations„ and „ the iteration of the translation„ on example of the Ukrainian and Russian retranslations of the G. Flaubert’s novel „Madame Bovary„. We stressed on the factors of the creation of the new readings of the French classic novel’s translation. We analyzed the explicit and the implicit motivations of their appearance. We showed the genesis of the strategy of the translators. We outlined the influence on them of the creative, ideological, publishing and commercial and other factors. We made the series of the translations of the novel „Madame Bovary„ into two different sйries traductives. We studied their modulations in the synchronic and diachronic spaces. We discovered the typology of the relaying’s novel, which the factors of their appearance. The following conclusions are drawn about the action, which iteration of the translation makes into the reception of the foreign language literature work by other culture recipient., Статтю присвячено осмисленню змісту концептів “множинність перекладів” та “ітеративність перекладу” на прикладі українських і російських ретрансляцій роману Ґ. Флобера “Пані Боварі”. Виокремлено чинники творення нових варіантів перекладу твору французького класика, з’ясовано експліцитні та імпліцитні мотивації їх з’яви, висвітлено генезу стратегій перекладачів, окреслено вплив на них як творчих, так і ідеологічних, видавничо-комерційних та ін. факторів. Вибудовано низки перекладів роману “Пані Боварі” у дві різномовні традуктивні серії, з’ясовано їх модуляції в синхронічному й діахронічному вимірах, виведено типологію ретрансляцій роману, яка випливає з чинників їх появи. Зроблено висновки про дію, яку ітеративність перекладу здійснює на рецепцію чужомовного художнього твору іншокультурним сприймачем.

The article deals with the series of the G. Flaubert’s novels translations „Madame Bovary” and „ Salammbô” in Russian and in Ukrainian, which had a status of the translations of reference in the Soviet literature space. We studied the most important conditions of the translator’s activity in the process of the consecration of the translations. We outlined the translated posture of theirs authors. We studied the influence, which the translator’s consecration and canonization execute on the reception of the G. Flaubert’s works in Russian and Ukrainian., L’objectif de la présente étude consiste, d’abord, à repérer, dans les séries traductives des œuvres de G. Flaubert en ukrainien et en russe, celles qui, dans l’espace littéraire soviétique, se sont imposées/ont été imposées comme des traductions de référence. Ensuite, nous serons amenée à mettre à jour les conditions et les réquisits qui ont prévalu dans le processus de leur consécration, et à décrire la posture traductive de leurs auteurs. Enfin, nous nous interrogerons sur l’impact et l’influence que la consécration et la renommée d’un traducteur peuvent exercer sur la réception des œuvres flaubertiennes traduites en russe et en ukrainien., Із традуктивних серій україномовних і російськомовних перекладів флоберівських романів “Пані Боварі” та “Саламбо” виокремлено тексти, які в радянському літературному просторі набули статусу офіційно-зразкових (канонізованих) перекладів. Висвітлено умови та обов’язкові складові перекладацької діяльності, які найбільше важили у процесі консекрації перекладів, окреслено традуктивні позиції їх авторів. З’ясовано, як явища посвячення та канонізації перекладача впливають на рецепцію творів Флобера російською та українською мовами.