Search

Depuis quelques decennies, l’action sociale se refere a une novlangue construite sur la base d’une pensee unique et a dominante liberale. Un langage qui illustre egalement de nouveaux modes de gestion des institutions et de management des acteurs professionnels. Ce choix d’un modele entrepreneurial de l’action sociale poursuit avant tout un objectif d’economie de la depense publique, tout en maintenant, de la part de l’Etat, un controle sur la definition et la gestion de la question sociale. Le salarie doit des lors repondre a des criteres de competence, d’employabilite ; l’adequation qualification individuelle et qualification du poste n’est plus centrale. Le secteur social et medico-social connait une desaffection des nouvelles generations d’etudiants. D’ou, le constat d’un affaiblissement de l’autonomie professionnelle et des metiers en acte, correle a une logique d’execution de tâches s’inscrivant dans l’exigence de la gestion du temps et de la rationalite de l’acte professionnel. L’uberisation de l’emploi, la precarite salariale et l’interim s’intensifient.

L’histoire du travail social s’est initialement réalisée sur la base du bénévolat et de l’action de pionnier qui ont décidé d’aider les plus démunis. Après cette période de construction, et grâce à la montée en puissance de la profession de travailleur social et du fait de l’affirmation de la formation, elle s’est rapidement professionnalisée. Enfin, le travail social s’est institutionnalisé (l’entrée en institution se fait grâce à la constitution de la protection sociale et des modes de financements et de répartition qui y sont associés). Depuis déjà quelques années, l’action sociale se désinstitutionnalise au point de pénétrer le domicile et d’organiser de nouvelles modalités de prises en charge. Le but ultime étant de mieux répondre aux logiques de proximité et de décentralisation qu’imposent les territoires, mais aussi, de répondre à l’émergence des demandes d’aides des populations et individus en difficultés sociales, handicapées ou âgées. Cette désinstitutionnalisation modifie les organisations, fragmente les collectifs de travail et donne un nouveau rôle à l’usager. C’est à ces altérations que l’article est consacré. Historically, social work started off on a basis of charity work and the action of pioneers who decided to help the destitute. Following this period of construction, with confirmation of the need for training, social work was rapidly professionalised. Finally, social work was institutionalised (gaining official standing with the development of the social protection system and related funding and distribution arrangements). But for a few years now, social services and social work have been de-institutionalised to the point where they enter the home and organise new modes of care. The ultimate aim being to better address the rationale of greater proximity and decentralisation required by regional and local authorities, but also to respond to emerging requests for help on the part of communities and individuals, those in social difficulties, the handicapped and the elderly. This de-institutionalisation modifies organisations, fragments work collectives and gives a new role to those using the service. This article examines these changes.

La gouvernance actuelle transforme en profondeur l’exercice des metiers de l’intervention sociale, a travers une approche des problemes des usagers de type liberal et a travers des modes de management qui operent une mutation des anciennes institutions sociales et medico-sociales en organisations d’action sociale. Les intervenants sociaux voient leur degre d’autonomie professionnelle se reduire et se localiser principalement dans le face-a-face avec l’usager.

La France et le Québec ont une longue histoire d’intérêt réciproque pour leurs façons d’aborder la protection de l’enfance. D’abord axé sur les politiques, cet intérêt s’est ensuite déplacé sur les dispositifs et les pratiques développés pour répondre aux besoins des jeunes et de leurs familles. Ce texte s’inscrit en continuité avec cet intérêt en s’attardant à la place accordée à l’évaluation des pratiques dans chaque contexte. Il présente les résultats d’une démarche de recherche collaborative et comparée sur le déploiement de l’évaluation des pratiques (programmes, activités, services) dans le secteur de la protection de l’enfance en France et au Québec., France and Quebec share a long history of mutual interest in the child welfare services. Initially centered on the policies, this interest has shifted towards the professional practices designed to meet the needs of children and families, and towards research activities. This article focuses on evaluation practice set forth in both countries. It presents a comparative analysis between France and Quebec of the evaluation of practices (projects, programs, activities) in child welfare services.

National audience

A l’evidence, les transformations qui affectent aujourd’hui le secteur social et medico-social vont dans le sens d’un alourdissement des contraintes qui pesent sur l’exercice professionnel et sur le fonctionnement des organisations d’action sociale. Est-ce pour autant que l’autonomie (relative) des intervenants sociaux et des organisations aurait disparu ? Le present article cherche a conjuguer et articuler autonomie et heteronomie, dans une approche qui vise d’une part a preciser les orientations de la gouvernance neoliberale et ses effets, et d’autre part a mettre en evidence la persistance des manieres specifiques de penser et d’agir chez les intervenants sociaux, ainsi que leur capacite a resister aux injonctions de la gouvernance ou a les contourner.

International audience

International audience; Today, there is a broad consensus within the scientific community and more widely within society, that evaluation is present everywhere, in all public or private sectors of activity and within the entire civil and wage society. It is important to remember that these two terms or concepts of participation and evaluation are old. Furthermore, the practices of evaluation and participation, long-standing and repeated on the occasion of the multiple reforms, the evolution of social policies and projects in health, social and medico-social institutions, reveal significant issues that deserve to be exposed and discussed. Often, scientific disagreements or controversies arise from a lack of clarification or imprecision in their definition. Through this journal, we wish to reflect on and propose to go beyond this entrenched conception, the result of isolated and fragmented approaches. Indeed, asking the question of their articulation, their entanglement or their imbrication, both at the level of ideas and practices, which is our starting hypothesis and which animates us in this issue of the journal “Pensée Plurielle”, makes it possible to work on different and central issues for public action, for health and social democracy, and also for the institutions and professionals of concerned sectors. It is no longer possible not to reflect on the necessary and possible articulations between these two notions coming from universes of thought with distinct theoretical, practical and cultural underpinnings, and for this reason, it seems to us necessary to engage in a reflection allowing to open minds and practices towards a strong meshing of these two notions , so that a real closure of the evaluative or participative processes is henceforth conceived and integrated by the institutions or the public policies so as to guarantee the empowerment of involved persons; Aujourd’hui, il y a un large consensus au sein de la communauté scientifique pour dire que l’évaluation est présente partout, dans tous les secteurs d’activités, publics et privés, et au sein de la société civile et salariale toute entière. Il est important de rappeler que ces deux notions de participation et d’évaluation sont anciennes. Les pratiques d’évaluation et de participation, anciennes et répétées à l’occasion des multiples réformes, de l’évolution des politiques sociales et projets dans les institutions sociales et médico-sociales, révèlent des enjeux conséquents qui méritent d’être exposés et discutés. Souvent, les désaccords ou controverses scientifiques proviennent d’un manque de clarification ou d’une imprécision dans leur définition. Nous souhaitons, dans le cadre du dossier thématique, réfléchir et proposer de dépasser cette conception ancrée, fruit d’approches isolées et parcellaires. En effet, poser la question de leur articulation, leur intrication ou encore de leur imbrication, tant au niveau des idées que des pratiques, ce qui est notre hypothèse de départ et qui nous anime dans ce numéro de la revue Pensée plurielle, permet de travailler des enjeux d’ordre différents et centraux pour l’action publique, pour la démocratie sanitaire et sociale et pour les institutions et les professionnels des secteurs concernés. Il n’est plus possible de ne pas réfléchir aux articulations possibles et nécessaires entre ces deux notions en provenance d’univers de pensées aux soubassements théoriques, pratiques et culturels distincts, et de ce fait, il nous semble nécessaire de s’engager dans une réflexion permettant d’ouvrir les esprits et les pratiques vers un maillage fort de ces deux notions de manière à ce qu’un véritable bouclage des processus évaluatifs ou participatifs soit désormais conçu et intégré par les institutions ou les politiques publiques de manière à garantir l’émancipation des personnes.