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International audience

Byron utilisa le masque de Dante pour commenter la situation politique et culturelle de l’Italie et de l’Europe en 1821 dans sa Prophecy of Dante, dans laquelle il imagine le poète présageant l’avenir de sa ville natale et de l’Italie jusqu’au XIXe siècle. Le texte byronien fut traduit dans la même année 1821 en italien, puis en français et en allemand. On évoque ici les différentes interprétations du dantesque revu par et à travers Byron, ainsi que les usages politiques de ce Dante romantisé et byronisé.

In his ‘Life of Columbua’, written at the end of the VIIth century, Adomnan relates almost a hundred prophecies of the saint (521-597). He foretold some future events, but mostly he announced imminent or simultaneous events which were happening elsewhere.His prophecies concern four principal spheres: functions and life of the monks (receptions of peregrins, monk’s career); penance and death; material life of the monks (security of the navigation, illness, food) and political events (kings’ destinies, battles).Portraying Columba as a great prophet, Adomnan emphasizes the saint’s prestige beyond the monastery of Iona and his time., Dans sa «Vie de Columba», écrite à la fin du VIIe siècle, Adomnan rapporte près d'une centaine de prophéties du saint (521-597). Il a prédit certains événements futurs, mais a avant tout annoncé des événements imminents ou simultanés qui se produisaient ailleurs.Ses prophéties concernent quatre domaines principaux : les fonctions et la vie des moines (réceptions de pélerins, carrière de moine); La pénitence et la mort ; La vie matérielle des moines (sécurité de la navigation, maladie, nourriture) et les événements politiques (destinées des rois, batailles).Avec ce portrait de Columba en tant que grand prophète, Adomnan met l'accent sur le prestige du saint au-delà du monastère d'Iona et de son temps.

National audience; Désigner ce qui rapproche – et éloigne – l’astrologue au talent limité Johann Grünbach, attesté pour la première fois en 1468, mort en 1503, qui prit le nom du château de Lichtenberg où il fut actif quelque temps, du médecin et théoricien controversé, mais à l’ambition intellectuelle bien différente, Theophraste Hohenheim (1493–1541), qui lui aussi abandonna son premier patronyme au profit de Paracelse, n’est pas chose aisée. Que tous deux aient écrit une Pronosticatio, ad viginti annos duratura en 1488 pour Lichtenberger, ou ad vigesimum quartum usque annum duratura en 1536 pour Paracelse – qui s’était fait auparavant le meilleur critique de la première –, en donne un intéressant indice. Car entre ces deux pronostications, il semble bien qu’en dépit d’une indéniable continuité s’opère un véritable basculement, symptomatique du passage du Moyen Âge à la Renaissance. Pour bien comprendre celui-ci, il faut connaître la tradition des pronostications médiévales et reconnaître le caractère scientifique de la méthode astrologique « scolastique » pour percevoir la nouveauté radicale de la conception du savoir qui se met en place entre Lichtenberger et Paracelse et pour comprendre à quel point celle-ci est liée à la maîtrise d’un outil nouveau du savoir, l’imprimerie. C’est ce à quoi s’attache cette présentation, certes sans prétendre épuiser le sujet, mais en s’attardant tout particulièrement sur le contexte historique, intellectuel et technique.

Who was never taken aback by seeing human beings look away from a difficult, rational, boring or mad reality, in order to escape toward more exciting horizons by some readings, practices or encounters able to stimulate an imagination which is populated by more pleasant and heady wild dreams? We have been more than once, all the more through eighteenth cultural century study case, particularly in its last quarter. During that crucial moment, the transition point to the nineteenth century, France and Europe embraced the rise of rational and scientific age, whose political content bring up an historic progression to an overthrow of the Throne and the Church. The main thing is to moderate that picture often presented as the result of the unequivocal speech of the Age of Enlightenment. The need of believe which drive on all the human beings was exacerbated, pursued to an unsuspected stage, by the coolness and the insensibility of a philosophical materialism, devoid of fabulous and irrational. Spontaneous and impassioned reactions, passions for phenomenon like miraculous cures, Illuminism or prophecies, can't be banished of an unsettling period, due to the existence of the unexpected but real cohabitations and imbrications.; Qui n'a jamais été interpelé par la faculté que peuvent avoir les hommes de se détourner d'une réalité difficile, rationnelle, ennuyeuse ou dénuée de sens, pour s'évader vers des horizons plus exaltants à travers des lectures, des pratiques ou des rencontres capables de stimuler une imagination peuplée de chimères plus agréables et enivrantes ? Nous l'avons été à plus d'une reprise, et a fortiori dans le cadre d'une étude portant sur l'histoire culturelle du XVIIIe siècle, notamment dans son dernier quart. Dans ce moment décisif que fut le tournant des Lumières, la France et l'Europe assistent à l'avènement supposé d'un âge rationnel et scientifique, dont la teneur politique évoque une transition historique vers un renversement revendiqué du trône et de l'autel. Il est absolument essentiel de nuancer un tableau trop souvent présenté comme fruit d'un discours univoque en lien avec l'héritage de la pensée des philosophes. Le besoin de croire des hommes, fut exacerbé, poussé à un point insoupçonné, par la froideur et l'insensibilité d'un matérialisme philosophique qui manquait de merveilleux et d'irrationnel. Réaction spontanée et exaltée, l'engouement pour les guérisons miraculeuses, l'illuminisme ou les prophéties ne peut être banni d'une période si troublante par ces inattendues et pourtant réelles cohabitations et imbrications.

International audience

Ouvrage publié sous la direction de Amadeo López & Béatrice Ménard. Actes du 4e colloque international organisé par le GRELPP à l'Université Paris-Nanterre du 25 au 27 mars 2010. - Textes en français et en espagnol.; International audience; S'inscrivant dans le cadre d'une poétique fondée sur les interférences entre le réel et toutes les formes de fiction, le rapport entre les rêves et la réalité est l'un des thèmes privilégiés par l'écrivain espagnol José María Merino (La Coruña, 1941), depuis ses premières productions romanesques à l'aube des années quatre-vingts. Plus encore, c'est sur cette seule et même question qu'il allait faire reposer "Las visiones de Lucrecia" (1996), un roman qui s'offre comme une chronique de l'existence de Lucrecia de León (1567- ?) et comme une approche de cette personnalité extraordinairement rêveuse, visiblement prophétique, pour certains diabolique. Consacrée à cette œuvre, l'étude s'intéresse en priorité aux modalités narratives par lesquelles l'écrivain parvient à signifier l'intensité de l'activité onirique de sa protagoniste, et à en montrer les incidences sur la personne de cette dernière. On expose comment José María Merino procède à une recréation fort concrète des rêves de son personnage, rêves dont l'ensemble en vient à constituer un métarécit qui, lorsqu'il n'expose pas les désirs et les pulsions les plus secrètes de la jeune femme, joue du contrepoint avec la réalité historique de son temps, également recomposée. Cette œuvre est d'autant plus intéressante pour nous qu'on peut aussi y lire les interprétations, pas toujours convergentes, que les rêves de Lucrecia de León suscitèrent dans son entourage. Il est clair qu'il s'agissait pour le romancier de donner à percevoir l'esprit d'une époque à travers cette œuvre, tout en permettant à son lecteur de voir dans les visions cauchemardesques de l'héroïne une parabole des temps actuels...

Ce texte entreprend une clarification de la notion de "signaux faibles" utilisée dans le domaine des risques et souvent étendue à toutes sortes de phénomènes. L'enjeu de cette clarification est crucial dans une période de prolifération des signes et de multiplication des alertes et des controverses, notamment en matière de risques sanitaires et environnementaux. Le papier propose de substituer à la vision inspirée de signes précurseurs la prise en compte de processus de convergence (ou de divergence) entre des séries de signes appréhendés sur la longue durée. Cette approche permet de clarifier du même coup les différents modèles de "vision du futur" en jeu dans la construction collective des dangers et des risques

International audience; La3amon reste un mystère. Il loue les Bretons avec des vers fortement influencés par la poésie vieil-anglaise. Il est visiblement anti-normand alors qu'il traduit le poème de Wace en langue française. Son poème se veut chronique historique et la parataxe qui domine très nettement donne une impression (fausse) de continuité naturelle de l'action de génération en génération. Or, le temps du récit est perturbé dès que le merveilleux fait intrusion dans la réalité. Plusieurs personnages surnaturels (Diane ou Teilesin par exemple) introduisent ainsi brutalement le futur dans le présent par le biais de prémonition ou de la prophétie. Mais le plus surprenant est l'usage du passé pour affirmer le futur par le biais du personnage, présenté comme historique, de Merlin. La prescience du prophète élimine tout suspense au récit et le lecteur découvre une fatalité à laquelle il est impossible de se soustraire, une conception providentialiste de l'histoire : tout est programmé d'avance. La3amon nous prouve avec tous les descendants d'Aurélien que Merlin ne se trompe pas. Il peut alors élargir son propos et nous faire comprendre que le sort d'Albion dépend de ce qui s'est joué dans son passé, que son avenir est scellé : Arthur, dont on a pu admirer les multiples qualités, reviendra faire triompher la cause du Christ pour le plus grand bonheur des Bretons.

Ce texte entreprend une clarification de la notion de "signaux faibles" utilisée dans le domaine des risques et souvent étendue à toutes sortes de phénomènes. L'enjeu de cette clarification est crucial dans une période de prolifération des signes et de multiplication des alertes et des controverses, notamment en matière de risques sanitaires et environnementaux. Le papier propose de substituer à la vision inspirée de signes précurseurs la prise en compte de processus de convergence (ou de divergence) entre des séries de signes appréhendés sur la longue durée. Cette approche permet de clarifier du même coup les différents modèles de "vision du futur" en jeu dans la construction collective des dangers et des risques

Etude de réfugiés huguenots à Londres après la guerre des Camisards et de leur intégration dans la société anglaise

Les écrits prophétiques antiques n'ont pas été transmis sous forme de collections textuelles organisées ; le terme de « collection » peut toutefois être retenu pour désigner des anthologies prophétiques, composées par des collectionneurs, à partir de la fin du XIIIe siècle. Cette constatation est appuyée par une analyse de la circulation des Revelationes du pseudo-Méthode, écrit prophétique le plus répandu au Moyen Age. L'examen des contenus associés à cette « apocalypse » byzantine dans 76 manuscrits antérieurs au XIVe siècle ne révèle que deux cas de proto-collections. Dans quelques manuscrits mérovingiens et carolingiens, les Revelationes sont associés à un écrit de même genre attribué à Ephrem le Syriaque. Seul un groupe de manuscrits cisterciens allemands du XIIe siècle procède à des associations comparables. Les autres contextes de diffusion du pseudo-Méthode sont également examinés, en soulignant notamment l'importance du voisinage de textes géographiques.La seconde partie de l'article s'intéresse à la genèse des « collections prophétiques » au XIIIe siècle, autour d'un noyau formé par les écrits de Joachim de Fiore. On peut distinguer trois stades : l'édition des oeuvres authentiques produite par des milieux florensiens et cisterciens est diffusée dès les premières décennies du XIIIe siècle ; à partir des années 1240, s'y ajoutent des écrits pseudépigraphes produits dans le contexte du conflit avec Frédéric II ; finalement, dans les dernières décennies du siècle, des collections rassemblent des écrits de provenances plus variées, mais toujours autour d'un noyau joachimite plus ou moins consistant. Cette formule caractérise l'essor des « collections prophétiques » à la fin du Moyen Age, dont le Libellus de Télesphore de Cosenza ou les sources employées par Jean de Roquetaillade offrent de bons exemples.

RésuméL’article tente de suivre la conversion progressive des jansénistes à ce qu’ils refusaient avec la dernière énergie au XVIIe siècle : le millénarisme. Cette trajectoire du mouvement qui constitue sans doute l’un des fils conducteurs les plus continus de son histoire se déroule (non sans contestations internes au parti janséniste) en plusieurs étapes. Elles représentent autant de formes particulières du millénarisme qui encadrent à chaque fois des ouvertures au siècle et des accommodements avec lui. Comme si les jansénistes avançaient à reculons, en quelque sorte, en reprenant des cadres eschatologiques traditionnels pour conjurer des concessions à la modernité qu’ils sont amenés à faire. La propre conversion postrévolutionnaire de l’abbé Grégoire au millénarisme janséniste illustre parfaitement, une fois de plus, la manière de continuer à refuser le monde tel qu’il se développe tout en s’y adaptant.

This chapter analyses the printed reactions to Thomas Venner's January 1661 insurrection in the City of London that were published within days or weeks of the events. It is proposed that this Fifth-Monarchy rebellion was of paramount importance for the future of dissent in Restoration England but a careful study of the rhetorical war that the opposition waged in the press is still lacking. Particular attention is here given to 1) the type of discourse that was being experimented with to counteract the prophetical writings of future dissenters, 2) the confusion orchestrated by the governement between " Anabaptists " and all religious or political dissenters and 3) the role and representations of the female Fifth Monarchists., Ce chapitre propose une étude de l'ensemble des réactions à l'insurrection du prophète Thomas Venner à Londres, en janvier 1661, qui ont été imprimées dans les jours et les semaines qui suivirent l'événement. On prétend souvent que cette rébellion quinto monarchiste fut d'une importance capitale pour le futur de la dissidence pendant la Restoration anglaise, mais une étude des stratégies mises en place par l'opposition dans la presse n'a jamais été entreprise. Nous nous attachons ici à analyser le discours en réponse aux prétendues prophéties des futurs dissidents, la façon dont le gouvernement a orchestré un confusion entre les " Anabaptistes " et toutes les autres formes de dissidence religieuse et politique et le rôle et les représentations des femmes dans la Cinquième Monarchie.

Several Byzantine historians suggest the existence in the Imperial Library of Constantinople, of secret books , sometimes called "sibylline", containing oracles, with images, about the future emperors and the destiny of Constantinople, sometimes up the end of the world. Byzantine sources also provide us with many oracles or prophecies, isolated or grouped. Many of these groups of oracles are attributed to Emperor Leo VI the Wise (886-912), which earned them the name Oracula Leonis. Some manuscripts for these oracles with their illustrations (often fantastic beasts) have survived. I try first to identify, date and present groups of oracles attributed to Leo, and the various interpretations they have received along the times (each time identifying the prophesied emperor according to its political agenda) . Then I focus my attention on two particularly important classes of oracles from the fourteenth century: those who evoke the poor Emperor and those who evoke the end of Constantinople. Finally, I examine the fate of Oracula Leonis in two cultural areas: Byzantium at the time of the taking of the city by the Turks, and in the following centuries (the oracles no longer then understood as announcing the latest Greek emperors and fall of the empire, but the last Ottoman sultans and the liberation of the empire), and in the West where, quickly translated into Latin, they unleashed two historical-eschatological myths: that of the angelic Pope (through Vaticinia de summis pontificibus attributed to Joachim of Fiore) and that of the petrified Emperor ., Plusieurs historiens byzantins évoquent l'existence, dans la Bibliothèque impériale de Constantinople, d'ouvrages secrets, parfois nommés "sibyllins", contenant des oracles, accompagnés d'images, portant sur les empereurs futurs et les destinées de Constantinople, parfois jusqu'à la fin du monde. Les sources byzantines nous fournissent aussi de nombreux oracles ou prophéties, isolés ou regroupés. Plusieurs de ces groupes d'oracles sont attribués à l'empereur Léon VI le Sage (886-912), ce qui leur vaut le nom d'Oracula Leonis. Certains manuscrits portant ces oracles accompagnés de leurs illustrations (souvent des bêtes fantastiques) sont parvenus jusqu'à nous. Je tâche premièrement de recenser, de dater et de présenter les groupes d'oracles attribués à Léon, ainsi que les interprétations diverses qu'ils ont reçues au cours de l'histoire (chaque époque identifiant les empereur prophétisés en fonction de ses préoccupations politiques). Puis je focalise mon attention sur deux catégories d'oracles particulièrement importants à partir du XIVe siècle: ceux qui évoquent l'Empereur pauvre et libérateur et ceux qui évoquent la fin de Constantinople. Enfin, j'examine la destinée des Oracula Leonis dans deux aires culturelles: à Byzance au moment de la prise de la Ville par les Turcs et dans les siècles suivants (les oracles n'étant plus compris alors comme annonçant les derniers empereurs grecs et la chute de l'empire, mais les derniers sultans ottomans et la libération de l'empire), et en Occident où, rapidement traduits en latins, ils ont nourri deux mythes historico-eschatologiques: celui du pape angélique (par le biais des Vaticinia de summis pontificibus attribués à Joachim de Flore) et celui de l'empereur pétrifié.

International audience

L’abbé Curicque, curé bâtisseur soucieux de reconquête chrétienne, auteur des Voix prophétiques (1870-1872), est représentatif d’un catholicisme intransigeant hostile à la réconciliation de l’Église et des principes politiques de la modernité. Il est surtout soutenu par de nombreux esprits épris de surnaturel, composant une nébuleuse contre-révolutionnaire espérant une Apocalypse qui révélerait la gloire de Dieu. Abbot Curicque, parish priest and builder, worried about Christian reconquest, author of the Voix prophétiques (1870-1872), is representative of an inflexible Catholicism hostile to the reconciliation of the Church and the political principles of the modernity. He is mainly supported by numerous supernatural-loving spirits, composing a counter-revolutionary network hoping for an Apocalypse which would reveal the glory of God.

As the visionary Benedictine Hildegard of Bingen died in 1179, she left a great amount of writings and knew a fame of holiness which had largely developed when she was alive. After her death, her surroundings wanted to obtain the official acknowledgement of her sanctity, and Gregory IX (in a bull dated 27.I.1227) ordered the opening of an inquiry with her canonization in sight. But Hildegard's canonization did not succeed, despite two requests from Gregory IX and then one from Innocent IV in 1243. Different assumptions about this failure can be formulated, but the genuine reason of it escapes us.Nevertheless, Hildegard was considered afterwards as a saint, and a monk called Gebeno, from the Cistercian abbey of Eberbach, plaid a great part in it. In 1220 he made up a compilation of her prophecies out of their contexts and named it Speculum futurorum temporum.This Speculum knew a huge success, and in very different contexts -- especially in religious conflicts -- many writers leant on Hildegard as a supreme warrant of orthodoxy, repeating the formula set forth by Gebeno, papa libros ejus canonizavit.So this paper examins the reasons and consequences of using a verb with such a heavy meaning : at that time, it is more and more applied to persons, as the papal exclusiveness imposes itself in the field of official acknowledgement of holiness. In the particular case of Hildegard, the so-called papal approval of her books confered her prophecies, for posterity, a greater deal of orthodoxy, which durably counterbalanced the failure of the saint's canonization., A sa mort en 1179, la visionnaire Hildegarde de Bingen laissait un grand nombre d'écrits et jouissait d'une réputation de sainteté qui s'était développée de son vivant. Son entourage chercha à obtenir la reconnaissance officielle de sa sainteté, et le pape Grégoire IX ordonna par une bulle, en 1227, l'ouverture d'une enquête en vue de sa canonisation. Mais elle n'eut jamais lieu, malgré deux requêtes de Grégoire IX et une d'Innocent IV en 1243. On peut émettre des hypothèses sur cet échec, mais sa vraie raison nous échappe.Hildegarde fut néanmoins considérée comme une sainte, et un moine du nom de Gebeno, de l'abbaye cistercienne d'Eberbach, joua un grand rôle dans le développement de cette fama sanctitatis. Il composa en 1220 une compilation des prophéties de la nonne sorties de leur contexte qu'il baptisa Speculum futurorum temporum. Ce Speculum eut un grand succès, et dans des contextes tr ès différents, notamment lors de conflits religieux, de nombreux auteurs s'appuyèrent sur Hildegarde comme un garant suprême de l'orthodoxie, en reprenant la formule lancée par Gebeno, papa libros eius canonizavit.Cet article examine les causes et les conséquences de l'emploi d'un verbe si lourd de sens : à l'époque, il est appliqué de plus en plus aux personnes, et l'exclusivité pontificale s'impose en matière de reconnaissance officielle de la sainteté. Dans le cas de Hildegarde, la prétendue reconnaissance, par le pape Eugène III, de ses livres, lesta ses prophéties, aux yeux de la psotérité, d'un surcroit d'orthodoxie qui compensa durablement l'échec de sa canonisation.

International audience; La Bibliothèque Inguembertine de Carpentras conserve un important recueil, entièrement rédigé en catalan, de prophéties des XIVe et XVe siècles. Il s’agit d’un petit volume (203 x 144 mm) de deux cents folios en papier; sa reliure (214 x 146 mm) en bois et veau gaufrée présente encore deux fermoirs en cuivre ; les rubriques et les initiales sont en encre rouge ; l’écriture, d’une seule main, grande et claire, très soignée, semble de la seconde moitié du XVe siècle. Ce document est, en tout état de cause, postérieur à 1449 : la plus récente des prophéties qu’il contient, celle que nous publions aujourd’hui, est datée avec précision par son auteur anonyme du 6 novembre de cette même année. Restauré en dépit du bon sens, les pages de couverture originales du manuscrit manquent, ce qui rend difficile l’étude de son histoire. Pourtant, le problème de l’étrange parcours de ce registre catalan, échoué dans la bibliothèque d’un gros bourg du Comtat Venaissin, mérite d’être soulevé.

De 1730 à la Révolution, Paris devient la scène d'un surprenant spectacle: miracles et convulsions, bientôt cérémonies cruelles s'y donnent à voir en public, d'abord, puis dans le secret des assemblées sectaires. Depuis deux siècles, "l'œuvre des convulsions" intrigue et interroge ses témoins et ses historiens. Comment rendre compte de cette éclipse au sein des Lumières, du projet inouï de restaurer, dans la souffrance, et dans les larmes, le rêve de l'Eglise primitive? Le scandale a eu ses archivistes. Des dizaines de milliers de pages qu'ils nous ont gardées, Catherine Maire a tiré les pièces d'un dossier qui, refusant les interprétations réductrices, propose de lire dans cette énigme l'aventure contradictoire de chrétiens de la fin des temps.